FOCUS. Une étude réalisée par l'institut Kantar pour le compte de l'assureur MMA démontre que les TPE de la construction basées dans des régions rurales sont les entreprises qui recourent le plus, tous secteurs confondus, aux pratiques collaboratives, comme par exemple les prêts de véhicules, de matériels ou encore de bureaux. La marge de développement est toutefois très importante.

La solidarité professionnelle ne semble pas être un vain mot pour les plus petites entreprises de la construction. Une étude réalisée par l'institut Kantar pour le compte de l'assureur MMA démontre que les TPE (très petite entreprises, employant 1 à 5 salariés) de la construction basées dans des régions rurales (communes de moins de 20.000 habitants) sont les entreprises qui recourent le plus, tous secteurs confondus, aux pratiques collaboratives.

 

 

Ce concept englobe par exemple les prêts ou les emprunts, le plus souvent gratuits, de personnels, de véhicules, de matériels ou encore de bureaux, qui remplacent de fait leur achat. Au-delà de leur intérêt économique, ces comportements ont aussi une vertu écologique en limitant la consommation d'énergie et l'émission de gaz à effet de serre.

 

Dans la foulée d'une première enquête sur la connaissance et l'usage des pratiques collaboratives entre professionnels menée en 2017, cette nouvelle étude a interrogé 400 dirigeants de TPE implantées dans toute la France et évoluant dans l'ensemble des secteurs d'activité. Les résultats globaux démontrent qu'environ une entreprise sur deux dispose de ressources à partager, et que neuf sur dix sont familières des collaborations.

 

Le matériel est la première ressource partagée

 

Si ce niveau progresse par rapport à 2017, il reste encore une marge de développement : 25% de toutes les TPE sondées ont instauré au moins un partage de ressources, sous la forme de prêt ou de don, au sein de leur structure - elles étaient 22% il y a cinq ans. Dans la construction, les trois ressources les plus partagées sont le matériel (34%), les utilitaires (16%) et les bureaux ou ateliers (15%). Au cours des 12 derniers mois, 42% des TPE du BTP indiquent avoir prêté ou emprunté des ressources, 37% seulement prêté et 27% uniquement emprunté.

 

Ceci dit, un peu plus de la moitié (51%) de ces dirigeants n'y trouvent aucune utilité, tandis que 29% s'intéressent à l'argument financier, 24% à l'entretien du relationnel et 8% à la réduction des coûts et des délais. Ils sont par ailleurs 35% à considérer que ces pratiques ne sont pas compatibles avec le fonctionnement de la filière, quand 18% n'en voient pas l'intérêt, 17% disent ne pas avoir confiance et 14% déclarent ne rien avoir à partager.

 

Les entraides gratuites sont les plus fréquentes, à l'exception du prêt de bureaux ou d'ateliers. L'étude de 2022 relève en outre un "fort potentiel de développement" autour des effectifs (+20%), des outils (+16%), des utilitaires et des emplacements de parking (+15% chacun) dans le secteur du bâtiment et des travaux publics.

 

Presque un quart des effectifs sous-utilisés ou en déficit

 

C'est principalement par le bouche à oreille que les professionnels ont connaissance des pratiques collaboratives. Les trois premières sources d'informations pour les artisans du BTP sont les professionnels, collègues et amis (72%), les médias (45%) et les publicités (15%). Les plateformes d'échange ne sont guère utilisées puisque seulement 18% des entrepreneurs y ont recours, surtout pour le partage de locaux et d'utilitaires. "On remarque cependant une hausse de la notoriété du concept grâce à la publicité au détriment des médias d'information", note Kantar.

 

 

L'institut souligne également que près de la moitié des TPE disposent de ressources sous-utilisées, ou à l'inverse manquent de ressources. Dans la construction, ce niveau atteint 24% pour les personnels, 10% pour les locaux, 9% pour les places de stationnement, 7% pour l'équipement et 5% pour les véhicules. Une situation qui pourrait justement trouver une solution via les pratiques collaboratives.

 

Se pose enfin la question de l'assurance, qui peut freiner la volonté de franchir le pas : en 2022 comme en 2017, plus de 50% des entreprises, tous secteurs confondus, jugent nécessaire de souscrire un contrat pour couvrir le partage de ressources. En parallèle, elles sont 70% à envisager de recourir, ou de continuer à recourir pour celles qui les appliquent déjà, à ces comportements solidaires pour au moins une ressource. Le fait d'être suffisamment couvert par une assurance dédiée inciterait tout de même un tiers des TPE à se lancer dans la démarche ou à l'amplifier.

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