PRIX. Le concours Archi Jeunes, organisé par l'agence Valode & Pistre, a permis de décerner un prix à des jeunes architectes sur la thématique de l'hôtel urbain du futur. Pour le cabinet d'architecture parisien, "l'hôtel n'est plus un simple hébergement mais s'ouvre durablement sur la ville et joue un rôle dans la cité".
De l'originalité et des réflexions poussées sur l'avenir des hôtels et des villes… Les projets lauréats du concours Archi Jeunes, organisé par l'agence d'architecture Valode & Pistre, s'inscrivent dans l'air du temps. La seconde édition de ce prix, destiné aux étudiants en école d'architecture et aux jeunes diplômés, a récompensé cinq projets sur la thématique de l'hôtel urbain de demain et son rôle dans la ville. Le prix a pour but de donner la parole aux jeunes architectes sur des thématiques liées aux enjeux architecturaux et sociétaux. Les lauréats se voient décerner une bourse. Les deux premières équipes gagnantes ont même l'opportunité d'intégrer l'agence en CDD.
La thématique de cette édition a été choisie par Valode & Pistre par rapport aux nombreux enjeux que l'hôtellerie doit affronter. Le secteur est confronté à la crise environnementale, à des difficultés de recrutement et à un enjeu d'insertion dans son environnement urbain. Ainsi, les acteurs qui le composent s'interrogent sur la construction, l'aménagement et l'exploitation des immeubles hôteliers et sur le rôle que ces édifices jouent pour les villes dans lesquels ils sont situés.
Un jury spécialisé
Pour mieux appréhender ces questionnements, le jury du concours était composé d'architectes, de Marylou Machecourt (lauréate de la première édition Archi Jeunes), et de personnalités choisies pour leur intérêt et sensibilité à l'hôtellerie, dont Serge Trigano, co-fondateur de Mama Shelter et Mama Works, et Pierre Hermé, chef pâtissier chocolatier.
"Le jury a été impressionné par la qualité du travail des lauréats. La thématique de cette seconde édition a suscité la créativité et l'intérêt des participants au concours. Nous avons reçu une grande variété de propositions", affirme à la presse Denis Valode, cofondateur de l'agence Valode & Pistre, suite à la remise des prix le 20 avril 2023 à Paris. Pour le co-créateur de ce prix, l'hôtel "a un nouveau rôle à jouer dans la ville, en intégrant de nouvelles fonctions", telles que le coworking. Les candidats ont tous su imaginer des projets qui répondent aux enjeux d'aménagement urbain. "Les propositions s'adressent à des catégories de populations différentes, intègrent des activités qui apportent une nouvelle dimension à l'hôtellerie traditionnelle. Aussi, une majorité de projets offre des transformations de bâtis existants, ce qui prouve que la réhabilitation peut être créative. Elle n'est pas vécue comme une contrainte, mais comme un ré-usage vertueux."
Denis Valode l'affirme. L'agence a l'intention d'organiser ce concours tous les deux ans, "qui a beaucoup de succès auprès des étudiants. Cette idée de prix nous ait venue au moment de la pandémie de Covid-19, lorsque nous étions confinés. Les journaux parlaient de 'génération perdue' pour parler des étudiants. Ils étaient coupés du monde, livrés à eux-mêmes, et n'avaient plus la possibilité de s'intégrer au monde du travail. Cela nous a choqués et nous avons voulu leur donner la possibilité de s'exprimer", raconte Denis Valode.
"Totem" par Marine Scymczack
Marine Scymczack propose de réhabiliter "un ancien silo à Reims afin de retrouver son caractère de totem, typologie que l'on retrouve sur l'ensemble du territoire, souvent dans des quartiers urbains en mutation", explique l'ancienne étudiante à l'Ensa Strasbourg et Paris-Val de Seine. Le bâtiment fonctionnerait à différentes échelles, et contribuerait à la vie quotidienne et à l'animation de l'espace public en intégrant un théâtre et un lieu de rencontres et de culture.
Le site deviendrait un nouveau lieu de référence pour la ville. "Je voulais sortir de l'idée que l'hôtel était lié au monde du luxe. Il est, au contraire, un marqueur du territoire. Auparavant, dans les villes et villages de France, on trouvait un peu partout des hôtels, parfois près des gares, même s'ils sont aujourd'hui négativement connotés. Je voulais retrouver l'idée d'accessibilité", confie-t-elle à Batiactu. Le squelette des silos renvoie à une cathédrale de béton et permet d'imaginer, selon la lauréate, une multitude de programmes. "Les silos sont souvent situés dans des zones urbaines abandonnées. En insufflant ce programme d'hôtel dans ce type de bâtiments, je souhaitais redynamiser ces territoires actuellement délaissés."
Marine Scymczack souhaitait préserver l'existant au maximum, bien que des nouveaux planchers en béton recyclé et pavés de verre seraient ajoutés. "Travailler sur la réhabilitation d'un bâtiment existant délaissé, inoccupé, plutôt que d'en construire d'autres, me tient à cœur", assure la lauréate. Un travail de végétalisation sur toiture a été pensé. L'espace accueillerait une serre, qui serait elle-même connectée au bar et au restaurant de l'hôtel. Un système de récupération des eaux pluviales et de compostage des déchets du restaurant serait mis en place. Pour Denis Valode, "le projet de Marine Scymczack est une surprise. La réhabilitation de cet ancien silo est une transformation magique. Le bâtiment devient un lieu emblématique, caractérisé par une architecture originale."
Découvrez les projets des autres lauréats dans les pages suivantes…
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Premier prix : Marine Scymczack pour son projet Totem. Elle reçoit une bourse de 8.000 euros et a la possibilité d'intégrer l'agence Valode & Pistre pour un CDD de six mois.
Deuxième prix : Lou Randé et Juliette Escot pour leur projet In Motion. Elles remportent une bourse de 6.000 euros ainsi que la possibilité d'intégrer l'agence Valode & Pistre pour un CDD de six mois également.
Troisième prix : Anissa Le Scornet et Enora Cloitre pour leur projet 65 rue d'Aubagne. Une bourse de 4.000 euros leur sera décernée.
Quatrième prix : Abdoul Moumine Ide Seyni et Moussa Kabore pour leur projet La ligne comme épaisseur servante. Ils recevront une bourse de 3.000 euros.
Cinquième prix : Tevi Allan Mensah pour son projet Chez moi ailleurs. Tout comme le quatrième prix, une bourse de 3.000 euros lui sera attribuée.