Après bien des tergiversations, l'ancienne prison de Fontainebleau ouvrira ses lourdes portes aux visiteurs dès le mois de janviers.

Alors que le ministère de la Justice vient de présenter son programme immobilier et que la politique du ministère de l'Intérieur nécessite la création de nouveaux établissements pénitentiaires, une prison du XIXème siècle va ouvrir ses portes à ceux qui ne sont pas condamnés. La prison de Fontainebleau, en Seine-et-Marne, jouxte le palais de Justice, avec ses impressionnantes coursives et ses lourdes portes en bois.

Longtemps surnommé le " musée invisible ", cette prison n'est plus en usage depuis 1990 et abrite, depuis 1995, le " musée national des prisons ". Mais personne, ou presque, ne le savait. " Il est clair que le fait d'ouvrir le musée au plus grand nombre n'a pas été la priorité financière de l'Administration Pénitentiaire (AP) par rapport à d'autres dépenses plus importantes ", rapporte Catherine Prade, conservatrice du musée, comme pour souligner le fait qu'à l'heure de la rigueur budgétaire et de la " découverte " de l'état pitoyable des prisons françaises une telle dépense aurait été déplacée.

" C'est au début des années 80 que l'on s'est rendu compte qu'il existait un patrimoine qui commençait à s'évaporer. C'est à ce moment là que l'on a commencé une vaste collecte auprès de tous les établissements français ", raconte-t-elle.

Aujourd'hui, des photos anthropométriques de détenus, des fers de bagnards, des lettres de prisonniers célèbres, comme Sade ou Céline, des objets confectionnés clandestinement ou des " cages à poules " pour isoler les détenus racontent l'histoire de la prison.

Au sous-sol, deux guillotines démontées et rouillées traînent. " Nous nous sommes beaucoup interrogés sur le fait de montrer une guillotine au public ", relate Laurence Derrien, directrice du Service de la communication et des relations internationales. Finalement, après de longs débats, il a été décidé de remonter l'une des deux veuves pour sa " vocation pédagogique forte ".

Si le public montre un engouement suffisant, le musée pourrait se développer. " Nous sommes encore dans une phase expérimentale. En fonction du succès rencontré, nous adapterons les moyens nécessaires ", promet Laurence Derrien.

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