RÉACTIONS. Les représentants de l'artisanat ont salué les grandes lignes de la feuille de route du nouveau Premier ministre. Chez les petits patrons, on regrette en revanche "des formes d'impôts déguisés" sur les TPE.
Trois mois après les élections législatives anticipées, le nouveau locataire de Matignon a enfin dévoilé sa feuille de route. Lors de sa déclaration de politique générale prononcée devant l'Assemblée nationale ce 1er octobre 2024, Michel Barnier a annoncé plusieurs mesures en rapport avec le secteur de la construction et la crise du logement.
Dans son discours, le Premier ministre a aussi réaffirmé sa volonté d'alléger le fardeau administratif des entreprises. Une ligne directrice évidemment saluée par les principales organisations patronales du secteur. "Le Premier ministre a entendu l'U2P (Union des entreprises de proximité, dont la Capeb est membre, NDLR) et sa demande que les TPE et PME de France ne soient pas mises en danger par de nouveaux prélèvements ou contraintes", se réjouit son président, Michel Picon.
La loi simplification remise sur les rails
Et d'inviter tous les partis politiques "à dépasser leurs querelles et à rechercher des compromis au service des Français", estimant qu'il n'y a "plus de temps à perdre". La situation est effectivement critique du côté de la dette, dont la réduction prônée par Michel Barnier passera pour les deux tiers par une baisse des dépenses publiques, et pour le tiers restant par une hausse de la fiscalité.
L'annonce d'une contribution supplémentaire des grandes entreprises et des ménages les plus aisés rassure évidemment l'artisanat, qui redoutait que nombre de ses petites entreprises ne survivent pas à un nouvel alourdissement de leurs charges. Le chantier, amorcé sous le précédent gouvernement, de la loi simplification devrait par ailleurs être mené à son terme. Le futur texte comprendra le test TPME demandé de longue date par les acteurs, ainsi qu'un allégement de normes.
Les aides à l'embauche d'apprentis devraient elles aussi être pérennisées, l'U2P appelant malgré tout à éviter les "effets d'aubaine que la prime a pu créer en l'accordant aux plus grandes entreprises". Enfin, l'organisation patronale se dit prête à revoir la copie de la réforme des retraites douloureusement adoptée en 2023, notamment en ce qui concerne "la retraite progressive, l'usure professionnelle et l'égalité femmes-hommes".
"La crise économique et sociale" des entrepreneurs oubliée
Le son de cloche est radicalement différent du côté du Syndicat des indépendants. "Augmentation du Smic (de 2% avant la hausse habituelle de janvier, NDLR), réforme des allègements de charges sur les bas salaires et extension aux TPE du partage de la valeur ajoutée sont autant de formes d'impôts déguisés sur nos entreprises", tacle son secrétaire général, Marc Sanchez.
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"Contrairement à l'augmentation de la charge fiscale sur les très grandes entreprises, cet accroissement des prélèvements obligatoires sur nos TPE-PME n'est ni ciblé, ni exceptionnel, ni temporaire." Une situation que le responsable juge d'autant plus paradoxale car cette pression porte sur des entreprises que le nouvel exécutif "considère par ailleurs comme un élément essentiel de redynamisation" de l'économie, "sans poser au préalable le diagnostic de la crise économique et sociale vécue par nos chefs d'entreprises".
Les faillites ont effectivement atteint un niveau historiquement élevé ces derniers mois, la faute à une conjoncture morose et à des trésoreries exsangues. Du côté du SDI, on déplore que le Gouvernement ne s'attaque pas davantage à la dépense publique et on s'inquiète du climat incertain qui persiste pour les prochains mois.