PÉNURIES. Quelques jours après une nouvelle réunion du comité de crise sur les difficultés d'approvisionnement en matériaux qui frappent le secteur de la construction, son président, Pierre Pelouzet, dresse un point d'étape de la situation. L'occasion aussi de revenir sur les saisines du Médiateur des entreprises ainsi que sur les retards de paiement.
Que chacun prenne ses responsabilités : c'est le message adressé par le comité de crise sur les difficultés d'approvisionnement en matériaux, mis en place par Bercy au début de l'été, à la suite d'une nouvelle réunion avec les organisations professionnelles du bâtiment et des travaux publics. Le Médiateur des entreprises, qui préside par ailleurs ce comité, revient pour Batiactu sur l'évolution des pénuries de matières premières, mais également sur le nombre de médiations demandées par les entreprises de la construction, ainsi que sur les retards de paiement.
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Batiactu : Le comité de crise sur les difficultés d'approvisionnement en matériaux s'est réuni la semaine dernière en présence des représentants du secteur du BTP pour faire un point d'étape. Où en est-on concrètement ?
Pierre Pelouzet : Concrètement, le ressenti global de l'ensemble de la filière est d'avoir atteint un plateau, mais un plateau élevé : après avoir fortement grimpé, les prix n'enregistrent plus de hausse aujourd'hui, cependant ils ne diminuent pas non plus. La seule petite exception où l'on commence à sentir des frémissements de baisse concerne le bois, et encore, il faut rester très prudent car cela ne concerne pas toute la filière. Cette décrispation apparente sur le bois ne s'observe donc pas encore pour les autres familles de matériaux, qui restent à des montants élevés et avec des délais d'approvisionnement assez longs.
La situation est donc en quelque sorte figée ?
P. P. : La situation est figée mais il faut toujours voir le verre à moitié plein : les prix ne montent plus et les délais ne s'étendent plus. La moins bonne nouvelle, c'est qu'il n'y a pas encore de décrue, à part sur le bois.
Le comité indique avoir constaté le changement de certaines attitudes. Pourriez-vous citer des exemples de ces comportements qui ont évolué positivement ?
P. P. : Je peux vous citer des exemples d'attitudes en tant que tels, mais évidemment pas les noms des entreprises ou institutions qui les pratiquent, car notre travail est confidentiel. Nous rencontrons deux types de comportements qui prennent malheureusement en tenaille un certain nombre d'acteurs mais qui sont heureusement en train d'évoluer. D'une part, les comportements côté offre, donc en amont de la filière, avec des prix et des délais qui s'envolent, ce qui reste parfaitement explicable d'un point de vue macro-économique. En revanche, ce qui est moins explicable, c'est la manière.
Nous avons été frappés de constater qu'il n'y avait aucune discussion dans un certain nombre de cas, avec des hausses de prix et des ruptures de quantités imposées aux artisans et TPE-PME, ce qui les met immédiatement en difficulté.
Nous avons été frappés de constater qu'il n'y avait aucune discussion dans un certain nombre de cas, avec des hausses de prix et des ruptures de quantités imposées aux artisans et TPE-PME, ce qui les met immédiatement en difficulté. Et ce d'autant plus s'ils ont des clients importants à l'autre bout de la chaîne qui ne jouent pas non plus la carte de la solidarité - ce sont les comportements côté demande, donc en aval de la filière. Ces clients partent parfois du principe que les hausses de prix subies par les entreprises ne les concernent pas et qu'ils maintiennent de fait leurs propres prix, sans compter qu'ils peuvent infliger des pénalités de retard si le chantier dépasse le calendrier fixé. Quand un artisan ou une TPE-PME de la filière se retrouve coincé entre un fournisseur et un client qui ont tous les deux de telles pratiques, l'entreprise est très mal en point.
La mise en place du comité de crise et la communication qui en a été faite par les organisations professionnelles qui sont autour de la table ont apparemment fait bouger les choses. Au-delà de ceux que nous avons interpellés directement - le rôle du comité étant de faire remonter les noms d'entreprises ou d'acteurs publics qui ne seraient pas solidaires et de les contacter ensuite un par un -, l'instauration du comité a fait prendre conscience qu'il fallait du dialogue, de la souplesse, de l'intelligence. Sinon, tous les acteurs vont droit dans le mur.
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