L'Alliance pour l'énergie solaire abordable (Afase) s'inquiète des mesures prises par l'Union européenne pour contrer les pratiques de dumping des producteurs de matériels photovoltaïques chinois. S'appuyant sur l'étude publiée par Prognos en février, elle craint des conséquences négatives du protectionnisme sur l'emploi, contrairement à EU Pro Sun associée au cabinet PricewaterhouseCoopers, qui estiment que l'industrie solaire européenne sera préservée.
L'Afase (Alliance for Affordable Solar Energy) et EU Pro Sun sont deux associations européennes qui représentent les industriels du photovoltaïque. Mais elles ne sont pas d'accord sur les conséquences de la mise en place d'une taxation punitive sur les produits chinois importés. La première avance que les taxes anti-dumping annoncées par Bruxelles auront des conséquences dramatiques sur l'emploi, avec la destruction de 242.000 postes en Europe, dont 20.000 en France (chiffres basés sur l'étude de l'Institut indépendant Prognos, basé en Suisse). Faux, répond la seconde, s'appuyant à son tour sur une autre étude, fournie par PricewaterhouseCoopers (PwC) : elle avance au contraire que les taxes auront un impact positif sur l'emploi européen, prenant pour exemple la situation américaine. Car en 2012, malgré l'instauration de barrières douanières très sévères (30 à 250 % de taxation), l'année a enregistré un nombre record d'installations photovoltaïques. Selon PwC, "cet exemple illustre qu'il y a de bonnes raisons de ne pas croire les études alarmistes".
L'exemple américain fait débat
De son côté, l'Afase persiste. Pour elle, les résultats de l'étude Prognos "se basent sur des calculs prudents et fiables". Et l'alliance réfute le bienfondé de l'utilisation de l'Amérique comme exemple. "Il est possible que 2012 ait été une année record aux Etats-Unis, mais la comparaison des conséquences de l'imposition des taxes sur le marché américain et leur impact potentiel sur le marché est totalement inadaptée pour le marché européen", explique l'Afase. Les produits concernés et les deux marchés seraient très différents. L'Europe englobe, dans sa taxation, les wafers, cellules et modules d'origine chinoise quand les Etats-Unis se contentent d'inclure les seules cellules. "Si les importations aux Etats-Unis de modules fabriqués en Chine incorporant des cellules chinoises ont diminué alors que les installations américaines ont augmenté, c'est précisément parce que la demande est satisfaite par des modules fabriqués en Chine utilisant des cellules non chinoises", détaille l'alliance, insinuant par-là qu'il n'était donc pas pertinent de s'appuyer sur l'évolution de la situation aux Etats-Unis pour évaluer l'impact de mesures en Europe.
D'autre part, le marché américain, où les produits solaires à couche mince sont importants, serait donc très différent du marché européen où ils sont encore peu développés. "Non seulement il y a peu de producteurs chinois de produits à couche mince, mais la demande en grandes installations au sol est principalement satisfaite par des producteurs non-chinois, dont la société First Solar par exemple". Conséquence : ce segment très important du marché américain ne serait pas affecté par les taxes sur les produits chinois. "Dans l'UE, en revanche, la demande en grandes installations au sol est principalement satisfaite par les produits solaires en silicium cristallin qui font actuellement l'objet des enquêtes".
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