La Société du Grand Paris et l'Ademe ont lancé un 3e appel à projets sur la gestion des déblais du chantier du Grand Paris Express. Car, d'ici à 2030, ce sont plus de 40 millions de tonnes de terre qu'il faudra prendre en charge, dont 70 % devront être valorisés. Quelles seront les solutions de réutilisation? Eléments de réponse.
Les chantiers de construction du Grand Paris Express, ce métro circulaire de 200 km de long comprenant quatre lignes différentes et 68 gares, est une entreprise titanesque dont les premiers tronçons entreront en service au-delà de 2020. Mais ce sont également des travaux qui vont générer une quantité considérable de déblais : pas moins de 43 millions de tonnes de terre excavées d'ici à 2030, qui viendront s'ajouter aux 20 millions de tonnes normalement générées annuellement par toute l'Île-de-France. Une hausse de déblais estimée entre +10 à +20 % selon les années, dont il faudra se "débarrasser". Afin de trouver des solutions, la Société du Grand Paris (SGP) et l'Ademe ont lancé, ce vendredi 21 octobre 2016, un 3e appel à projets sur la gestion de cette terre, en économie circulaire.
Transport, traçabilité, valorisation
Depuis 2013, des équipes travaillent déjà à un schéma directeur d'évacuation des déblais, tandis qu'en 2015, un appel à manifestation d'intérêt s'était chargé de réunir des propositions concrètes en matière de caractérisation, de traçabilité et de valorisation des matériaux extraits du sol. S'appuyant sur ces travaux, la SGP se lance maintenant à la recherche de solutions innovantes, puisque les premiers chantiers ont commencé à se déployer depuis le mois de juin 2016. Ils pourraient constituer "autant de terrains d'expérimentation privilégiés pour les acteurs de la gestion des déblais", estime-t-elle. Les entreprises sélectionnées pourront tester, en grandeur nature, sur une période de quelques mois entre février et juillet 2017, leurs solutions qui pourront concerner l'ensemble de la chaîne de gestion.
Les candidats de cet appel à projets devront donc s'insérer dans un schéma déjà bien défini. Pour le transport des matériaux excavés, ils devront "privilégier les circuits courts et les alternatives à la route". Cinq plateformes fluviales seront ainsi mises à disposition avec Ports de Paris et Canaux de Paris, pour que les déblais soient évacués par barges, depuis Vitry-sur-Seine (Les Ardoines), Pont de Sèvres (île-de-Monsieur), Gennevilliers (Les Grésillons), Aubervilliers (canal Saint-Denis) et Pont de Bondy (canal de l'Ourcq). D'autre part, une plateforme ferroviaire de tri et de transit est d'ores et déjà prévue à Bry Villiers Champigny. Une dizaine d'études sont en cours avec le concours de SNCF Réseau. Un accent sera mis sur la traçabilité des déblais, pour assurer une parfaite transparence depuis le site d'extraction jusqu'à sa destination finale. Un outil spécifique, Artémis, a déjà été mis au point par la SGP qui l'exploite depuis un mois sur le chantier de la gare de Fort d'Issy-Vanves-Clamart. Cette plateforme Internet permet de saisir des bordereaux de suivi, afin de connaître en temps réel les quantités, origines et propriétés des déblais. La formation des utilisateurs potentiels a démarré, tandis que la mise en œuvre opérationnelle, prévue pour le mois de novembre 2016, débutera par la gestion des déblais de parois moulées.
Comment utiliser les matériaux extraits ?
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Enfin, afin de valoriser l'ensemble des matériaux, il sera nécessaire de diversifier les solutions de réutilisation. La Société du Grand Paris résume : "Qu'il s'agisse de valorisation de matière (transformation des déblais en matériaux pour la fabrication de terre crue, ciment, plâtre, sable pour béton, brique) ou de valorisation de volume (réalisation d'aménagements urbains, comblement de carrières), la SGP diversifie les méthodes pour atteindre son objectif de revalorisation de 70 % des terres excavées sur ses chantiers". Il est d'ores et déjà prévu que, sur les 43 millions de tonnes extraites, 1 million servira à aménager un parc urbain sur les communes de Chelles et Montfermeil (site du Sempin), à proximité de la future ligne 16. A ce jour, une trentaine d'exploitants représentant 150 exutoires ont manifesté leur intérêt. La société espère publier rapidement, dès le premier trimestre de 2017, un second schéma directeur des déblais, plus précis, portant sur tous les volets de la gestion des déblais. Un observatoire des prix sera lancé à la même période, afin de suivre l'évolution du marché des déblais.
L'appel à projets sur la gestion des déblais du Grand Paris Express a été lancé depuis le Pavillon de l'Arsenal où se tient l'exposition "Terre de Paris", présentée jusqu'au 8 janvier 2017. Cette manifestation analyse le parcours et rend compte de l'état des connaissances du sous-sol francilien, qui recèle un potentiel inexploré. Préalablement au lancement des travaux de génie civil des futures lignes de métro, 4.000 sondages géotechniques ont été réalisés, permettant de mieux évaluer les propriétés des déblais (composition chimique, caractéristiques physiques), permettant de déterminer les procédés de valorisation les plus adéquats.