ÉTUDE. La Direction de l'animation de la recherche, de l'économie et de la santé (Dares) du ministère du Travail a publié les résultats d'une analyse sur l'exposition des ouvriers intérimaires aux risques professionnels. Détails.

"Les ouvriers intérimaires sont-ils plus exposés aux risques professionnels ?", est le titre de l'étude menée par la Direction de l'animation de la recherche, de l'économie et de la santé (Dares) du ministère du Travail, dont les résultats ont été publiés ce mercredi 10 octobre 2018. En France, 80 % des salariés temporaires sont des ouvriers : l'analyse compare donc l'exposition aux risques professionnels des ouvriers intérimaires par rapport à ceux qui sont en temps plein. Pour rappel, le Code du travail stipule "une égalité de traitement" entre les salariés temporaires et permanents. Mais, il s'avère que, majoritairement, les ouvriers intérimaires sont plus exposés aux risques professionnels. A cela, plusieurs raisons d'après la Dares.

 

Les intérimaires moins renseignés face aux agents cancérogènes

 

Tout d'abord, les salariés temporaires sont missionnés dans la construction et la logistique, des métiers plus exposés aux risques physiques et chimiques. C'est ce qui expliquerait la différence d'exposition aux travaux répétitifs (29 % pour les temporaires contre 21 % pour les permanents). Dans la même veine, les métiers exercés par les intérimaires ont un rythme de travail plus contraint, 51 % d'entre eux expliquent qu'ils sont soumis à au moins trois contraintes de rythme (42 % pour les permanents). Un quart d'entre eux précise dépendre de la cadence automatique d'une machine, tandis que 23 % indiquent dépendre du déplacement automatique d'un produit, contre 11 % de salariés permanents.

 

 

La Dares estime aussi que les travailleurs temporaires sous-évaluent les risques professionnels auxquels ils sont exposés. L'exposition aux produits chimiques serait ainsi moins bien connue par les médecins du travail. Pour près d'un quart des intérimaires (23 %), l'intensité de l'exposition aux produits dangereux n'est renseignée nulle part, contre 18 % des salariés permanents. Autre élément, face à un agent cancérogène, la Dares indique que les salariés temporaires ne disposent d'une double protection (individuelle et collective) que dans 18 % des cas, contre 28 % pour les autres salariés. De plus, pour la moitié des intérimaires, aucune protection n'est signalée à la médecine du travail. Ensuite sur l'étude des risques psychosociaux, la Dares indique que si les salariés temporaires sont moins autonomes au travail, ils souffrent moins de pressions psychologiques ou d'un manque de reconnaissance. Cependant, du fait de leur contrat temporaire, ils se sentent moins en sécurité en terme socio-économique que les salariés permanents. Les médecins alertent donc face à une moins bonne prévention des risques, en effet, ils sont une majorité à juger que la qualité de la prévention est "mauvaise" ou "très mauvaise". Preuve que des efforts restent à faire pour protéger la santé de tous les ouvriers.

actionclactionfp