FORMATION PROFESSIONNELLE. Le sacré coup de pouce donné au bois par la Réglementation environnementale 2020 et les vagues de départs à la retraite dans la filière des matériaux de construction conduiront les industriels à recruter plusieurs milliers de personnes au cours des prochaines années. Si certains métiers n'arrivent pas aujourd'hui à être pourvus, la stabilité n'est toutefois pas nécessairement au rendez-vous avec une prédominance de l'intérim et des CDD.
Entrée en vigueur le 1er janvier 2022, la nouvelle réglementation environnementale consacre les matériaux biosourcés - à commencer par le bois - dans la construction neuve, quand les industriels des matériaux conventionnels (béton, acier) cherchent, eux, à décarboner leurs processus de production pour s'inscrire dans les engagements climatiques de la France. Dans un cas comme dans l'autre, le chantier est ambitieux : pour la filière bois, l'heure est à l'industrialisation pour tenter de répondre à la très probable explosion de la demande ; pour les filières traditionnelles, les investissements vont devoir s'accélérer pour élaborer des systèmes et des produits plus respectueux de l'environnement et moins générateurs d'émissions de dioxyde de carbone (CO2).
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De la sylviculture à la construction en passant le commerce, la filière bois au sens large regroupait 370.000 salariés en 2021, dont 140.000 dans les activités industrielles, d'après des données compilées dans la dernière édition du guide CIDJ (Centre d'information et de documentation jeunesse) intitulé "Ces secteurs qui recrutent". Celles-ci se composent notamment du sciage et de la transformation (48.500 personnes) et de la fabrication de meubles (33.100). Si l'Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) et le Grand-Est s'inscrivent sur tous les segments d'activité, d'autres régions s'avèrent plus spécialisées, à l'image de la Nouvelle-Aquitaine et de l'Occitanie pour le sciage, ou des Pays de la Loire et de la Bourgogne-Franche-Comté pour l'ameublement.
Presque la moitié des embauches sont difficiles dans les scieries
Boostées par la RE2020, les entreprises du bois envisageaient de recruter entre 25.000 à 30.000 personnes en 2021, "mais majoritairement en intérim ou en CDD" préviennent les auteurs du guide, preuve d'une précarité relative des métiers de la filière. Dans le sciage et la transformation, la fourchette d'embauches oscillait entre 9.000 et 11.000 recrutements, dont 42% en intérim, 30% en CDI (contrats à durée indéterminée) et 19% en CDD (contrats à durée déterminée). Du côté de la fabrication de meubles, les professionnels tablaient sur 5.200 à 6.300 embauches, dont 49% en intérim, 26% en CDD et 19% en CDI.
L'insertion professionnelle des jeunes varie d'ailleurs selon le segment d'activité : stagiaires et alternants sont présents à hauteur de 9% dans les scieries, et de 6% dans les usines d'ameublement. Pas d'inquiétude pour autant pour les futurs diplômés désireux de rejoindre l'industrie du bois, car les opportunités ne devraient pas manquer. Les postes à pourvoir sont même déjà nombreux à l'heure qu'il est du fait de difficultés plus ou moins fortes dans les recrutements : 45% des embauches dans le sciage et la fabrication de meubles s'avèreraient ainsi compliquées.
Quelle est la place des femmes dans les industries du bois et des autres matériaux ?
Dans la filière bois, c'est l'activité de sciage qui compte la part de femmes la plus conséquente, avec 26% des effectifs. Le chiffre tombe à 22% dans la fabrication de meubles.
L'industrie des autres produits de construction affiche toutefois une proportion encore plus faible, avec à peine 17% des effectifs composés de femmes.
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De nombreux postes de l'industrie conventionnelle à pourvoir dans les prochaines années
Les industriels conventionnels estiment quant à eux, par la voix de l'Unicem (Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction), être en mesure d'accueillir chaque année 1.400 nouveaux collaborateurs et ce, sur une période de 20 ans. Sachant que "la dynamique de l'emploi est la meilleure dans l'activité de fabrication des matériaux principaux", souligne le CIDJ. Le vieillissement d'une partie des effectifs va inéluctablement déboucher sur des vagues de départs à la retraite, qui libèreront autant de postes pour les jeunes générations. Ce phénomène s'observera aussi bien chez les cadres commerciaux que chez les conducteurs de poids lourds en passant par les opérateurs qualifiés de la construction, sans oublier les chaudronniers-soudeurs et les chefs de chantiers.
Sur le plan des qualifications, les métiers de l'industrie des matériaux nécessitent des CAP (certificats d'aptitude professionnelle), Baccalauréat pro et BTS (brevets de technicien supérieur), par exemple dans la maintenance des matériels pour les activités de mécanique, la conduite d'engins ou encore la taille de pierre. Des professions qui se préparent notamment en apprentissage, puisque "le secteur compte environ 2.500 alternants chaque année". Plus de 10% des effectifs de la filière ont moins de 30 ans, et 4% ont même moins de 25 ans. "En 2019, on comptait 2.429 jeunes en alternance, essentiellement sur les métiers de mécaniciens d'engins, de conducteurs d'engins et, dans une moindre mesure, dans les métiers de la pierre", complète le guide.
1 salarié sur 10 est intérimaire
Pour l'heure, les industriels des matériaux de construction totalisent environ 2.900 entreprises qui emploient 73.500 salariés, dont 6.700 intérimaires. L'emploi en intérim a d'ailleurs bondi de 50% depuis 2015, "si bien qu'il représente près d'un dixième des effectifs" de la filière. Les activités d'exploitation et d'extraction représentent 27% des effectifs, la fabrication du béton et du mortier 45%, la fabrication des autres produits (ciment, produits en terre cuite, plâtre...) 19%, la taille et le façonnage des pierres 11%. Les métiers de la production arrivent clairement en tête des effectifs (44% du total), suivis par ceux du commerce et de l'administration (24%) et les fonctions d'encadrement (18%).
À l'instar de la filière bois, les régions Aura et Occitanie concentrent les plus grands nombres de salariés - respectivement près de 9.300 et 7.800. Ce n'est toutefois pas ces régions qui auraient les bassins d'emplois les plus pertinents puisque "la meilleure dynamique pour la création d'emploi se situe en Centre-Val de Loire, en Île-de-France et dans les Hauts-de-France".
Quels sont les métiers recherchés et les métiers en tension dans la filière bois ?