QUALIFICATION. Alors que le marché de la rénovation énergétique semble plus dynamique que jamais, le nombre d'entreprises et artisans qualifiés reconnu garant de l'environnement (RGE) chez Qualibat a baissé en 2021.
C'est un signe contracyclique étonnant : le marché de la rénovation énergtique semble enfin décoller, et pourtant le nombre d'entreprises de bâtiments labellisées reconnu garant de l'environnement (RGE) a toujours tendance à baisser. Ainsi, chez Qualibat, d'après des chiffres communiqués ce 25 janvier 2022 lors d'une conférence donnée par l'organisme de qualification, 59.009 entités détenaient le sigle en 2021, contre 59.945 en 2020 (-1,6%). Tous les types d'activité sont concernés par cette baisse, à l'exception de la pompe à chaleur (3.168 RGE, +25%), de la chaudière bois (891, +18%) ou encore du chauffe eau thermodynamique (2.911, +11,5%).
Près de 15.000 audits en 2021
Les principaux bataillons d'entreprises RGE se trouvaient en 2021 sur l'isolation thermique par l'intérieur et rampants de toiture (20.692 labellisés), le remplacement de fenêtres (17.688), l'isolation des combles perdus (17.531) et l'isolation des planchers bas (13.864). Au niveau des équipements, l'installation de radiateurs électriques avec régulation se détache (9.691).
Les équipes de Qualibat sont également revenues sur les audits menés en 2021. Au nombre de 14.528, ils ont débouché dans 85,8% sur des comptes-rendus sans écart. Les professions les plus contrôlées ont été la menuiserie (2.690 audits), l'efficacité énergétique éco-artisan (2.211), l'installation de chaudières (1.703) et de pompes à chaleur (1.018) et l'isolation thermique par l'intérieur (1.458).
Une "vingtaine" d'entreprises sous surveillance
Cette campagne d'audits a conduit l'organisme à sévir, dans certains cas, avec 146 cas de suspensions du sigle, 80 retraits, 11 demandes de formation. "Quand nous soupçonnons une entreprise d'être éco-délinquante, nous ne nous contentons pas d'un seul audit, nous en effectuons d'autres", a détaillé Gérard Sénior, président de Qualibat. "Ensuite, si nécessaire, nous ne suspendons pas forcément l'ensemble des qualifications, mais seulement celles concernées par les travaux sur lesquels il y a eu des plaintes."
La lutte contre la fraude fait des progrès, assure par ailleurs l'organisme. La direction générale des finances publiques et la DGCCRF transmettent davantage d'informations à Qualibat, qui prévoit de disposer d'encore plus d'éléments à mettre à charge des éco-délinquants en 2022. Et ce, même si les listes de chantiers à vérifier transmises par le pôle national des CEE sont pour l'instant inutilisables du fait des règles de protection des données (RGPD). Ainsi, les entreprises à la conduite discutable ne peuvent pas toujours être rapidement sanctionnées voire être mises hors d'état de nuire. "Nous avons repéré en 2021 de nouveaux profils d'entreprises suspectes, celles qui rachètent une société déjà RGE, celles qui créent, depuis l'Île-de-France, des succursales en régions... Notre vigilance s'étend sur l'ensemble du territoire", a assuré Gérard Sénior. "Nous gardons une vingtaine d'entreprises sous surveillance que nous n'avons pas réussi à sortir", précise-t-il. Qualibat a, par ailleurs, été attaqué devant les tribunaux par deux acteurs de l'énergie.
Cela ne devrait que conforter la logique à l'œuvre dans le secteur de la construction, à savoir la tendance à la vérification de la qualité des travaux, de leur performance. Ainsi, la réglementation environnementale 2020 oblige à une mesure des résultats sur l'efficacité des réseaux de ventilation ou encore la perméabilité à l'air (comme le faisait la RT2012). "Nous observons une tendance lourde vers l'obligation de résultat", a-t-il résumé.
455 demandes de qualification "RGE par chantier"