L'Organisation des nations unies vient de voter une résolution plaçant l'accès à l'eau potable et à l'assainissement au rang de droit fondamental à tout être humain, à une époque où un tiers de la population mondiale reste privée d'installations sanitaires de base. Mais une quarantaine de pays n'ont pas voulu voter ce texte qui engage la responsabilité de tous les Etats dans la coopération internationale pour l'accès à l'eau pour tous.
L'accès à une eau potable, salubre et propre est désormais un «droit fondamental, essentiel au plein exercice du droit à la vue et de tous les droits de l'Homme». L'Organisation des nations unies vient d'adopter cette résolution, après plus de 15 ans de débats sur la question. Elle appelle les Etats et organisations internationales à «fournir des ressources financières, à renforcer les capacités et à procéder à des transferts de technologies, grâce à l'aide et à la coopération internationales, en particulier en faveur des pays en développement», afin que chacun ait l'accès à l'eau potable et à l'assainissement.
En 2000, les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) poussaient déjà la communauté internationale à «réduire de moitié, d'ici à 2015, le pourcentage de la population qui n'a pas accès à un approvisionnement en eau potable ni à des services d'assainissement de base». Mais à l'heure actuelle, 884 millions de personnes à travers le monde n'ont toujours pas accès à une eau potable de qualité, et plus de 2,6 milliards n'ont pas d'installations sanitaires de base, soit plus d'un tiers de la population mondiale.
La responsabilité des Etats en question
La résolution a été adoptée par 122 pays dont la France, l'Allemagne, la Chine, la Russie et le Brésil. Quelque 41 pays se sont abstenus. Maude Barlow, principale militante canadienne des droits liés à l'eau et ancienne conseillère de l'Assemblée générale de l'ONU sur les questions de l'eau, a regretté que son pays compte parmi ceux qui n'avaient pas voté la résolution. Selon elle, certains pays développés se sont abstenus de voter par peur «qu'on leur demande de payer la facture» ou que la résolution ne donne à leurs propres citoyens des outils pouvant être dirigés contre eux». Le texte réaffirme en effet la responsabilité des Etats dans «la promotion et la protection de tous les droits humains qui sont universels, indivisibles, interdépendants et intimement liés qui doivent être traités globalement, de manière juste et égale, sur un pied d'égalité et avec la même priorité».
En France, Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat à l'écologie, a indiqué que le vote de cette résolution était «une avancée historique. C'est la première cause de mortalité, et personne n'en parle». Elle a insisté sur le fait que l'accès à l'eau «n'est pas fondamentalement un problème économique». Selon elle, «ce n'est pas le manque d'eau qui tue, c'est l'eau sale. C'est le fait qu'on n'ait pas organisé l'entretien des puits et l'assainissement autour des communautés locales. Le nerf de la guerre, c'est de travailler la gouvernance, plus que l'argent». Et d'ajouter que «la reconnaissance de ce droit permet de sortir de cet argument systématique qui fait qu'on disait : on n'a pas les moyens, circulez, il n'y a rien à voir».