JUSTICE. Ce mardi 12 mars 2019, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise (Val d'Oise) a annulé le plan local d'urbanisme de Gonesse, élément primordial à la réalisation du mégaprojet EuropaCity. Le maire de la ville a annoncé avoir fait appel de cette décision.
Remise en cause de l'arrivée du Grand Paris Express ?
Évoquant des "péripéties juridiques", le maire de Gonesse, Jean-Pierre Blazy a annoncé sa volonté de faire appel de la décision du tribunal. En assurant que le projet avait avancé depuis l'été 2018. "Le préfet du Val d'Oise a signé la déclaration d'utilité publique du projet le 20 décembre 2018 après l'avis favorable du commissaire enquêteur. S'agissant de la gare du métro de la ligne 17, infrastructure au cœur du projet d'aménagement, le permis de construire a été signé par le préfet du Val d'Oise le 18 septembre 2018. Le 24 janvier 2019 a été signé le marché de génie civil de la ligne 17 nord entre le Bourget et Gonesse pour un montant de 439,4 millions d'euros HT. Dans quelques jours le Conseil municipal approuvera une convention d'occupation temporaire d'un terrain de la ville avec la SGP pour l'installation d'un point de départ de tunnelier pour la ligne 17 nord", peut-on lire dans un communiqué de la mairie de Gonesse.
"Nous sommes confiants dans notre capacité à mener à bien ce projet qui bénéficie du soutien de l'État"
Pour sa part, le promoteur Alliages et territoires assure auprès de l'AFP respecter "les procédures administratives de notre pays" qui "s'inscrivent dans un temps long". "Ce temps long a été pris en compte (...) et nous sommes confiants dans notre capacité à mener à bien ce projet qui bénéficie du soutien de l'État", a-t-il ajouté. "Nous travaillons de concert avec les pouvoirs publics et l'aménageur public (Grand Paris Aménagement) pour faire d'Europacity un projet innovant, durable, vertueux, et pilote d'un point de vue environnemental, social et programmatique."
A ce jour, suite aux deux annulations, les terres du projet redeviennent agricoles. Si le projet semble s'éteindre, la flamme continue de brûler chez les porteurs du projet.
230.000 m² de boutiques
Pour rappel, EuropaCity prévoit la création d'un espace commercial et de loisirs de 80 hectares. Porté par la filiale immobilière d'Auchan, Ceetrus (ex-Immochan) et le conglomérat chinois Wanda, le projet serait le plus grand investissement privé en France depuis la construction de Disneyland en 1992. Il doit accueillir de nombreux hôtels, une ferme urbaine, un cirque, un cinéma, une salle de spectacle, environ 230.000 m² de boutiques et une gare de la ligne 17 du Grand Paris Express. Concernant cette dernière, dont l'ouverture a été reportée à 2027, un recours avait été déposé par des associations écologistes et le collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG) contre le permis de construire signé par le préfet du Val d'Oise le 18 septembre 2018. A l'origine, la gare s'inscrit dans le projet d'urbanisation de la zone, sans cela, elle se trouverait à 1,7 kilomètre des premières habitations, "une aberration économique et écologique dont le CPTG demande l'abandon immédiat". Ces menaces qui planent sur ces différents projets inquiètent les entreprises de la construction : "Entre le décalage de la ligne 17, et cette dernière info, le Val d'Oise est le sacrifié du Grand paris ! Il est urgent de se mobiliser", réagit la FFB Val d'Oise.
Entre le décalagede de la ligne 17, et cette dernière info.... le Val d'Oise est le sacrifie du Grand paris! Il est urgent de se mobiliser!
- FFB 95 (@FFB95) 12 mars 2019
Val-d'Oise : la justice annule le plan d'urbanisme où doit s'implanter le mégacomplexe Europacity https://t.co/KPm5Ut4T4O via @franceinfo
"C'est sans surprise que la ville s'entête"
Les principaux opposants au mégacomplexe ne cachent pas, eux, leur réjouissance face à la décision du tribunal administratif. Parmi eux, le collectif de commerçants Europas du tout déclare : "Nous saluons cette décision historique qui est une fabuleuse victoire des opposants au projet EuropaCity. Elle vient ainsi récompenser leur ténacité à lutter contre un projet issu de l'ancien monde. Au-delà de l'annulation du PLU, cette décision est parfaitement logique. La ville de Gonesse ne pouvait pas bénéficier du projet gouvernemental 'Action cœur de ville' voué à redynamiser son centre-ville et, en même temps, construire sur le même territoire un énorme complexe commercial qui aurait détruit des milliers d'emplois de petits commerçants dans les villes voisines. Il est désormais temps de tourner la page EuropaCity, d'en faire le deuil et de remplacer cette folie par un projet alternatif crédible en capacité de dynamiser le Val-d'Oise sans sacrifier les territoires limitrophes".
De son côté, France Nature Environnement, impliqué dans l'action judiciaire contre le PLU, a commenté la décision du maire de Gonesse de faire appel par la voix de Sophie Bardet, juriste de l'organisme : "C'est sans réelle surprise que la ville s'entête. Malgré les études économiques mettant en doute la solidité du projet, malgré les méfaits sur l'environnement et la qualité de vie, du grignotage des terres agricoles, malgré ces nombreux exemples de centre-ville en souffrance à cause de giga centres commerciaux, malgré toutes les alertes sur le climat et la biodiversité, Gonesse s'obstine avec un projet digne des années 1960. Il serait temps qu'elle consacre son énergie à mener des projets du 21e siècle, qui répondent aux besoins et défis d'aujourd'hui".
Enfin, des personnalités politiques ont également réagi :
Une victoire de plus pour les opposants à #EuropaCity, projet productiviste, consumériste, destructeur de terres agricoles : le plan local d'urbanisme de Gonesse annulé par la justice ! Ce projet dément doit être purement et simplement annulé
- Eric Coquerel (@ericcoquerel) 12 mars 2019
https://t.co/9DzYxSI8s8
Nouvelle victoire pour l'un des plus grands combats de notre temps : la lutte contre l'artificialisation des sols. Bravo à toutes les personnes mobilisées !#EuropaCity
- Mathilde Panot (@MathildePanot) 12 mars 2019
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