TRANSITION. La Programmation pluriannuelle de l'énergie 2019-2028 est un dossier stratégique pour la présidence de la République. Des dirigeants des grands groupes français ont été reçus à l'Elysée, ce mercredi 24 octobre 2018, pour en discuter avant que les décisions ne soient arrêtées et dévoilées, dans la première quinzaine du mois de novembre.

La très attendue révision de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) se fait désirer. L'annonce des orientations choisies pour les périodes 2019-2023 et 2024-2028 devait intervenir avant la fin du mois d'octobre. Mais les trajectoires des différentes filières énergétiques (nucléaire en tête, plus renouvelables et fossiles) ne seront finalement révélées par le Président de la République en personne qu'à la mi-novembre, après les célébrations du centenaire de l'Armistice. Et c'est à l'Elysée qu'ont été reçus des chefs de très grandes entreprises du secteur de l'énergie (EDF, Engie, Total, Orano, mais aussi des PME comme Akuo et Neoen) et d'autres acteurs de la transition, comme Bouygues, Vinci, Saint-Gobain et Veolia, ou des organismes publics comme le CEA et le CNRS.

 

 

Cette réunion de travail, initialement programmée le 22 octobre dernier mais finalement décalée en raison du déplacement d'Emmanuel Macron dans l'Aude, s'est faite en présence de trois ministres, François de Rugy (Transition écologique et solidaire), Bruno Le Maire (Economie et finances) et Frédérique Vidal (Enseignement supérieur et recherche). Son but : évoquer "la réduction des émissions de CO2, la maîtrise de la facture énergétique des Français, le made in France des solutions énergétiques bas carbone et les enjeux de souveraineté liés à l'énergie", annonce l'Elysée relayée par le quotidien Les Echos. S'en suivra une réunion interministérielle sur la PPE, ce jeudi 25 octobre, afin de préciser encore les futurs choix qui s'offrent à l'Hexagone, sur le rythme souhaité de décarbonation des énergies.

 

Pour les énergies fossiles, la messe est dite, mais pour le nucléaire…

 

 

La feuille de route déterminera ainsi l'avenir du mix énergétique national, reposant largement sur le nucléaire (75 %) et les énergies renouvelables (16 %). Il est, pour l'heure, prévu que ces énergies vertes progressent pour atteindre les 23 % en 2023, en grignotant des parts sur celles des énergies fossiles (charbon, fioul, gaz). Mais c'est la part de l'atome qui déterminera réellement la politique énergétique des années à venir : le recul de sa part à 50 % s'est peu à peu éloigné, passant de l'horizon 2025 à celui de 2030 voire 2035. Un rapport, remis l'été dernier à Nicolas Hulot et Bruno Le Maire, préconisait même de lancer la construction de six nouveaux réacteurs EPR, après l'entrée en service de celui de Flamanville afin de maintenir "les capacités industrielles de la filière nucléaire". Une position que pourrait défendre EDF, en mettant l'accent sur la faible empreinte carbone de cette électricité, tout en acceptant de fermer d'autres centrales que celle de Fessenheim. Mais une solution qui ralentirait le déploiement de toutes les autres énergies, selon des acteurs des EnR, étant donné les montants astronomiques qui seraient engloutis dans ces nouveaux moyens de production centralisés. Toutes les filiales - éolien terrestre ou offshore, photovoltaïque, hydroélectricité, énergies marines, biomasse - espèrent des ambitions élevées pour leur trajectoires respectives.

 

Quoi qu'il en soit, les grands arbitrages seront connus à la mi-novembre, quelques semaines avant la COP24 à Katowice (Pologne) qui se déroulera du 3 au 14 décembre 2018. L'occasion pour Emmanuel Macron d'endosser, une nouvelle fois, le rôle qu'il affectionne de leader international de la transition énergétique ?

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