Le glacier de Tête Rousse, dans le massif du Mont-Blanc, fait à nouveau parler de lui : la poche d'eau qu'il renferme, déjà purgée en 2010 et 2011, serait déjà pleine. Des opérations de pompage devraient avoir lieu en septembre car aucune solution d'évacuation régulière des eaux de fonte n'a été mise en place, faute de budget.

Alors que le service de Restauration des terrains de montagne (RTM) de l'Office National des Forêts avait proposé plusieurs solutions techniques pérennes, permettant de vidanger au fur et à mesure la poche d'eau du glacier de Tête Rousse, de nouvelles opérations de pompage saisonnières devraient avoir lieu prochainement. Déjà purgé en 2010 et en 2011, le lac sous-glaciaire situé à 3.200 mètres d'altitude serait en effet de nouveau plein depuis le printemps. Le volume d'eau total du réservoir est estimé à 55.000 ou 65.000 m3. L'an dernier, ce sont 16.000 m3 qui avaient été pompés en septembre-octobre pour un coût de 500.000 euros. Plusieurs puits de 25 cm de diamètre et de 40 mètres de profondeur avaient été forés pour permettre l'aspiration mécanique de 50 m3/heure pendant trois semaines.

 

« Il va bientôt falloir pomper. Je me prépare à lancer le marché public dans le mois qui vient », indique Jean-Marc Peillex, le maire de Saint-Gervais, la commune située en contrebas du glacier. L'élu, qui milite pour le creusement d'un tunnel permettant d'évacuer régulièrement l'eau comme un siphon de lavabo, déplore le manque de moyens alloués, l'opération étant évaluée à 6 ou 8 millions d'euros. « C'est la seule solution qui permette de purger le glacier et de préserver la sécurité des habitants. (…) Vu de Paris, ce n'est qu'une question d'argent. Protéger 3.000 ou 4.000 personnes se réduit à une équation financière », estime l'édile.

 

Continuer les opérations de pompage annuelles
Mais du côté de la préfecture de Haute-Savoie, on temporise : « Il n'y a pas de risque pour la population », assure Régis-Alain Castro, le directeur de cabinet du préfet. « A chaque nouveau pompage, la cavité se rétracte et il y a moins d'eau. L'ensemble des services de l'Etat a donc préconisé que l'on continue le pompage ». Le creusement de la galerie ne serait pas exclu et l'option serait soumise à un examen technico-financier. « Mais cela aurait un coût phénoménal. On ne va pas se lancer dans des travaux qui coûteraient des millions d'euros sans en connaître l'efficacité réelle. On se donne le temps de la réflexion. Pour le moment, on pense qu'il est préférable de continuer à pomper », martèle M. Castro. Les Shadoks apprécieront, les habitants de Saint-Gervais peut-être moins.

 

En juillet 1892, la fonte estivale des glaces avait entraîné la libération brutale du contenu du réservoir : environ 85.000 m3 d'eau avaient provoqué la formation d'un torrent de boue qui avait ravagé les vallées du Bionnassay, du Bon Nuant et de Bionnet au Fayet. La catastrophe avait fait 175 victimes.

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