NUCLÉAIRE. EDF annonce que le réacteur de nouvelle génération est opérationnel à Taishan (Chine). Une première mondiale, survenue ce 13 décembre 2018 à l'issue des ultimes tests réglementaires, de nature à rassurer sur les capacités des EPR dont les chantiers sont généralement très en retard sur leurs plannings.
C'est fait, un premier EPR est en exploitation commerciale. EDF et son partenaire chinois CGN ont annoncé conjointement que l'unité numéro 1 de la centrale de Taishan était entrée en production ce jeudi 13 décembre 2018, après avoir supporté sans souci le dernier test réglementaire : un fonctionnement en continu à pleine puissance pendant 168 heures d'affilée. "Le succès de cette étape marque l'atteinte de l'ensemble des conditions nécessaires à l'exploitation du réacteur en toute sûreté", note le communiqué. Le combustible nucléaire, dont le chargement a été autorisé le 10 avril dernier, avait atteint le seuil de criticité le 6 juin suivant. La première connexion au réseau était ensuite intervenue le 29 juin.
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Le projet, porté par TNPJVC, co-entreprise fondée par China General Nuclear (51 %), EDF (30 %) et l'électricien provincial Yuedian (19 %), porte sur la réalisation de deux réacteurs type EPR, d'une puissance unitaire très élevée de 1.750 MW. La filiale française Framatome est intervenue, apportant son expertise tandis qu'EDF précise avoir fait profiter le chantier chinois du "retour d'expérience de l'EPR de Flamanville 3, dont la prise en compte a été un facteur clé du succès de Taishan 1 dans les premières phases du chantier". Les difficultés rencontrées en France auraient donc ainsi été évitées en Chine.
Un en service, cinq autres en chantier
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La centrale de Taishan, en retour, fera bénéficier toute la filière nucléaire de son expérience en matière de gestion de projet et de maîtrise technologique. Les premiers à en bénéficier devraient être les réacteurs de Hinkley Point C, dont la construction vient de débuter au Royaume-Uni. EDF fait remarquer qu'avec son partenaire chinois, elle collabore également sur deux autres projets britanniques : deux EPR à Sizewell et un autre réacteur à Bradwell, reposant sur la technologie Hualong. Cette dernière est une descendante des systèmes français REP de 900 MW à trois boucles de refroidissement des années 1990, améliorée quant à sa puissance électrique et sa durée de vie, portée à 60 ans.
Jean-Bernard Lévy, le pdg de l'électricien français, déclare : "La mise en service commerciale de Taishan 1, premier EPR au monde, est un succès de toute la filière nucléaire française. Il démontre sa capacité à concevoir un réacteur de 3e génération dans le respect des meilleurs standards de sûreté et de qualité". Il vante les faibles émissions de CO2 de l'électricité nucléaire dans un pays où la lutte contre la pollution atmosphérique et les rejets de gaz à effet de serre est une priorité nationale. La centrale de Taishan, une fois totalement en service avec ses deux réacteurs, produira jusqu'à 24 TWh par an, soit l'équivalent de la consommation annuelle de 5 millions de Chinois, tout en évitant la libération de 21 millions de tonnes de gaz carbonique dans l'atmosphère. Pour l'industrie française, la centrale chinoise représente la mobilisation d'une quarantaine d'entreprises et l'intervention de plus de 200 ingénieurs tout au long du projet, dont le chantier à débuté en 2009. Sur place, ce sont plus de 15.000 ouvriers chinois qui ont œuvré à la construction, tandis que près de 800 techniciens seront employés sur site, à l'exploitation des installations nucléaires.