IMMOBILIER. Plusieurs collectivités se sont réunies pour créer une association de lutte contre le logement vacant, dont Paris, Roubaix ou la métropole de Lyon. Elles considèrent qu'elles sont le "premier relai" pour agir sur le terrain.
Le logement vacant est loin d'être un phénomène rare dans l'Hexagone. Le pays en comptait plus de trois millions en 2021, soit environ un logement sur dix en France, selon l'Insee. Face à ce phénomène, dix collectivités ont décidé d'agir en créant l'association nationale "Agir contre le logement vacant". Paris, Ajaccio, Roubaix, les métropoles de Lyon, Lille, Strasbourg, Rouen, Grenoble ainsi que la Communauté de Communes Ardennes Thiérache et le Conseil départemental de la Meuse se sont réunis à Strasbourg le 14 novembre 2022 pour constituer ce groupement qui était auparavant un réseau, annonce la Ville de Strasbourg sur son site Internet. Ces territoires ont choisi de devenir une association nationale dans le but de "mieux répondre aux besoins des territoires" et d'"améliorer la connaissance du phénomène de la vacance résidentielle". Ils comptent développer les moyens d'actions des collectivités "en lien avec leurs partenaires internationaux, nationaux et locaux" et mutualiser les connaissances et initiatives afin de lutter contre le logement vacant.
Répondre aux besoins des territoires
"Pour faire face aux crises sociale et écologique, il est indispensable de mobiliser ce parc bâti inutilisé. Les collectivités constituent le premier relai pour agir sur le terrain, ainsi je me félicite d'avoir à mes côtés des villes, des intercommunalités, des départements, qui, malgré des réalités territoriales diverses, sont unis dans leur détermination à lutter contre la vacance et dans leur volonté de structurer notre réseau informel en association", a déclaré Suzanne Brolly, vice-présidente de l'Eurométropole de Strasbourg et première présidente de l'association "Agir contre le logement vacant".
"Aujourd'hui les aides proposées aux propriétaires pour mettre en location des logements vides ne sont pas assez attractives, et ne permettent donc pas de capter ces logements. On atteint la limite du système", a continué Suzanne Brolly. Elle fait référence au dispositif Loc'Avantage, entré en vigueur le 1er mars 2022, qui offre aux propriétaires une réduction d'impôts s'ils proposent à leurs locataires un loyer inférieur aux prix du marché immobilier. "La mobilisation du parc privé, c'est un moyen de répondre de manière immédiate aux besoins du territoire", a-t-elle ajouté. La représentante de l'association a rappelé que, rien qu'au sein de la métropole de Strasbourg, 24.000 personnes sont en attente d'un logement social.
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"Aujourd'hui, ça coûte moins cher d'aller consommer des terres agricoles et de bâtir du neuf que d'aller rénover du patrimoine bâti, on souhaite inverser cela", a affirmé Suzanne Brolly, pointant le risque de dégradation de l'habitat existant et évoquant l'effondrement de deux immeubles à Lille le 12 novembre 2022. "Les dispositifs existants ne sont pas toujours adaptés, je pense au dispositif Denormandie par exemple, qui n'a pas eu beaucoup de succès alors qu'il pourrait permettre de remettre des biens sur le marché. On aurait besoin de le rendre plus 'sexy' pour le généraliser, sinon il va rester anecdotique", a proposé l'adjoint au logement du maire de Roubaix, Philippe Stephan. Les autres membres de l'association et lui affirment que l'association est "apolitique" et "ouverte" à d'autres membres. "On sera plus forts en étant plus nombreux", a conclu l'adjoint.