Le canal à grand gabarit reliant Compiègne (Oise) à Cambrai (Nord) revient. Le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, a lancé les travaux de reconfiguration du projet qui sont confiés au député du Nord, Rémi Pauvros, assisté de comités de pilotage et de partenaires représentant les collectivités territoriales. La construction de ce "chaînon manquant" entre le bassin de la Seine et le Benelux est à l'arrêt depuis plusieurs années à cause de difficultés de financement.
Le canal Seine-Nord Europe tente de sortir de l'impasse dans laquelle il se trouve. Frédéric Cuvillier vient de lancer les travaux de la mission de reconfiguration de l'ensemble du projet, qui avaient été décidés à la fin du mois d'avril dernier. Car le ministre des Transports avait constaté une importante dérive des coûts initialement prévus (4,3 Mrds € en 2008, plus de 7 Mrds € aujourd'hui) ainsi qu'une surestimation des recettes de péages dans un contexte économique de crise, qui rendaient la situation ingérable. Ainsi, il avait été décidé d'arrêter la procédure de dévolution du contrat de partenariat public-privé (PPP) initiée en 2009 (Bouygues et Vinci estimaient, fin 2012, que l'incertitude des revenus, les contraintes techniques et environnementales et les conditions de financements actuels ne rendaient pas le projet rentable). La remise à plat de tout le dossier a été confiée à une mission de reconfiguration dont les premières propositions seront attendues à l'automne 2013. Le but ? Présenter le projet remanié à la Commission européenne au premier semestre dans l'optique de bénéficier de financements communautaires au taux maximum sur la période courant jusqu'à 2020 (jusqu'à 30 % du coût d'investissement), et donc rendre son coût plus supportable.
Revoir les aspects techniques et financiers du projet
La mission a été confiée à Rémi Pauvros, député du Nord, qui s'appuiera sur un comité de pilotage, pour les aspects techniques, et un comité de partenaires, représentant les différentes collectivités concernées. Dans un premier temps, ce sont les questions techniques qui seront abordées, avant d'attaquer, dans un second temps, un approfondissement du "volet financier du dossier, et notamment son mode de réalisation eu égard à l'impact sur le coût global du projet pour la puissance publique et sur le calendrier", selon le communiqué du ministère.
Visant à désenclaver le bassin de la Seine et à ouvrir la France sur le réseau fluvial grand gabarit du nord et de l'est de l'Europe, le projet consiste à creuser un canal de 106 km entre l'Oise et le canal Dunkerque-Escaut. Il intègre la création de plateformes trimodales (ports fluviaux) permettant de développer les activités logistiques et industrielles locales. Les études initiales, menées en 2006, estimaient qu'une fois inauguré, le SNE verrait transiter entre 13 et 15 millions de tonnes de marchandises par an (produits agricoles, granulats, métaux, conteneurs), soit l'équivalent de 500.000 poids lourds. Outre un bilan CO2 plus favorable, le canal permettrait également de limiter les crues de l'Oise en amont de Compiègne.
Environ 4.500 emplois directs pourraient être créés en relation avec sa réalisation, et 25.000 nouveaux emplois durables devraient voir le jour à l'horizon de 2025 en relation avec les activités de transport ou d'industrie.
Les travaux de construction du canal engendreraient le terrassement de 54 millions de m3, la construction de sept écluses, de trois ponts-canal et d'une cinquantaine d'ouvrage de franchissement. Huit biefs séparés par les écluses constitueront les marches d'escalier permettant de franchir les reliefs séparant les deux bassins versants.