CHRONIQUE. La COP 29 s'est ouverte à Bakou, capitale de l'Azerbaïdjan, sur des propos polémiques de son président. La messe est-elle dite ?

Entre les mots "cop" et "Dieu", notre cœur a balancé ces derniers jours, vous allez comprendre. Pour commencer, cap donc sur la Cop 29 à Bakou, qui a le mérite de condenser nos deux mots de la semaine. Bakou, capitale de l'Azerbaïdjan, où comme pourrait le dire aussi certains, se déroule "la Cop de coups bas." À contrario de ce que pensaient les Frères Jacques "quand il n'y aura plus de pétrole (…) le bon dieu retrouvera ses moutons", le président Ilham Aliev a donc préféré jouer la carte du "Pétrole pop" dans son discours d'ouverture de la COP29, en affirmant que pour lui, pétrole et gaz étaient "un cadeau de Dieu."

 

Oh my god

 

"Toute ressource naturelle, pétrole, gaz, vent, solaire, or, argent, cuivre : ce sont des ressources naturelles et on ne doit pas reprocher aux pays d'en avoir et de les fournir aux marchés, car les marchés en ont besoin (…) nous devons être réalistes" a-t-il déclaré également. Même s'il se défend d'être contre une nécessaire transition verte, Ilham Aliev assume et persiste dans ses déclarations.

 

Compte pas sur moi

 

Alors que l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche avait déjà inquiété quant à la poursuite des objectifs mondiaux dans la lutte contre le changement climatique, le fait que le président du pays d'accueil du sommet international sur le sujet puisse avoir de tels propos, en plus de ceux particulièrement violents et inacceptables qu'il s'est permis de tenir sur la France, en ont fait bondir plus d'un. Notre ministre de la transition écologique Agnès Pannier Runacher a donc annulé sa venue sur place.

 

Avec la petite musique de la semaine, découvrez une chronique/playlist inédite, éclectique et subjective qui se construit au gré de l'actualité… Elle se construit sur un mot, une situation lorsqu'une mesure, des notes et/ou des paroles viennent ou restent en tête... Pour retrouver toutes les playlists et petites musiques de la semaine, suivez ce lien. Bonne écoute !

 

'Long gone the rendez-vous' (le rendez-vous est manqué depuis longtemps)

 

Est-ce vraiment une surprise ? Autocrate, le président de l'Azerbaïdjan entend ménager son économie nationale, fondée quasi entièrement sur ses richesses fossiles et peut dans tous les cas compter sur une absence totale de contestation au sein de son pays, tant sa gestion personnelle des droits de l'homme est plus que critiquable, puisqu'elle est inexistante. Le président Aliev restera dans tous les cas un Out of time man.

 

Good Cop Bad Cop

 

Donc non, ce n'est pas une surprise. L'absence de nombreux chefs d'États lors du sommet en est bien l'illustration. Mais après une précédente COP située aux Émirats arabes unis, eux aussi fortement dépendants de leurs exportations d'énergies fossiles, difficile de ne pas s'inquiéter pour l'avenir et la pertinence de ces grands-messes internationales…

 

Lullaby of Birdland

 

Côté français en tout cas, nous n'avons pas à rougir des efforts du secteur du bâtiment pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre. On continue même d'avancer. "C'est l'histoire fabuleuse /Où des oiseaux par milliers/ D'une île miraculeuse /S'envolent éparpillés, dispersés..." C'est bien ce qu'il est souhaité en effet par les concepteurs du Colibri, futur moteur national de l'écoconception de bâtiment mis au point par le CSTB, l'Ademe, l'Alliance HQE-GBC et Effinergie dans le cadre du projet Cible. Après deux ans de travaux et à l'issue d'une "démarche fortement collaborative", une première copie de leur cahier de prescription a été rendue cette semaine pour une mise en service espérée en 2025. Un objectif les a guidés : faire de ce moteur la référence pour l'ensemble des acteurs du bâtiment sur les 15 ans qui suivront sa mise en service.

 

Can't hold us (on ne peut pas nous retenir)

 

Désignée en juillet dernier Grand Prix de l'urbanisme 2024 pour son ambition "d'écologiser la fabrique de la ville", Claire Shorter nous rappelle aussi dans son interview à Batiactu ô combien les approches d'aujourd'hui ne doivent et ne sont déjà plus celles d'hier. Frugalité, sobriété, décarbonation, résilience, biodiversité, écoute et dialogue avec le territoire et de ses habitants… Des maîtres-mots qui se partagent et s'échangent désormais par bon nombre de professionnels.

 

Bloody sunday

 

En France, c'est aussi la grise mine. On ne peut pas le nier, on ne se refait pas. Tandis que le budget joue les allers-retours façon "c'est la chenille qui redémarre" et alors que pourtant, de premiers signes positifs pointaient le bout de leur nez, tout cela ne va pas assez vite. Notamment pour les promoteurs immobiliers, qui n'en finissent pas de souffrir sur fond de crise. Cette semaine, C'est au tour d'AFC, acteur symbolique s'il en est, car dirigé par la précédente présidente de la Fédération des promoteurs immobiliers, d'annoncer sa mise en liquidation judiciaire… Pour le président actuel de la FPI, Pascal Boulanger, "Si nos dirigeants ne réagissent pas, 2025 sera sanglant." Et personne ne veut en arriver là.

 

Ça va venir, découragez-vous pas

 

"Mes amis, je vous assure /Que le temps est bien dur /Il faut pas s'décourager/Ça va bien vite commencer/De l'ouvrage, y va en avoir/Pour tout le monde, cet hiver/Il faut bien donner le temps/Au nouveau gouvernement/Ça va v'nir puis ça va v'nir mais décourageons-nous pas" Mary Travers, dite La Bolduc, auteure-compositrice-interprète québécoise, 1929.

 

Difficile pour la ministre Valérie Létard de tenir le cap des engagements, tant que rien n'est acté et validé côté budget au Parlement, mais elle entend bien poursuivre ses efforts. Elle s'est ainsi et notamment tournée cette semaine vers les bailleurs sociaux, en faisant un geste sur la RLS, tant décriée par ces derniers. Alors certes, ce n'est pas la suppression qu'ils réclament, mais une baisse non moins conséquente de 200 millions d'euros, en contrepartie d'engagements précis de production de logements sociaux. Et en attendant d'autres mesures de relance, comme la baisse du livret A.

 

Il est venu le temps des cathédrales

 

Pour finir, parlons encore Dieu mais parlons bien. Cap en effet sur la réouverture prochaine de Notre-Dame, dont le calendrier est désormais défini. Quelle force a guidé leurs pas ? Nul ne sait, mais le président Macron en avait fait un "Dixit dominus" et le contrat a été rempli par l'ensemble des compagnons, artisans et entreprises, maîtres d'ouvrages et maîtres d'œuvre engagés sur ce chantier hors normes : cinq ans après l'incendie, la cathédrale s'est refait une beauté. "La réalisation d'une vie", pour l'architecte en chef des monuments historiques Philippe Villeneuve, récompensé en 2019 d'un Trophée d'honneur aux Trophées de la construction (organisé par Batiactu et la SMABTP) bien mérité, qui se dévoile dans nos colonnes cette semaine, à l'issue de ce chantier historique. Amen.

 

La playlist de la Petite musique de la semaine

 

Plus de pétrole - Les Frères Jacques
Pétrole pop - Michel Magne et Jean Yanne, BO du film "Moi y'en a vouloir des sous"
Oh my god - Beth Ditto
Compte pas sur moi - Jean-Jacques Goldman
Out of time man - Mano Negra
Good Cop Bad Cop - Ice Cube ou Everything But The Girl, deux styles, deux ambiances...
Lullaby of Birdland - un standard du jazz, ici dans sa version chantée par Blossom Deary et The Blue Stars
Can't hold us - Macklemore
Bloody Sunday - U2
La Chenille - La bande à Basile
Ça va venir, découragez-vous pas - La Bolduc
Le Temps des Cathédrales - Bruno Pelletier, Luc Plamondon et Richard Cocciante "Notre-Dame de Paris", la comédie musicale
Dieu m'a donné la foi - Ophélie Winter
Dixit Dominus - Haendel
Amen - Take 6

 


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