Après bien des débats confus au sein du gouvernement, Nicolas Sarkozy a tranché : les entreprises de plus de 50 salariés devront obligatoirement verser une prime si elles augmentent leurs dividendes. Celles de moins de 50 personnes sont « incitées » à le faire. Réactions.
Le Président du « pouvoir d'achat » est de retour ! A un an des échéances électorales, Nicolas Sarkozy n'avait plus qu'un seul mot d'ordre lors d'une visite officielle dans les Ardennes : le « partage des valeurs ». Il vient donc d'annoncer l'instauration d'une prime obligatoire dans les grandes entreprises (> 50 salariés) qui versent des dividendes. En-dessous de 50 salariés, elles seront « incitées » à verser cette même prime, qui sera exonérée des charges fiscales.
Evoquée il y a une quinzaine de jours par François Baroin, ministre du Budget, puis reprise et modérée par ses collègues du Travail (Xavier Bertrand) et de l'Economie (Françoise Lagarde), la prime à l'origine d'une valeur de 1.000 € est devenue mercredi une simple prime, dont le montant reste encore à définir. Ce qui est sûr, c'est que le chef de l'Etat a tranché pour un dispositif contraignant qu'il souhaite même voir appliqué « dès cette année ». Le Premier ministre a donc annoncé quelques heures après qu'un projet de loi serait soumis au Parlement « avant l'été ». Si François Baroin assurait, pour sa part, que les décrets d'application seraient « publiés au mois de juillet » et que le dispositif avait « vocation à être pérenne », Christine Lagarde, bien plus mesurée, n'évoque qu'un vote « avant la fin de l'année ».
Incompréhension et inégalité
La polémique de ces derniers jours n'a fait qu'enfler mercredi, et syndicats et patronat sont à nouveau montés au créneau, unis dans un mécontentement général. Ainsi, alors qu'il parlait, le 13 avril dernier, d'une mesure « incompréhensible », le Medef dénonçait ce jeudi une « mauvaise mesure » et une « complication de plus » pour les entreprises qui créent de l'emploi en France. Arguant que « le dividende est l'outil qu'a le propriétaire de l'entreprise pour rémunérer ses actionnaires, qui sont difficiles à trouver dans les PME », le mouvement patronal a précisé que ce sont les entreprises de 50 à 500 salariés qui ont besoin de se développer… De son côté, la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) avoue que c'est « une bonne nouvelle pour les entreprises de moins de 50 salariés », mais une « mauvaise » pour toutes les autres. Mais elle reconnaît également que le versement de cette prime « empiète sur la liberté de gestion du chef d'entreprise ». La CFDT qualifie ce dispositif d' « erreur » qui va « diviser les salariés », tandis que la CGT accuse le gouvernement de faire des « tentatives électoralistes » et des « improvisations ».
Enfin, l'Union Professionnelle Artisanale (UPA) ne peut que se féliciter que la mesure soit désormais étendue aux PME de moins de 50 salariés - « l'essentiel du tissu économique » - et préconise plutôt de « réduire le coût du travail en modifiant l'assiette de financement de la sécurité sociale, ce qui permettrait d'élever le salaire direct ». La question du pouvoir d'achat n'a pas fini de faire couler de l'encre… au moins jusqu'aux élections de 2012.