L'Ecosse, région en pointe dans les énergies marines, vient de démarrer la production de tout un groupe d'éoliennes flottantes de grandes dimensions. Ce projet nommé Hywind implique l'énergéticien norvégien Statoil et l'entreprise émiratie Masdar.

Alors que la France vient d'inaugurer son premier démonstrateur d'éolienne flottante à Saint-Nazaire, l'Ecosse fait la course en tête. Avec le projet Hywind, ce sont cinq machines qui viennent en effet d'être déployées au large de ses côtes, fournissant ce 18 octobre 2017 leurs premiers MWh. Une avance de plusieurs années sur les projets français donc, puisque l'étape suivante du programme de déploiement en mer de fermes pilotes n'interviendra qu'en 2020-2021 au large de l'Hexagone…

 

 

L'ensemble Hywind repose sur des machines d'une puissance unitaire de 6 MW (trois fois plus que le prototype Floatgen d'Ideol), installées en mer du Nord, à 25 km au large de Peterhead (nord-est de l'Ecosse). Des machines géantes, dont la hauteur émergée atteint les 175 mètres (pales comprises) et dont la fondation métallique flottante descend à 78 mètres sous la surface. Un tirant d'eau impressionnant - bien supérieur à celui de l'ID1 d'Ideol (10 mètres maximum) - ce qui limitera le déploiement de tels engins à des zones relativement profondes, compte tenu des mouvements verticaux imprimés par la houle.

 

Hywind
Tailles comparée de différents monuments à côté de l'éolienne flottante de 6 MW © Statoil - Masdar

 

Des capacités qui vont grimper, des coûts qui vont chuter

 

Irène Rummelhoff, vice-présidente exécutive de l'activité Energies alternatives chez Statoil, l'énergéticien norvégien en charge de cette ferme, déclare : "Hywind peut fonctionner dans des eaux d'une profondeur allant jusqu'à 800 mètres, ce qui permet d'ouvrir à l'éolien offshore des territoires jusqu'à présent inaccessibles". Le directeur général de Masdar (compagnie d'Abu Dhabi partenaire du projet), Mohamed Al Ramahi, renchérit : "[Le parc] montre que la technologie éolienne flottante peut être viable commercialement là où la mer est habituellement trop profonde pour les éoliennes offshore classiques". Nicola Sturgeon, la Première ministre d'Ecosse, s'est, pour sa part, déclarée très satisfaite de pouvoir approvisionner 20.000 foyers en électricité décarbonée. L'exploitation de la ferme a créé des emplois sur la base de maintenance de Peterhead tandis que le centre de contrôle, situé beaucoup plus au sud à Great Yarmouth (Norfolk), en génèrera d'autres. Les partenaires ont d'ores et déjà prévu d'adjoindre à la ferme éolienne un système de stockage au lithium, d'une capacité de 1 MWh, nommé "Batwind". Une façon de compenser la production aléatoire des turbines.

 

 

L'industriel Statoil estime que, comme les autres technologies de l'éolien, dont les coûts baissent régulièrement, les technologies de l'offshore flottant verront leur courbe rejoindre celle des prix du marché. Irène Rummelhoff ajoute : "Statoil a l'ambition de réduire les coûts de l'énergie produite par la ferme Hywind pour atteindre les 40-60 €/MWh d'ici à 2030. En prenant en compte le fait que le gisement éolien offshore se situe à 80 % dans des zones où la profondeur est supérieure à 60 mètres, là où les éoliennes fixes ne sont plus pertinentes, l'éolien flottant devrait jouer un rôle significatif dans l'avenir". A ce jour, la Grande-Bretagne (dont fait encore partie l'Ecosse), est un leader mondial de l'éolien marin, avec un tiers de toutes les capacités mondiales. En additionnant cette puissance à celle de ses turbines à terre, le royaume parvient à couvrir 11 % de ses besoins en électricité grâce à la seule force du vent. En France, ce taux n'est que de 4 % environ, malgré des régimes de vents favorables, car complémentaires entre la moitié nord et la moitié sud du pays.

 

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