FINANCES LOCALES. Un rapport de la Chambre régionale des comptes Provence-Alpes-Côte d'Azur (CRC Paca) rendu public le 25 novembre 2019 dresse un bilan critique de la situation financière et patrimoniale de la ville de Marseille.

Politique foncière, patrimoine immobilier, entretien du bâti scolaire… la Chambre des comptes en région Paca dresse un état des lieux de la gestion patrimoniale de la ville de Marseille dans un rapport au vitriol. A quatre mois des élections municipales, la cité phocéenne s'assoit sur un parc public en friche, mal recensé et peu entretenu.
Un manque d'entretien que le rapport associe en premier lieu à une méconnaissance du parc dont la ville de Marseille a la charge : "La ville ne dispose toujours pas d'une base de données exhaustive permettant de connaître de manière très fine la consistance de son patrimoine", s'inquiètent les magistrats.

 

Propriétaire de "5.000 références de constructions", de "450 écoles", et "85 établissements culturels", la ville de Marseille n'est toujours pas en mesure de recouper les systèmes d'information de ses services techniques pour connaître l'état de santé des bâtiments, leurs surfaces utiles ou bien encore le nombre d'agents qui y sont postés.

 

Mais lorsqu'il faut trouver des informations pour dresser un diagnostic ou lancer des travaux, les services s'appuient sur "la connaissance qu'ont chaque ingénieur et chaque technicien des bâtiments dont ils ont la charge". Une méthode qui "n'est pas satisfaisante", juge la Chambre régionale des comptes, car "elle ne permet pas à la direction générale et aux élus de disposer d'une vision d'ensemble de l'état du patrimoine et des travaux".

 

54 écoles signalées entre 2015 et 2018

 

Cette méconnaissance de la composition du parc et de son état impacte nécessairement la planification de son entretien ou sa rénovation, poussant un peu plus le bâti public vers des opérations de réhabilitation lourde. Le rapport évoque "un vaste parc immobilier devenu techniquement hors norme et fonctionnellement obsolète", alors qu'il n'existe à ce jour aucun "programmes d'investissement consacrés à l'amélioration systématique des performances énergétiques des bâtiments". Isolation, équipements moins énergivores… la mairie de Marseille investit peu pour réduire sa facture d'énergie, aujourd'hui estimée à 30 millions d'euros par an.

 

Les problématiques de dégradation et de vétusté prennent particulièrement sens dans le patrimoine scolaire de la cité phocéenne. Entre 2015 et 2018, 54 écoles ont fait l'objet d'un signalement des professeurs ou de directeurs d'établissements, principalement localisées dans les 3e, 13e, 14e et 15e arrondissements. Dans 95% des cas, "les réponses de la ville sont pratiquement inexistantes", affirme le rapport à qui la mairie a répondu que "ces écoles ne sont pas très dégradées et que les signalements relatés ci-dessous doivent être relativisés".

 

Fissures, réglementation incendie non respectée, sanitaires mal raccordés aux égouts, "32 écoles" sont considérées comme étant dans un état délabré ou vétuste quand 45 écoles ont fait l'objet d'une suspicion de présence d'amiante, sans que des analyses ne soient menées pour 75% d'entre elles.

 

Durant l'un de ses derniers conseils municipaux, le maire sortant Jean-Claude Gaudin a fustigé "le mauvais travail" mené par les magistrats. "J'ignore s'il existe une inspection générale chargée des chambres régionales des comptes mais en toute hypothèse je vais saisir le premier président de la Cour des comptes (...) en particulier sur les questions de déontologie", a indiqué l'édile, selon l'AFP.

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