MOBILITÉ. L'Agence parisienne du Climat, en partenariat avec la Ville de Paris et Enedis Paris, ont réalisé une étude pour évaluer le potentiel d'installation de bornes de recharge électrique dans les copropriétés parisiennes. Le but : mettre en place un plan d'action à partir de cette étude pour accompagner et accélérer le déploiement.
Le 18 novembre 2020, le conseil de Paris a attribué à Total le marché de modernisation des anciennes bornes de recharge électrique Autolib. La nouvelle concession prendra effet en 2021. Total devra également installer des bornes supplémentaires, pour porter leur nombre sur l'espace public parisien à plus de 2.300, contre un peu moins de 1.500 actuellement. Un nombre qui restera insuffisant malgré tout, compte tenu des usages croissants et des ambitions de la Ville de Paris pour réduire la place de l'automobile dans la capitale, et bannir complètement les véhicules thermiques d'ici à 2030, comme le souligne David Belliard, adjoint au maire en charge de la transformation de l'espace public, des transports, des mobilités, du code de la rue et de la voirie.
Pour répondre aux enjeux, "nous avons besoin d'infrastructures en plus, et notamment d'amplifier le parc dans les copropriétés", poursuit-il en introduction à une visioconférence organisée par l'Agence parisienne du Climat (APC), la Ville, et Enedis Paris, le 19 novembre 2020. Et c'est justement pour réaliser un état des lieux, évaluer le potentiel d'équipement des copropriétés parisiennes en infrastructures de recharge pour véhicules électriques (IRVE) et établir un plan d'actions pour accompagner leur déploiement que l'APC a réalisé une étude sur le sujet.
Equiper 4% du parc, c'est couvrir près de la moitié des stationnements en copro
L'APC commence par rappeler quelques éléments de contexte. Le parc résidentiel à Paris est constitué à 90% de logements collectifs, comprenant 42.472 copropriétés. Un peu plus de 8.000 de ces dernières, soit 20%, possèdent au moins une place de stationnement. Au total, le stationnement en copropriété représente 306.589 emplacements, c'est 77% des places en résidentiel à Paris.
L'étude s'appuie sur deux hypothèses pour évaluer le potentiel d'équipement en IRVE. Ainsi, plus la copropriété est récente et le nombre de places grand, plus elle est susceptible d'en installer. Deuxième hypothèse, plus le revenu des ménages de la copropriété est élevé et plus ils utilisent leur véhicule pour se rendre au travail, plus la copropriété pourrait également en installer.
Ainsi, l'étude met en avant que les copropriétés au plus fort potentiel d'équipement se situent dans l'ouest parisien. Et surtout, il suffirait d'équiper 4% du parc, soit environ 1.600 copropriétés, pour rendre accessible à la recharge électrique 47% des stationnements en copropriété (environ 145.000 places).
Identifier les freins à l'installation
L'étude menée par l'APC a aussi cherché à savoir quels étaient les freins à l'installation d'IRVE dans les copropriétés parisiennes. Guillaume Privat, chargé d'études, en relève deux, "alors même qu'un vrai intérêt émerge sur le sujet de la mobilité électrique".
"Nous observons un déficit d'information des copropriétaires, des locataires, mais aussi des syndics : à la fois sur les solutions techniques qui existent, sur les démarches à effectuer au niveau collectif, sur le coût et sur les aides financières", note-t-il ainsi. Le deuxième frein réside dans une certaine inertie des copropriétés sur le sujet de la mobilité électrique : "elles ne sont pas encore confrontées au besoin donc elles ne voient pas l'intérêt d'initier ce type de projet". Alors même que rappelons-le, si un copropriétaire en fait la demande, la copropriété dispose de 6 mois pour envisager une solution, sans quoi le requérant peut entreprendre une démarche individuelle.
Un plan en 4 axes et 25 actions
L'APC identifie ainsi deux enjeux principaux à l'équipement d'IRVE dans les copropriétés : mieux informer, de manière neutre et indépendante, et anticiper ce type de projets. A l'issue de cette étude, un plan en 4 axes et 25 actions est proposé, autour du dispositif CoachCopro déjà existant. Ce plan cible à la fois les résidents, pour anticiper leur besoin et les sensibiliser, les syndics pour les former, et les professionnels de la rénovation, pour qu'ils incluent un volet mobilité électrique.
Dans le cadre de l'axe "Solliciter" pour prendre contact, des campagnes de démarchages par courrier ou emailing, mais également sur les réseaux sociaux, seront lancées auprès des copropriétés à fort potentiel et des syndics. Pour "Sensibiliser", les événements organisés par l'Agence parisienne du Climat seront adaptés pour intégrer la problématique des IRVE. Dans l'axe "Conseiller" sont prévus la conception d'une plaquette de sensibilisation, la création de fiches pratiques, la mise à disposition d'une cartographie des bonnes pratiques… Enfin pour "Accompagner", un guichet unique d'information et d'accompagnement sera mis en place et des formations sous forme de webinaire par exemple seront réalisés.
L'objectif : bénéficier de l'effet de levier que représente ces 1.600 copropriétés identifiés, pour développer considérablement le déploiement des IRVE à Paris.