Michel Clair, membre élu à la Chambre de commerce et d'industrie de Paris, et auteur du rapport en novembre 2011 « Des logements pour les salariés en Île-de-France, nous répond à ce sujet.
Batiactu : Pourquoi la CCIP se mobilise-t-elle sur le logement des salariés ?
Michel Clair : De plus en plus de chefs d'entreprises interpellent les pouvoirs publics sur les difficultés que rencontrent leurs salariés pour se loger. L'enquête que la CCIP a récemment conduite auprès de 6.000 dirigeants d'entreprises en Île-de-France confirme ce constat, particulièrement criant en Île-de-France.
Michel Clair : De plus en plus de chefs d'entreprises interpellent les pouvoirs publics sur les difficultés que rencontrent leurs salariés pour se loger. L'enquête que la CCIP a récemment conduite auprès de 6.000 dirigeants d'entreprises en Île-de-France confirme ce constat, particulièrement criant en Île-de-France.
Les répercussions pour les entreprises et leurs salariés sont donc multiples et s'aggravent : les entreprises peinent à recruter alors que dans le même temps le marché du travail a besoin de plus en plus de flexibilité. La mobilité professionnelle est aujourd'hui affectée par des parcours résidentiels de plus en plus figés. Les temps de transport des salariés ont tendance à s'allonger, détériorant leurs conditions de vie. La rareté et le coût des logements éloignent les salariés de leurs lieux de travail. Et la qualité de vie des salariés franciliens s'en trouve affectée. Par conséquent, les difficultés de logements des salariés influent sur la compétitivité des entreprises et l'attractivité de la métropole.
Batiactu : En quoi ce sujet est-il spécifique à l'Île-de-France ?
Michel Clair : Un million de ménages supplémentaires d'ici à 2030, 406.000 demandeurs de logements sociaux et un déficit accumulé de production de logements au cours de la dernière décennie rendent la situation particulièrement critique en Île-de-France. Sans compter les prix très élevés des logements intermédiaires à hauteur de 3.500 € du m². Les réponses apportées aux besoins des salariés sont bien en deçà des attentes. Les conséquences de cette pénurie sur le niveau des loyers et des prix à l'acquisition sont durables et rendent plus criante la faiblesse de l'offre de logement intermédiaire pour tous ceux qui ne peuvent accéder au logement social et, particulièrement la population active francilienne.
Le Projet du Grand Paris dessine effectivement de nouvelles perspectives avec l'émergence de nouveaux pôles économiques et la construction du réseau du Grand Paris Express. Il fixe des objectifs ambitieux de production de 70. 000 logements par an. Les enjeux sont importants pour l'équilibre économique et la cohésion sociale de la métropole de demain.
Batiactu : Quelle est la condition nécessaire pour atteindre les objectifs de production de logements ?
Michel Clair : Reconnaître le logement comme un fondement du développement métropolitain constitue la condition préalable et nécessaire à l'atteinte des objectifs. Une nouvelle gouvernance stratégique et opérationnelle est indispensable. A l'heure actuelle, le pouvoir des 120 communes dans la Région est trop dispersé pour pouvoir entreprendre des constructions importantes de logements intermédiaires. En outre, elle doit s'accompagner d'une mobilisation du foncier et de nouveaux modèles de financement pour remédier à la crise et anticiper les nouveaux besoins des Franciliens. Je le répète il faut une gouvernance forte pour dégager de la constructibilité sinon la machine du Grand Paris va être bloquée…
Batiactu : Alors quelles sont les propositions de la CCIP ?
Michel Clair : Il faut atteindre l'objectif de construction de 14.000 logements intermédiaires par an en Ile-de-France. Les deux leviers d'actions sont donc : adapter la définition du logement social (article L.305-2 du code de la construction) aux cibles de la population francilienne en matière sociale et aux territoires, offrant la possibilité de programmer des segments de logements correspondant mieux aux besoins du marché francilien, notamment pour le logement à loyer intermédiaire ; intégrer le logement intermédiaire dans le pourcentage de logements sociaux avec un ratio de 0,5 logement dans le décompte, par exemple, et en augmentant le pourcentage global, actuellement de 20%. Cette mesure pourrait être applicable tout particulièrement dans les contrats de développement territorial.
En parallèle, il faut faire du logement intermédiaire un des piliers des politiques urbaines en faveur de l'habitat, grâce à l'intégration dans les documents d'urbanisme et de planification (CDT, PLH, SCOT, SDRIF) d'un volet portant sur la construction de logements intermédiaires.
Propos recueillis par Sébastien Chabas