INTERVIEW. Contactée par Batiactu, la députée LREM de la 10e circonscription de l'Isère, Marjolaine Meynier-Millefert, par ailleurs copilote du Plan de rénovation énergétique de l'habitat, a réagi au remaniement gouvernemental ainsi qu'à l'adoption définitive de la loi Elan.

Avec un ministère de la Cohésion des territoires élargi aux Relations avec les collectivités territoriales et une équipe renouvelée à la tête du ministère de la Transition écologique et solidaire, le remaniement gouvernemental a apporté son lot de (bonnes) surprises pour la députée LREM de la 10e circonscription de l'Isère, Marjolaine Meynier-Millefert. Egalement copilote du Plan de rénovation énergétique de l'habitat aux côtés d'Alain Maugard, président de Qualibat, la parlementaire est en charge de dossiers à-cheval sur les deux ministères, d'où son précédent appel à bâtir un "super-ministère" mêlant les problématiques du logement avec celles de l'aménagement du territoire et de la rénovation énergétique.

 

 

Mais la nouvelle composition du gouvernement n'est pas pour déplaire à Marjolaine Meynier-Millefert : "Je suis plutôt satisfaite de ce remaniement. C'est bien qu'on ne se précipite pas, qu'on prenne le temps de mener les réflexions qui s'imposent. Le ministère de la Cohésion des territoires est bien étoffé, avec une équipe efficace à sa tête : Julien Denormandie n'a pas démérité jusqu'à présent, donc je trouve cela positif qu'il ait été promu, et ce sur un périmètre augmenté. Quant à Jacqueline Gourault, elle connaît bien les territoires, il s'agit donc d'un signal fort envoyé aux collectivités. Enfin, Sébastien Lecornu est un symbole parlant : il témoigne des passerelles qui peuvent se construire entre les ministères en charge de l'écologie et du logement".

 

Deux ministères aux larges champs de compétences

 

Ceci dit, le fait que les ministères de la Transition écologique et solidaire d'une part, et de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales d'autre part, voient leurs champs de compétences ainsi que leurs équipes s'agrandir, ne risque-t-il pas de déclencher une forme de lourdeur dans le gouvernement et l'administration ? La Transition écologique compte effectivement un ministre d'Etat, un ministre et deux secrétaires d'Etat, tandis que la Cohésion des territoires regroupe trois ministres. "Tant mieux si ces deux ministères sont dotés d'autant de personnalités publiques, cela montre que les deux sujets ont de l'importance aux yeux du gouvernement", rétorque Marjolaine Meynier-Millefert. "La rénovation énergétique des logements, l'aménagement… sont autant de dossiers qui ont une importance grandissante. Symboliquement mais aussi pragmatiquement, c'est un bon signe de la part du gouvernement."

 

"L'économie n'est pas un gros mot !"

 

Le choix de l'exécutif Macron/Philippe de concilier représentants politiques et membres de la société civile au sein du gouvernement serait donc pertinent, les premiers apportant leur expérience du jeu politique et de ses rouages, les seconds amenant une nouvelle vision, plus terre-à-terre, des sujets d'actualité et des dossiers à gérer. A ce titre, le remplacement de Nicolas Hulot par François de Rugy est significatif, selon la députée iséroise : "François de Rugy a une approche complètement différente de l'écologie par rapport à Nicolas Hulot : dorénavant, au ministère de la Transition écologique et solidaire, on parle d'opportunités économiques, on parle d'investissements, on parle de travailler avec les entreprises… L'économie n'est pas un gros mot !" L'approche politique des dossiers semble donc toujours aussi incontournable, même si la complémentarité entre le monde politique et la société civile est de plus en plus prégnante.

 

"La rénovation énergétique n'a pas été complètement traitée dans Elan"

 

L'adoption définitive du projet de loi portant évolution du logement, de l'aménagement et du numérique (Elan) par le Sénat ce mardi 16 octobre constitue une autre actualité importante pour la députée : ce texte, qui a cristallisé les passions et les oppositions, a donc achevé son marathon législatif, le Parlement ayant ouvert la voie à ses décrets d'application. "C'est une bonne chose d'avoir avancé sur ce point", confie Marjolaine Meynier-Millefert. "Mais un certain nombre de sujets n'ont pas été abordés : la rénovation énergétique n'a pas été complètement traitée dans cette loi, tout simplement parce que ce n'était pas le cœur du sujet… Il faudra peut-être proposer de nouveau ce sujet dans un nouveau texte de loi… Dans tous les cas, j'ai encore beaucoup d'attentes et j'attends par conséquent de voir la nouvelle organisation gouvernementale."

 

Prochaine étape : le projet de loi de Finances 2019

 

 

De fait, la co-animatrice du Plan de rénovation énergétique de l'habitat est bien décidée à porter sa thématique sur le devant de la scène et à mobiliser toute l'énergie gouvernementale autour de cette question : "Maintenant que le remaniement est passé, je vais prendre rendez-vous avec les deux ministres concernés. Je sais l'appétence du ministre de Rugy pour la rénovation énergétique, mais quid du CITE et d'autres dispositifs financiers dans le PLF 2019 ? Le sujet n'est pas encore tranché aujourd'hui. Pour autant, il y a une volonté forte de l'ensemble des filières d'aller de l'avant, mais elles se demandent comment atteindre les objectifs et si les moyens seront suffisants. C'est pourquoi on a besoin d'un signal fort, d'un engagement sur le PLF".

 

Pour conclure, la députée marcheuse assure que le ministère de la Transition écologique est "ouvert" aux entreprises pour trouver des solutions avec elles, mais que pour l'heure aucune résolution n'a été actée : "On reconduit le CITE en l'état mais sans avoir vraiment posé le sujet, sans en avoir vraiment débattu", déplore-t-elle. "On va perdre un an et c'est dommageable, car pendant ce temps le marché va s'installer en prenant en compte la reconduction d'un dispositif qui sera probablement amené à évoluer par la suite."

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