ARTISANAT. Face à l'enlisement de la situation des artisans du bâtiment, la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises (Capeb) monte une nouvelle fois au créneau pour défendre le secteur auprès des pouvoirs publics.

Un an après l'appel de la dernière chance de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), l'histoire se répète. Le syndicat professionnel avait en effet interpellé le gouvernement en décembre 2023 sur sa réforme de MaPrimeRénov', alertant sur une "catastrophe annoncée". Quelques mois plus tard, en juin 2024, la Capeb sollicitait de nouveau les pouvoirs publics à l'occasion des législatives, en proposant une série de mesures urgentes pour le secteur de la construction.

 

Cependant, peu de choses semblent avoir changé en cette fin d'année 2024. "Nous avons été écoutés par les ministres que nous avons rencontrés, mais aucune action concrète n'a vu le jour", déplore Jean-Christophe Repon, président de la Confédération. C'est pourquoi la Capeb a décidé de lancer une nouvelle campagne coup de poing : "Nous prenons nos responsabilités. Et vous ?" Elle invite ainsi ses 93 entités territoriales à interpeller les décideurs politiques, parlementaires ou encore préfets sur la situation des artisans de la construction.

 

Des propositions concrètes, déployables rapidement

 

Cette campagne d'interpellation s'accompagne de propositions de mesures à mettre en place. "Lutte contre la fraude, rénovation énergétique, et bien d'autres sujets encore, nous avons beaucoup de propositions de bon sens, qui se veulent pragmatiques et qui doivent permettre aux artisans d'accéder à de l'activité sans surcoût pour le gouvernement", explique Jean-Christophe Repon.

 

Dans son manifeste publié en juin dernier, la Capeb liste ainsi une série de mesures rapides à mettre en œuvre sur de nombreux sujets clefs du secteur. Pour massifier la rénovation, elle propose par exemple de faciliter l'obtention de la qualification Reconnu garant de l'environnement (RGE) via des contrôles de terrain, ou encore d'appliquer le taux de TVA réduit (5,5%) à tous les travaux.

 

Selon Jean-Christophe Repon, ces propositions peuvent être appliquées rapidement, même dans le contexte actuel d'incertitude politique. "Nous savons bien qu'il faudra un certain temps pour remettre sur pied un gouvernement et recommencer les travaux parlementaires. Mais nous voulons rappeler qu'il y a des sujets purement normatifs, qui peuvent être mis en œuvre rapidement grâce à un travail réglementaire", plaide ainsi le président.

 

Des artisans exaspérés face à des trimestres de repli successifs

 

Chez les artisans, l'ambiance générale est à l'exaspération. Les entreprises font en effet face à un recul d'activité important depuis plusieurs trimestres et aucune solution ne semble se dégager du côté des pouvoirs publics. En attendant, les entreprises souffrent de l'inaction : au cours du troisième 2024, le secteur de la construction a connu 2.925 défaillances d'entreprises, soit une hausse de 19% par rapport à 2023. Sur l'année, 14.214 sociétés ont été concernées, dont 14.121 PME.

 

 

La Capeb tient pourtant à rappeler le rôle des artisans dans les territoires. Les TPE sont en effet un vecteur important de création d'emploi et développement économique local. "Les artisans souffrent souvent d'une image de personnes jamais satisfaites et qui ne veulent pas faire de la transition écologique", dénonce Jean-Christophe Repon. "Mais ce n'est pas vrai : ce sont des personnes qui veulent travailler avant tout, qui sont prêtes à s'engager dans la transition et qui ont un rôle sociétal important."

 

"Nous avons un réel déclin d'activité depuis cinq trimestres. Et je n'ai toujours aucune réponse à donner à mes adhérents", souffle le président. "Nous ne pouvons pas prendre le risque d'attendre un sixième trimestre et de devoir passer trois à quatre ans à remonter la pente."

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