GOUVERNANCE. Le ministre de la Transition écologique et solidaire a lancé un comité d'accompagnement, composé de 15 personnalités du monde économique et de la recherche, chargé de l'aider à accélérer l'adaptation de l'économie à l'écologie. Ce groupe d'experts, présidé par Jean-Dominique Senard, se prononcera sur les politiques publiques de régulation, de financement, d'investissement, de formation et de recherche.
Nicolas Hulot a installé, ce vendredi 30 mars 2018, "un collectif inédit" pour accompagner la transition de l'économie française, dont il a confié la présidence à Jean-Dominique Senard. Ce groupe de réflexion nommé "Accélérateur de la Transition Ecologique" ou "AcTE", aura pour mission d'accompagner et stimuler les réflexions des services du ministère pour la mise en œuvre des mesures du Plan climat. Le ministre précise : "Les révolutions auxquelles nous avons à faire face nécessitent une action déterminée et une mobilisation générale pour nous permettre d'atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050. Pour réussir, nous devons dès à présent engager de grandes transformations de notre économie pour être à l'avant-garde de la croissance de demain".
Il poursuit : "C'est pour cela que j'ai souhaité mettre en place un laboratoire d'idées composé de personnalités essentiellement du monde économique, complémentaires et aux profils très variés, capables d'inspirer nos décisions et de mener avec moi un mouvement positif de transformation écologique de notre économie". Dans le détail, les quinze membres du comité (*) proviennent soit de l'industrie (Jean-Dominique Sénard est président de Michelin et Pierre-André de Chalendar est p-dg de Saint-Gobain), soit du monde économique (Thierry Déau est p-dg de Meridiam ; Jean-Laurent Bonnafé est directeur général de BNP Paribas ; Natacha Valla est chef de la division politique & stratégique de la BEI), tandis que d'autres viennent de la recherche (Françoise Gaill est directrice de recherche au CNRS ; Marion Guillou est présidente d'Agreenium).
Un rôle d'aiguillon pour le ministre
Mais quelles seront les missions de ce groupe d'experts ? Le ministère révèle : "L'hypothèse de départ est qu'un dialogue renforcé entre les acteurs économiques, financiers mais aussi les spécialistes des questions d'emplois, de compétences et de formation professionnelle, et l'Etat et les collectivités territoriales peut déboucher sur de nouveaux partenariats permettant d'amplifier la nécessaire transformation de l'économie française". Ainsi, ils porteront ensemble un regard critique sur les politiques menées en matière de transition écologique et donneront des conseils de mise en œuvre pour les rendre plus efficaces ou plus rapides. Ils s'interrogeront également sur le déroulement des actions retenues, sur les difficultés d'application et les modifications à apporter en fonction du contexte. Ensuite ils tireront des enseignements des expériences et politiques menées à l'étranger et enfin, proposeront des réflexions à moyen-long terme afin de faciliter l'appropriation par les citoyens et les acteurs socio-économiques. Les grandes thématiques abordées iront des questions de régulation et de soutien public aux problématiques de formation, d'innovation et de recherche. D'ores et déjà, Laurence Parisot (vice-présidente de l'Ifop) a reçu pour mission d'élaborer un plan d'emploi et de compétence dans le domaine de l'énergie.
Le comité sera ainsi régulièrement informé des plans et programmes en cours de préparation afin de donner un avis sur leur contenu. Le cadre général de sa mission de travail sera celui fixé par les grands objectifs de la lutte contre le changement climatique fixés à la fois par la Politique pluriannuelle de l'énergie et la Stratégie nationale bas carbone. Tous les trois mois, les membres seront tenus au courant de la mise en œuvre des différents projets et de leurs résultats, ce qui lui permettra de proposer des inflexions, des compléments ou des critiques des méthodes retenues jusque-là. Pour donner de la visibilité à ses travaux, l'AcTE organisera, trois fois par an, des séminaires d'une demi-journée thématique, qui mobiliseront les ministères concernés, ainsi que des représentants du Conseil national de la Transition énergétique (CNTE). Pour mener à bien ses missions, le comité sera accompagné par une autre instance, le Commissariat général au développement durable (CGDD) et par une équipe de deux rapporteurs qui faciliteront le dialogue avec les services du ministère de la Transition écologique. Il est prévu que Nicolas Hulot assiste régulièrement à des réunions avec le comité sur le rythme d'une tous les deux mois, au minimum, assure un communiqué.
Un programme déjà établi pour l'année qui vient
Dès le mois d'avril 2018, l'AcTE travaillera sur la filière hydrogène et l'économie circulaire. Au mois de juin, un premier séminaire intitulé "Comment parvenir au plus vite à des véhicules 0 émissions ?" portera cette fois sur la mobilité et la pollution de l'air. En juillet, pour le premier anniversaire du Plan climat, le comité émettra un bilan critique de sa mise en œuvre. Puis, en octobre, sera organisé un second séminaire, s'intéressant cette fois aux énergies renouvelables, au stockage et à leurs filières industrielles. Dès le mois de décembre, l'AcTE dressera un bilan de l'année 2018, avant de tenir, le mois suivant, un 3e séminaire thématique orienté cette fois vers l'efficacité énergétique des bâtiments, la digitalisation et les smart grids. Un programme déjà bien chargé.
(*) Jean-Dominique Senard (Michelin) ; Jean-Laurent Bonnafé (BNP Paribas) ; Pierre-André de Chalendar (Saint-Gobain) ; Thierry Déau (Meridiam) ; Françoise Gaill (CNRS) ; Florence Gilbert (Wimoov) ; Alain Grandjean (Carbone 4) ; Marion Guillou (Agreenium) ; Olivier Hersent (Actility) ; Patrick Oliva (Paris Process on Mobility & Climate) ; Laurence Parisot (Ifop) ; Elizabeth Pastore-Reiss (Ethnicity) ; Claude Turmes (député européen luxembourgeois) ; Natacha Valla (BEI) ; Laëtitia Vasseur (Halte à l'obsolescence programmée !)