INTERNATIONAL. Le gouvernement de ce pays d'Europe du sud a déployé son plan pour le logement afin d'aider les ménages à affronter la hausse des prix toujours plus forte de l'immobilier. Les "visas dorés", réservés aux riches investisseurs étrangers, sont notamment supprimés.
"Fin des visas dorés", titre le journal portugais Jornal de Negocios. Le gouvernement portugais a adopté le 30 mars 2023 des mesures qui mettent fin aux visas des riches investisseurs étrangers afin d'enrayer la grave crise du logement. Ces dernières années, le pays a connu une explosion des prix immobiliers. Les loyers se sont par exemple envolés en cinq ans, avec une hausse de plus de 40% entre 2017 et 2022, selon l'Institut national des statistiques.
Lisbonne plus chère que Rome
En 2022, les prix de l'immobilier ont connu la plus forte hausse jamais enregistrée au Portugal, soit plus de 13% sur un an, toujours selon l'Institut. Le prix moyen des maisons vendues dans le pays a cru de 12%, passant à 189.000 euros l'unité. Au total, près de 168.000 logements ont été vendus, pour un montant de 31,8 milliards d'euros. C'est la première fois que ce seuil est dépassé. Le nombre d'acheteurs étrangers a, lui, bondi de 20,2% en 2022 par rapport à l'année précédente, avec plus de 10.000 ventes de logements et un total de 3,6 milliards d'euros.
Lisbonne, la capitale, est, elle, devenue plus chère, au mètre carré (4.715 euros en 2022), que Marseille, Rome ou Bruxelles, a montré le magazine portugais Visão, qui s'est appuyé sur une étude comparative de 36 villes européennes réalisée par le cabinet Deloitte. Par ailleurs, le gouvernement a recensé 730.000 logements délabrés ou vacants dans le pays.
Location obligatoire d'appartements vacants
Pour répondre à cette crise, le Premier ministre António Costa avait présenté, mi-février 2023, un plan pour le logement, dont une importante partie est consacrée au marché de la location. Une enveloppe de 900 millions d'euros a été débloquée pour répondre à ces problèmes d'habitat. Parmi ces mesures, celle, phare, de l'arrêt des "visas dorés" a fait réagir la presse portugaise. Depuis son lancement en 2012, le programme de permis de séjour pour activités d'investissement avait autorisé la délivrance de plus de 11.700 visas à des citoyens étrangers. Ces derniers avaient rapporté à l'Etat 6,8 milliards d'euros. Quatre-vingt-neuf pour cent de ces permis de séjour ont uniquement permis l'achat de biens immobiliers. "Il n'y a eu des créations d'emplois que dans seulement 22 cas", a précisé le chef de l'Etat.
D'autres mesures sont prévues, dont celle de proposer des avantages fiscaux pour les propriétaires acceptant de placer des locations saisonnières sur le marché résidentiel et une fiscalité favorable pour le marché locatif de longue durée, indique l'AFP. Une autre concerne la location obligatoire d'appartements vacants depuis plus de deux ans dans les régions les plus peuplées. Toutes ces propositions, bien qu'adoptées par le gouvernement, vont être soumises au Parlement. Ce dernier est dominé par les socialistes, le parti d'António Costa.
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