Si la rénovation énergétique de l'habitat est un enjeu clef pour les collectivités locales, les dispositifs existants pour inciter les habitants à passer à l'acte se révèlent globalement coûteux et complexes à mettre en place. Comment massifier la rénovation énergétique ? Les territoires peuvent-ils y parvenir à un coût raisonnable ? Décryptage.
En marge du congrès des Maires, la semaine dernière, à Paris, une conférence pilotée par la société Teksial, spécialisée dans la maîtrise de la consommation énergétique, a pointé du doigt les enjeux des collectivités locales face à la rénovation énergétique des bâtiments. Comment massifier la rénovation énergétique ? Les territoires peuvent-ils y parvenir à un coût raisonnable ? Telles sont aujourd'hui les principales préoccupations des administrés.
Eco-PTZ, CITE : 58 % des français sous-estiment les aides
Tout d'abord un constat : alors qu'un tiers des logements sont rénovés par an sur les 500.000 prévus initialement dans le plan ambitieux du Gouvernement, la dernière étude Opinion Way pour monexpert-isolation.fr publiée en janvier dernier rappelle que "58% des Français sous-estiment les aides de l'Etat (Eco-prêt à taux zéro, Crédit d'impôt pour la transition énergétique) et autres dispositifs incitatifs (TVA réduite à 5,5%) en matière de rénovation énergétique, et 42% souhaitent être mieux informés sur ces aides disponibles."
Et Jérôme Gatier, directeur du Plan Bâtiment Durable d'observer durant la conférence ce jeudi dernier : "Nous observons un manque de confiance des gens par rapport aux professionnels. C'est pourquoi un travail d'accompagnement personnalisé est ainsi indispensable pour convertir les intentions en réalisation de travaux."
Et qui de mieux pour les accompagner ? Les collectivités locales deviennent alors des acteurs incontournables de la transition énergétique : les régions fixent les "orientations" permettant de la réaliser, les établissements publics de coopération intercommunale en sont les "coordinateurs", alors que les départements et communes doivent l'intégrer dans l'exercice de leurs compétences propres.
"Fixer des objectifs atteignables"
"En particulier, pour diminuer la consommation d'énergie sur leur territoire et lutter contre la précarité énergétique de leurs administrés, nous sommes invités chaque année, à encourager les habitants à réaliser des travaux adaptés dans leur logement", explique, par exemple, Caroline Coblentz, première adjointe à la mairie de Colombes (86.000 habitants, Hauts-de-Seine), chargée du Logement, de l'Habitat, du Développement économique et de l'Emploi. Dans le cadre de notre programme annuel Habitat Durable, nous avons fixé des objectifs atteignables comme 1.200 logements à rénover chaque année."
En détails, la municipalité recense 40 pavillons individuels et 16 logements en copropriétés qui ont bénéficié d'une enveloppe municipale. "Cela représente pour la ville, près de 4.000 euros, précise l'élue francilienne. C'est un engagement important."
La certification RGE, un obstacle pour les collectivités ?
Malgré l'engouement de ses habitants à rénover leurs logements (Ndlr : 400 visites par an), l'élue adjointe au Logement reconnaît qu'elle se heurte à des réalités complexes comme l'obligation de la certification RGE des entreprises artisanales. "C'est une véritable usine à gaz pour engager les chantiers de rénovation", estime Caroline Coblentz.
De son côté, Michel Piron, député de Maine-et-Loire et président du Conseil National de l'Habitat, reconnaît également qu'"on a un degré d'enjeux normative qui est le plus élevé d'Europe." Avant de nuancer : "Le mieux est l'ennemi du bien, il ne faut pas non plus sous prêcher la sous-qualification des artisans. D'où la nécessité d'avoir des artisans qui s'appliquent à un champ normatif." Tout est une "question d'équilibre" dans la rénovation énergétique, conclut le député.
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"Lorsque les collectivités accompagnent les dispositifs mis en place par l'Etat, cela fonctionne", Emmanuelle Cosse, ministre du Logement.
Cependant, la rénovation énergétique reste une problématique d'actualité prise en charge sérieusement par la ministre du Logement, Emmanuelle Cosse. Les objectifs de l'Agence nationale de l'habitat (Anah) pour la rénovation des logements des ménages aux plus faibles revenus viennent d'être augmentés à 70.000 logements. "C'est du côté des ménages des classes moyennes non éligibles aux aides de l'Anah que le travail reste à faire", martèle la ministre au cours des dernières conférences de presse dédiées au Logement. Autre impératif : la rénovation des copropriétés dégradées doit aussi être accélérée - un objectif de 40.000 logements pour 2016 a été fixé. "Lorsque les collectivités accompagnent les dispositifs mis en place par l'Etat, cela fonctionne", se félicite Emmanuelle Cosse.
Dans ce sens, Teksial, société spécialisée dans la maîtrise de la consommation énergétique propose aux Collectivités de concrétiser la transition énergétique au sein de leur territoire, "à travers une Plateforme Locale de la Rénovation Energétique à moindre coût (inférieure à 20 .000 euros) ainsi que de véritables campagnes d'incitation ciblées."
Le foyer : couple avec 1 enfant en maison individuelle à Rennes.
La maison : 110 m² habitables, 60 m² de combles perdus, chauffage au fioul.
Les revenus : 26 000 euros (revenu imposable annuel), soit 3.160 euros bruts/mois.
A retenir: ils sont éligibles aux aides pour les foyers modestes en situation de précarité énergétique.
Coût de la facture : 1.700 euros.
Le chantier : pour leur première opération d'isolation, le couple souhaite isoler ses
combles perdus par soufflage de laine de verre. Résistance thermique de l'isolant
R=7m2K/W.
Objectif: : 60 m² à isoler sur le plancher haut
Devis d'installateur RGE avec TVA à 5,5% : 1.080 euros
Crédit d'impôt pour la Transition Energétique (30%) : - 324 euros
Prime Energie Bonus monexpert-isolation : - 359 euros
Reste à charge pour le client : 397 euros