CHRONIQUE. Les principaux protagonistes de la semaine ? Les maires, pour qui la zan ne sera jamais zen et… la neige. Mais aussi une question qui brûle toutes les lèvres : le gouvernement passera-t-il Noël ?

Tombe la neige… Alors que les premiers frimas de l'hiver se font sentir, les esprits ne restent pas de glace. Ils s'échauffent même. Et oui, le budget est toujours sur la table, un 49-3 en embuscade, et donc une motion de censure issue d'alliances contraires à sa suite. De quoi faire craindre une chute anticipée du gouvernement. Tombera, tombera pas ? Le Premier ministre se tient "prêt" en tout cas, "ne sachant pas si cela se produira". Tout en rappelant qu'il sait "que ce n'est pas ce que souhaitent les Français, qui souhaitent aujourd'hui de la stabilité, de la sérénité", semblant renvoyer ceux qui voudraient entonner un "Goodbye Marylou" à leurs responsabilités.

 

Keep running

 

Mais c'est tout de même avec cette épée de Damoclès sur leur tête que plusieurs ministres - Valérie Létard (Logement), Catherine Vautrin (Territoires), mais aussi Bruno Retailleau (Intérieur), Françoise Gatel (Ruralité), François Durovray (Transports)… - se sont succédés cette semaine au Congrès des maires et au salon associé, tentant ça et là de rassurer, de composer et de faire avancer tout de même les dossiers. Laisser une trace de son passage, malgré tout.

 

Take a look at me now

 

Car l'on ne peut pas dire que les élus affichent en ce moment un optimisme flagrant. C'est même plutôt l'inverse, et ils entendent bien que cela change ! Ils se sont ainsi affichés unis, mais écharpes en berne, pour dénoncer les coupes budgétaires que l'État entend leur imposer. Et n'ont pas manqué non plus, parmi les autres sujets qui fâchent, d'évoquer la zéro artificialisation nette.

 

Zan pas zen

 

Fini "le zan, restons zan", leur a-t-on répondu. Et place à "Trace" pour "trajectoire de réduction de l'artificialisation concertée avec les élus locaux", un nouveau dispositif prévu par la proposition de loi sénatoriale votée le 7 novembre, portée par les sénateurs Guislain Cambier et Jean-Baptiste Blanch. Le gouvernement a annoncée la soutenir car elle devrait être plus "ancrée dans la réalité des territoires."

 

"Nous ne renonçons pas à l'objectif de sobriété foncière ni de maîtrise des risques d'une excessive artificialisation des sols. Mais, en même temps, la réglementation enferme les maires dans un carcan. Et les maires ne peuvent plus assurer cette mission qui est la leur d'être des maires bâtisseurs". Michel Barnier, Premier ministre lors de la séance de questions au gouvernement au Sénat le 20 novembre 2024.

 

"Oh, think twice, 'cause it's another day for you"

 

"Ne pas oublier les objectifs mais "garder la capacité à investir", partir "davantage de la réalité des territoires"… Les mots ont été dits à plusieurs reprises par plusieurs membres du gouvernement, pour qui cette "Trace" permettra de rendre leur liberté perdue aux élus. Et d'annoncer sans attendre le vote du texte, des mesures immédiates en ce sens, comme la saisine par les Préfets de la circulaire dite des 20%, qui permet de donner des marges de manœuvre supplémentaires aux collectivités qui en ont besoin immédiatement ou encore la modification d'un décret pour que les jardins pavillonnaires ne soient plus considérés comme des terrains artificialisés.

 

Avec la petite musique de la semaine, découvrez une chronique/playlist inédite, éclectique et subjective qui se construit au gré de l'actualité… Elle se construit sur un mot, une situation lorsqu'une mesure, des notes et/ou des paroles viennent ou restent en tête... Pour retrouver toutes les playlists et petites musiques de la semaine, suivez ce lien. Bonne écoute !

 

Autre mesure vers les collectivités, mais cette fois-ci pour les départements, et suspendue au vote du budget : le relèvement du plafond des droits de mutations prélevés sur les ventes de biens immobiliers à hauteur de 0,5% pour une durée de trois ans. Le Premier ministre a eu beau ajouté qu'il ne fallait tout de même pas "faire quelque chose qui pourrait contrarier [la] relance [de l'immobilier]" et qu'il pensait que cet "effort (…) est acceptable", cela n'a pas été du tout du goût des professionnels de l'immobilier, comme la Fnaim et la Cafpi. De quoi réfléchir à deux fois avant de se lancer ? Les discussions sont renvoyées au Sénat, prévient le ministère des territoires, quant à savoir si les primo-accédants seront exclus de cette hausse. A noter que Matignon a néanmoins confirmé à l'AFP vendredi en fin de journée que les achats pour les primo-accédants ne seront pas concernés, comme ceux dans le neuf.

 

Chem chem cheminée

 

Avec ce froid polaire s'abattant d'un coup sur la France, la question du chauffage s'est aussi invitée dans de nombreux foyers. Alors que certains profitent de la chaleur et du crépitement de leur feu de cheminée, la filière du chauffage bois s'inquiète. Il faut dire qu'elle a été particulièrement malmenée cette semaine : d'abord par des médecins qui ont interpellé la ministre de l'énergie sur la pollution générée mais aussi, par un possible nouveau coup de rabot sur les forfaits MaPrimeRénov' dédiés à ses appareils que le gouvernement entendrait mener. Depuis les toits, les fumées de cheminées continuent de laisser pour l'instant leur trace s'évaporer sur la ligne d'horizon...

 

Passer ma route

 

Le changement climatique, on le sait, on le répète, laissera quoi qu'il arrive des traces. Il neige aujourd'hui, mais un redoux (avec des écarts de près de 15 degrés) est déjà annoncé dans les prochains jours. À quoi ressembleront donc les villes demain ? Cette semaine, bonne nouvelle, le guichet unique destiné à accompagner les collectivités territoriales dans leurs démarches d'adaptation au changement climatique a été mis en place : l'expertise des opérateurs étatiques et de la Banque des territoires sera ainsi regroupée dans une offre unique. Autre fait marquant : l'adoption à Paris du nouveau PLU bioclimatique qui a fait l'objet de nombreux débats. L'objectif ? Faire de Paris une ville "rafraîchie, respirable, résiliente, verte, solidaire et abordable" à l'horizon 2035-2040.

 

"Je fais que passer ma route / Pas vu celle tracée / Passer entre les gouttes / Évadé belle" Passer ma route, Maxime Le Forestier

 

Jardin d'hiver

 

Pour terminer et parce que la communication et le dialogue sont à rechercher partout et pour tous, en prélude, allons chercher l'inspiration du côté de la Villa Savoye qui, le temps d'une exposition intitulée Natures intérieures, nous invite à découvrir les "conversations" entre l'extérieur et l'intérieur, le design et l'architecture, la nature et l'humain, les traces laissées et celles futures à dessiner…

 

La playlist de la petite musique de la semaine

 

Tombe la neige, Salvatore Adamo
Goodbye Marylou, Michel Polnareff
Keep running, Britti
Against All Odds (Take a Look at Me Now), Phil Collins
Zen, Zazie
Another day in paradise Phil Collins
Chem chem cheminée, signée les frères Sherman, pour le film musical américain Mary Poppins, de Robert Stevenson
Passer ma route, Maxime Le Forestier
Hygiaphone - Téléphone
Jardin d'hiver, Henri Salvador, chanson co-écrite par Benjamin Biolay et Keren Ann
Prélude, book 1, L.117, La fille aux cheveux de lin (arrangement pour clarinette et orchestre)

 

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