FILIÈRE. Le Forum mondial bâtiments et climat se tient jusqu'au 8 mars 2024 au Palais des congrès de la Porte Maillot, dans le XVIIe arrondissement de la capitale. À l'initiative du gouvernement français et de l'ONU, les acteurs publics et privés doivent aborder les grands enjeux du secteur.
Les 7 et 8 mars 2024, on va beaucoup parler bâtiment et urgence climatique à Paris. Un évènement inédit est en effet organisé à l'initiative du gouvernement français : le Forum mondial bâtiments et climat prend ses quartiers au Palais des congrès de la Porte Maillot, dans le XVIIe arrondissement de la capitale. Il est organisé conjointement par la France et le Programme des Nations-Unies pour l'environnement (PNUE), avec le soutien de l'Alliance mondiale pour le bâtiment et la construction (Global ABC).
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"Pour la toute première fois, des ministres en charge de la construction et du bâtiment du monde entier se rassemblent à Paris avec toutes les parties prenantes pour s'engager sur la décarbonation et la résilience d'un secteur qui génère aujourd'hui 21% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial", s'est félicité pour l'occasion Christophe Béchu.
Le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires estime qu'en "rassemblant des pays comme la Chine, les États-Unis, l'Égypte ou le Brésil autour de ces objectifs, l'impact et la dynamique de ce forum seront déterminants pour nous mettre collectivement dans la trajectoire de l'Accord de Paris". Selon son entourage, le Japon, l'Allemagne, la Turquie, la Côte d'Ivoire, le Cameroun ou encore l'Afrique du Sud devraient aussi être de la partie.
Mauvaise voie
Il faut dire que le secteur fait face à un sacré défi. Pour rappel, la construction pèse 21% des émissions mondiales de GES, 37% des émissions mondiales de CO2 liées à l'énergie, 34% de la demande énergétique mondiale et la moitié de la consommation mondiale de matières premières.
Et tandis que les pays développés s'attellent à rénover leur parc vieillissant, les pays émergents se retroussent les manches pour faire sortir de terre de nouveaux logements, bureaux et usines. L'ONU (Organisation des Nations-Unies) prévoit même un doublement des surfaces construites à l'échelle planétaire d'ici à 2060.
Or le bâtiment et les travaux publics "sont un secteur où les émissions mondiales de GES continuent d'augmenter", souligne le cabinet de Christophe Béchu. "Le secteur n'est pas sur la bonne voie pour parvenir à la décarbonation d'ici 2050. (...) Il devient donc impératif de repenser fondamentalement la manière dont nous construisons et utilisons nos bâtiments afin d'assurer le succès des politiques climatiques nationales et de respecter l'Accord de Paris sur le climat" signé lors de la COP21, en 2015.
Enjeux économique et environnemental
L'enjeu est aussi économique. D'après Roquelaure, la construction représente 7% de l'emploi mondial, ce qui représente 200 millions de postes, et 12% du produit intérieur brut mondial. Les biens immobiliers, quant à eux, valent 55% de la richesse mondiale, soit près de 340.000 milliards de dollars, ou 311.000 milliards d'euros.
Bien sûr, l'enjeu est également environnemental. Il faut en plus intégrer les aléas climatiques qui se multiplient, des tempêtes aux inondations en passant par les canicules et sécheresses. Selon les acteurs, un consensus se dégagerait sur l'urgence de la transition écologique dans la filière, avec l'objectif de construire des bâtiments plus durables et plus équitables, le tout dans l'objectif d'atteindre la neutralité carbone en 2050.
Reste à voir ce qui ressortira concrètement de cette grand-messe internationale. L'exécutif attend 1.800 participants et 80 délégations étrangères représentant une cinquantaine d'États durant ces deux jours de débats et d'échanges. Sont également conviés des investisseurs et gestionnaires d'actifs, des promoteurs immobiliers, des assureurs et réassureurs ainsi que des fabricants de matériaux et produits de construction. Enfin, sont attendus des architectes, des ingénieurs, des gestionnaires de biens ou encore des organisations comme l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
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"Changement de paradigme"
À l'issue, Paris espère un "changement de paradigme" dans la manière de construire. "L'objectif du Forum mondial bâtiments et climat est de placer la transition du secteur de la construction et le bâtiment durable au premier plan de l'agenda climatique, de débloquer les flux financiers nécessaires à cette transition en faisant face aux besoins croissants au niveau mondial, et d'obtenir des engagements des différentes parties prenantes", explique le ministère.
Cela devrait se traduire par une déclaration commune, baptisée "Déclaration de Chaillot", qui sera approuvée par l'ensemble des gouvernements. "Elle définira un cadre de collaboration internationale, des recommandations politiques et des engagements pour la décarbonation, la résilience et la transition écologique du secteur du bâtiment", ajoute Roquelaure.
L'AFP indique que cette déclaration est négociée depuis déjà plusieurs mois dans la foulée des grandes conférences internationales de l'ONU sur le climat, telle que la COP28 organisée fin 2023 à Dubaï. D'autres contributions devraient être annoncées par le reste des acteurs, notamment au sujet de la décarbonation des activités industrielles et de la chaîne de valeur.