PRIX. Le Japonais de 78 ans a remporté la prestigieuse récompense, considérée à l'échelle internationale comme la plus haute distinction en matière d'architecture. Logements, écoles, musées… En cinquante ans de carrière, le professionnel a signé la conception de nombreux édifices dans son pays et dans le monde.

Et le Prix Pritzker est décerné à… Riken Yamamoto. L'architecte japonais est récompensé par la fondation Hyatt pour "avoir sensibilisé la communauté […et] pour avoir remis en question la discipline de l'architecture", selon les mots du jury. Le concepteur de nombreux projets de logements et de bâtiments publics intègre les notions de communauté, de convivialité et de partage des espaces dans les opérations qu'il dessine, permettant ainsi d'unir espaces publics et privés.

 

"Un pont entre les cultures et citoyens"

 

À travers ses projets, Riken Yamamoto "fait le pont entre les cultures, les histoires et les citoyens de plusieurs générations, avec sensibilité, en adaptant l'influence internationale et l'architecture moderniste aux besoins futurs, estime le jury dans un communiqué ce mardi 5 mars 2024. Par la qualité forte et cohérente de ses bâtiments, il vise à donner de la dignité, à améliorer et à enrichir la vie des individus et leurs liens sociaux."

 

Villa Yamakawa Riken Yamamoto
La villa Yamakawa, conçue par Riken Yamamoto. © Tomio Ohashi

 

Toujours selon lui, les édifices imaginés par le Japonais permettent aux usagers d'être connectés à l'environnement avoisinant, et déclencher un sentiment d'appartenance chez ceux passant à proximité. Riken Yamamoto aime en effet à connecter les usagers aux espaces extérieurs, parfois avec des jeux de transparence comme au sein de l'université préfectorale de Saitama ou la caserne de pompiers Hiroshima Nishi, toutes deux situées au Japon.

 

Une carrière brillante

 

Riken Yamamoto est le cinquante-troisième lauréat du Pritkzer et le neuvième Japonais à recevoir ce prix. Né à Pékin (Chine) en 1945, il s'installe peu de temps après la fin de la Seconde Guerre mondiale à Yokohama, où il base son agence. Sa première expérience de l'architecture ? Le jour de sa visite du temple Kôfuku-ji, construit à Nara en 730. Alors adolescent, il se dit captivé par la pagode à cinq étages symbolisant les cinq éléments bouddhistes que sont la terre, l'eau, le feu, l'air et l'espace. En 1968, il sort diplômé de l'université de Nihon, département d'architecture, collège des sciences et technologies, et décroche sa maîtrise en architecture de l'université des arts de Tokyo, Faculté d'architecture, en 1971.

 

Deux années plus tard, il fonde son cabinet, Riken Yamamoto & Field Shop. Ses nombreux voyages dans les années 1970 à travers le monde lui font comprendre que "l'idée d'un 'seuil' entre les espaces publics et privés est universelle". C'est de là que vient sa volonté de reconsidérer les frontières entre espaces publics et privés. Pour lui, tous les espaces peuvent servir la communauté, et pas seulement les occupants. Avant de se lancer dans des opérations de logements sociaux, son premier projet, en 1977, porte sur la réalisation d'une maison individuelle, la villa Yamakawa.

 

Musée d\'art de Yokosuka Riken Yamamoto
Musée d'art de Yokosuka. © Tomio Ohashi

 

En cinquante années de carrière, il a conçu de très nombreux projets au Japon comme à l'étranger (essentiellement en Asie), allant de maisons individuelles à des écoles élémentaires. On compte, par exemple, l'université japonaise Nagoya Zokei (2022), le projet mixte "The circle" de l'aéroport de Zurich (Suisse, 2020) ou encore la bibliothèque chinoise Tianjin (2012).

 

Aujourd'hui, Riken Yamamoto enseigne à l'université de Kanagawa (Japon). Il est aussi académicien, à l'Académie internationale d'architecture, et a reçu de nombreuses distinctions tout au long de sa carrière, telles que le prix de l'Institut d'architecture du Japon (1988 et 2002), le prix de l'Académie des arts du Japon (2001) et le prix de l'Institut d'architecture du Japon (2002).

 

Une "contribution positive"

 

Le lauréat a souhaité s'exprimer suite à l'annonce de sa nomination. "L'approche architecturale actuelle met l'accent sur la vie privée, niant la nécessité des relations sociétales. Nous pouvons cependant toujours honorer la liberté de chaque individu, tout en vivant ensemble dans l'espace architectural en tant que république, favorisant l'harmonie entre les cultures et les phases de la vie", a-t-il déclaré.

 

Pangyo logements Riken Yamamoto
Le complexe de neuf immeubles de logements Pangyo. © Nam Goongsun

 

"L'une des choses dont nous avons le plus besoin pour l'avenir des villes est de créer, par le biais de l'architecture, des conditions qui multiplient les possibilités pour les gens de se réunir et d'interagir. En brouillant soigneusement la frontière entre le public et le privé, Yamamoto apporte une contribution positive qui va au-delà du cahier des charges pour permettre à la communauté de se développer, a affirmé Alejandro Aravena, président du jury et lauréat du prix Pritzker 2016. C'est un architecte rassurant qui apporte de la dignité à la vie quotidienne. La normalité devient extraordinaire. Le calme mène à la splendeur".

 

A noter : La cérémonie de remise de prix se déroulera le 16 mai prochain à Chicago, aux Etats-Unis.

 

 

 

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