DOSSIER. Le ministre de la Transition écologique et solidaire a lancé, ce vendredi 1er juin 2018, un plan hydrogène qui vise à faire de la France un leader mondial de ces technologies de mobilité et de stockage d'énergie intermittente. Découvrez les différentes mesures de cette stratégie.
Nicolas Hulot rêve d'une France moins carbonée. Pour y parvenir, il déclare être "intimement convaincu que l'hydrogène jouera un rôle important dans la transition énergétique". Ce gaz, qui peut être produit à partir de sources électriques renouvelables, constituerait ainsi une solution de stockage à grande échelle et "rendre crédible un monde où l'hydrogène vient se substituer, petit à petit, au fossile et au nucléaire pour combler les intermittences du solaire et de l'éolien". Le ministre de la Transition écologique et solidaire a donc proposé de fixer à 10 % la part d'hydrogène produite de cette façon à l'horizon de 2023 et de mobiliser 100 M€ à partir de 2019 (sous l'égide de l'Ademe) pour accompagner les premiers déploiements technologiques pour produire ou favoriser la mobilité hydrogène dans les territoires français.
Les premières mesures ciblent l'industrie lourde, comme le raffinage et la chimie, qui sont consommatrices d'hydrogène et qui utilisent des technologies fortement émettrices de gaz à effet de serre (voir encadré). Deux types de filières sont particulièrement concernés : celles qui produisent massivement du CO2 (dont les cimentiers), et celles qui consomment de l'hydrogène comme intrant (verrerie, sidérurgie). Pour diminuer drastiquement leur empreinte écologique, le ministère propose trois mesures : outre l'intégration d'objectifs spécifiques à l'industrie (10 % d'hydrogène vert dans les procédés d'ici à 2023 et entre 20 et 40 % en 2028), il suggère de mettre en place un système de traçabilité du H2, s'inscrivant dans un cadre européen (en cours de discussion). Les services de Nicolas Hulot souhaitent que le mode de production de l'hydrogène soit différencié et que ce gaz soit considéré comme un vecteur énergétique, au même titre que l'électricité ou la vapeur.
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Le dihydrogène (H2) se présente comme un gaz invisible et inodore. Rarement présent à l'état pur sur Terre, il est cependant constitué des éléments les plus abondants (et les plus simples) de l'univers. La molécule, constituée de deux atomes, stocke de l'énergie qui peut être restituée de plusieurs manières : en la brûlant (1 kg de dihydrogène libère trois fois plus d'énergie que 1 kg d'essence tout en ne libérant que de la vapeur d'eau) ou comme source d'électricité dans une pile à combustible (en couplant le H2 avec de l'O2 atmosphérique). L'hydrogène peut également servir dans des processus chimiques (raffinage, engrais, méthane de synthèse).
La France produit annuellement 900.000 t d'hydrogène par an (sur 61 Mt dans le monde) à partir d'un procédé polluant, nommé "vaporeformage", basé sur le cassage d'une molécule de gaz naturel. Cette méthode émet 13 tonnes de CO2 par tonne de H2 obtenue. D'où l'intérêt de verdir la production d'hydrogène en passant à l'électrolyse de la molécule d'eau.