FORMATION PROFESSIONNELLE. À l'heure de la transition écologique et de la montée en puissance des renouvelables, les besoins en main-d'oeuvre du secteur de l'énergie vont aller crescendo. Nonobstant les filières habituellement mises en avant, comme l'éolien ou le photovoltaïque, l'hydrogène et les biogaz devraient eux aussi assurer un certain nombre de recrutements.
Tendance de fond inéluctable due au changement climatique, la transition écologique assure une croissance certaine aux filières des énergies renouvelables. Pour répondre au dynamisme de leur activité, celles-ci sont amenées à accroître leur main-d'oeuvre, aussi bien pour les énergies habituellement mises en avant comme l'éolien ou le photovoltaïque, que pour l'hydrogène ou les biogaz, des filières encore naissantes mais néanmoins prometteuses. Dans la dernière édition de son guide intitulé "Ces secteurs qui recrutent" et destiné aux professionnels comme au grand public, le CIDJ (Centre d'information et de documentation jeunesse) revient sur les chiffres-clés et les opportunités de recrutements dans le secteur énergétique.
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La transition écologique et énergétique s'invite largement dans le bâtiment
Selon les données de l'Observatoire national des emplois et métiers de l'économie verte (Onemev), ce secteur totalisait en 2020 quelque 142.000 emplois, dont 60.000 dans la production et la distribution d'énergie et d'eau, 52.000 dans l'assainissement et le traitement des déchets et 31.000 dans la protection de la nature et de l'environnement. Les métiers s'inscrivant dans la transition écologique au sens large représentent 3,7 millions d'emplois, 37% d'entre eux évoluant dans le bâtiment et 20% dans l'industrie. Les principaux segments d'activité sont la maîtrise de l'énergie, qui englobe la rénovation énergétique, avec 91.350 postes à temps plein, ainsi que la gestion des déchets (84.250), les renouvelables (68.150), la gestion des eaux usées (60.250) et le recyclage (25.600).
Du côté de l'Agence de la transition écologique (Ademe), les chiffres recensent 54.000 temps plein pour la chaleur renouvelable des particuliers, autrement dit les pompes à chaleur et chauffe-eau thermodynamiques. Les renouvelables électriques mobilisent 34.000 postes, dont 14.000 pour l'éolien terrestre, 12.500 pour l'hydroélectricité et 7.500 pour le photovoltaïque. Les réseaux de chaleur et la géothermie, regroupés dans le segment de la chaleur renouvelable collective, emploient 13.000 personnes.
Des perspectives encourageantes avec la PPE et France Relance
Les prévisions de l'Apec (Association pour l'emploi des cadres) pour l'exercice 2021 tablaient pour leur part sur 3.000 recrutements de cadres dans le secteur énergie/eau/gestion des déchets, dont 42% de jeunes (15% avec moins d'un an d'expérience et 27% entre 1 à 5 ans). Les auteurs du guide rappellent que 100.000 étudiants suivaient une formation initiale dans le secteur de l'environnement en 2018-2019, dont un tiers de femmes. Les renouvelables représentaient alors un quart des cursus suivis.
Un autre baromètre de l'association dédié à l'insertion des jeunes diplômés a toutefois témoigné d'une faible appétence des jeunes générations pour le sujet environnemental, puisque seulement 2% des Bac +3/4/5 ont choisi de s'orienter dans ces filières. En cette journée internationale des droits des femmes, on peut d'ailleurs noter que 40% des ingénieurs et cadres techniques de l'environnement sont des femmes. Ce taux tombe à 20% dans la production et la distribution d'énergie, et 8% dans l'assainissement et le traitement des déchets.
L'emploi dans le secteur de l'énergie reste malgré tout stable : 73% des salariés sont en CDI (contrats à durée indéterminée), 8% en CDD (contrats à durée déterminée), 2% en intérim et 4% en apprentissage ou en stage. Et cela devrait perdurer au vu des excellentes perspectives de recrutements du secteur : déjà renforcée par la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) qui prévoit la création de 238.000 postes d'ici 2023, et même 440.000 à l'horizon 2028, la filière peut également compter sur le plan France Relance et ses 30 milliards d'euros de soutien à la transition écologique.
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"Les énergies renouvelables électriques créeraient de 34.000 à 66.000 emplois selon les hypothèses de la PPE"
Les objectifs climatiques que la France s'est fixée doit l'amener à faire passer la part des renouvelables dans la consommation électrique de 26% en 2020 à 40% en 2030, ce qui implique forcément de moderniser et d'étendre les réseaux et installations de production et de distribution d'énergie. "Les énergies renouvelables électriques créeraient de 34.000 à 66.000 emplois selon les hypothèses de la PPE 2019-2028, mais ces énergies restent très dépendantes des subventions publiques", nuance cependant le guide du CIDJ.
Quoi qu'il en soit, la filière de l'éolien en mer connaît un développement rapide et des investissements en hausse, ce qui lui permet de construire trois usines d'aérogénérateurs et de lancer des projets de parcs à Saint-Nazaire, Fécamp et Saint-Brieuc. La filière a déjà créé 800 emplois entre 2018 et 2020, les postes de production étant plus nombreux que ceux dans la Recherche & Développement.
Les gaz renouvelables et bas-carbone veulent aussi avoir leur mot à dire dans le bouquet énergétique de demain. Le segment des biogaz compte actuellement 3.850 emplois, un chiffre qui a malgré tout bondi de 77% depuis 2017, grâce aux constructions d'unités de méthanisation et aux installations d'équipements.
Encouragées par la Réglementation environnementale 2020 et l'électrification des usages, les pompes à chaleur nécessiteront, d'après leur association, l'Afpac, environ 20.000 recrutements d'ici 2030. Ces effectifs se répartiraient entre 2.000 postes pour les fabricants, 3.000 pour les grossistes, 5.000 pour les installateurs et 10.000 pour le service après-vente.
L'économie circulaire aura aussi besoin de main-d'oeuvre
Au centre des volontés politiques nationale comme européenne, l'hydrogène suscite aussi beaucoup d'espoirs. Avec une stratégie spécifique à cette source d'énergie, l'État a décidé de consacrer 7 milliards d'euros d'ici 2030 pour aider l'industrie et les transports à se décarboner. Le secteur compte aujourd'hui 2.000 emplois mais pourrait bien atteindre les 100.000 postes d'ici huit ans dans l'ensemble des segments d'activité : production, fabrication d'équipements et de composants (électrolyseurs, piles à combustible, réservoirs, véhicules, stations de recharge) et distribution. "France Hydrogène a repéré 17 métiers en tension : des ingénieurs (génie électrique, mécanique, métrologie, qualité-sécurité-environnement), des techniciens et des opérateurs", explique le guide.
La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire et les 500 millions d'euros de France Relance consacrés à l'économie circulaire auront pour leur part des répercussions sur le secteur de la gestion et du recyclage des déchets. Ce dernier prévoit à ce titre un millier d'embauches par an pour remplacer les départs à la retraite, en complément de la création de 8.000 postes d'ici 2030.
Autant de métiers sur lesquels les jeunes peuvent d'ores-et-déjà se positionner, d'autant que les difficultés de recrutement se font déjà sentir par les entreprises du secteur. D'après le CIDJ, plus de la moitié des professionnels affirment en effet avoir du mal à embaucher des cadres et techniciens de la maintenance et de l'environnement.
Quels sont les métiers recherchés et les métiers émergents dans l'énergie ?