"Le métier d'architecte n'est pas assez valorisé par l'opinion publique", Oh!Som

Batiactu : Comment se porte votre agence et quel regard portez-vous sur le marché ?

Baptiste Franceschi : L'agence se porte bien, même si elle a connu des hauts et des bas. Nous nous présentons uniquement à des concours publics, ce qui signifie qu'il est difficile de nous projeter sur l'avenir. Nous ne savons jamais si nous allons gagner. Parfois, un projet s'arrête parce qu'une municipalité ne peut pas se permettre de payer la hausse des coûts de la construction.
Le manque de budget est un vrai problème. Entre la période post-Covid, l'augmentation des coûts des matériaux, la guerre en Ukraine… La situation est catastrophique. Même si nous décrochons un concours, nous ne connaissons pas les prix des matériaux dans quatre mois. Malheureusement, certaines maîtrises d'ouvrage ne veulent pas entendre le contexte actuel et peinent à comprendre que le budget a évolué. Elles sont contraintes de suivre un budget défini, parfois soutenu par des subventions déjà acquises sur des critères précis. Les entreprises, de leur côté, doivent aussi faire face aux hausses des prix. Cette situation nous met dans une position délicate. Nous devons à la fois rassurer la maîtrise d'ouvrage et discuter avec les entreprises pour trouver des solutions. La question du budget tend les relations avec tout le monde sur les chantiers.

 

"Nous avons souvent l'impression que ce qui est mené par les architectes n'est pas reconnu à sa juste valeur."

Votre agence affirme sur son site que les jeunes architectes doivent défendre au quotidien l'idée que l'architecture est une valeur essentielle à notre société. Pensez-vous que la discipline n'est pas assez valorisée ?

Je le pense. Le métier n'est pas assez valorisé par l'opinion publique et les décisionnaires. Ce manque de reconnaissance peut être usant. La jeune génération doit défendre la profession et la discipline, comme les anciennes générations l'ont fait avant nous. Les décideurs n'ont pas toujours la culture ni les connaissances des sujets sur lesquels nous travaillons. Nous avons souvent l'impression que ce qui est mené par les architectes n'est pas reconnu à sa juste valeur, comme le fait de retravailler plusieurs fois sur un projet, ou se battre pour réussir à trouver une solution aux surcoûts des matériaux. Notre rôle est de faire bouger les lignes pour promouvoir des nouveaux matériaux, comme la paille de riz, et faire de la pédagogie pour faire évoluer les mentalités sur les pratiques constructives.

 

Pour le grand public, l'architecte est un intellectuel qui n'écoute que lui, qui roule sur l'or et réalise des projets qu'il est le seul à comprendre. Or, il apporte une plus-value indéniable dans la qualité des projets et conçoit ces opérations pour le bien collectif.

 

Pourriez-vous présenter votre agence ?

Après l'obtention de notre diplôme en 2009, nous avons travaillé trois ans dans des cabinets d'architecture plus ou moins importants avant de créer notre agence en 2013. Nous sommes aujourd'hui