TRANSVERSALITE. Ce mercredi 6 juin, le groupe Vinci a inauguré Leonard, un laboratoire-incubateur de projets et de start-up. Se présentant comme une plate-forme de prospective et d'innovation mutualisant l'ensemble des ressources du major du BTP tout en étant ouvert aux contributions extérieures, le site fraîchement rénové de 5.000 m² se trouve dans le XIIe arrondissement de Paris.
"Vinci doit mobiliser les 200.000 collaborateurs de ses 6 divisions basés dans une centaine de pays. Les défis auxquels nous sommes aujourd'hui confrontés nécessitent de l'intelligence collective. Nous avons pris conscience qu'il fallait mettre en place de la transversalité entre nos métiers pour développer notre expertise et la faire correspondre aux enjeux de demain." C'est ainsi que Xavier Huillard, président-directeur général du groupe Vinci, a présenté la raison d'être de Leonard, le laboratoire qui s'intéresse à l'avenir des villes et des infrastructures. Dans les anciens locaux de l'Autorité de sureté nucléaire, dans le XIIe arrondissement de Paris, et sur une superficie totalisant 5.000 m² d'espaces de travail, de conférence et de convivialité, l'incubateur à la sauce Vinci se veut une "maison commune" au cœur de la capitale. Collaborateurs du groupe, start-up, chercheurs, mais aussi le public dans sa diversité sont tous les bienvenus dans ce lieu se présentant comme une plate-forme de prospective et d'innovation.
Quatre entités centralisées en un même lieu
En fait, Leonard accueille quatre entités de Vinci spécialisées dans la transformation des marchés et des métiers du groupe. Tout d'abord, Leonard en lui-même consiste en un programme transverse qui a pour but de penser les expertises de demain au sein des différentes branches de Vinci. Vient ensuite la Fabrique de la Cité, think tank créé à l'initiative du major du BTP et consacré aux transitions urbaines. La Fondation d'entreprise Vinci pour la Cité, quant à elle, soutient des solutions aux difficultés d'insertion sociale et professionnelle des personnes les plus démunies. Enfin, la Chaire éco-conception Vinci-ParisTech résulte d'un partenariat entre le groupe et les écoles de l'institut ParisTech.
Ces quatre structures pourront donc, dans les locaux de Leonard, mutualiser leurs compétences et expertises avec d'autres spécialistes, des entrepreneurs, des représentants de collectivités territoriales, des clients et partenaires, sans oublier des étudiants, chercheurs et dirigeants de la société civile. Xavier Huillard précise la vision de Vinci en inaugurant le concept de Leonard : "Il faut s'adapter et se projeter. C'est la fonction-même de l'entrepreneur, à rebours d'une photographie instantanée. Les méthodes doivent évoluer, c'est pourquoi nous avons acté le passage d'une méthode séquentielle à une méthode collaborative, permettant une meilleure utilisation de nos ressources, de nos actifs. Dans cette logique, nos collaborateurs doivent être multicartes".
Anticiper les enjeux de demain
Ce bouillonnement intellectuel ne sera pas superflu dans un monde qui avance vite, et dans lequel les besoins matériels ne cessent de croître, proportionnels à la croissance de la population mondiale. Une situation qui peut cependant ouvrir des perspectives prometteuses pour des entreprises comme Vinci : selon les statistiques du McKinsey Global Institute, les besoins annuels mondiaux en infrastructures pour la période 2016-2030 se chiffreraient à plus de 2.8 milliards d'euros. Dans le détail, environ 1 milliard d'euros serait consacré aux routes, voies ferrées et aéroports. Par ailleurs, un autre enjeu à intégrer dès aujourd'hui réside dans l'évolution des mobilités, en tentant d'anticiper les flux pour pouvoir mieux les gérer, d'accompagner les nouveaux usages, et d'optimiser la maintenance des infrastructures grâce, entre autres, aux outils prédictifs, au BIM ou aux drones.
Tous ces challenges à relever nécessitent de l'innovation, et c'est bien pour cette raison que le laboratoire Leonard de Vinci a vu le jour. "Nous connaissons d'ores-et-déjà les enjeux de demain : faire face à la croissance de l'humanité et aux problématiques environnementales en construisant et reconstruisant de manière plus efficace, plus efficiente et plus durable", souligne Xavier Huillard. "Les nouvelles générations veulent vivre la ville, qui n'est plus considérée seulement comme un lieu de passage. La cité doit donc être plus dense, mais aussi plus verte, plus agréable, plus mobile et plus fluide, et aussi plus connectée."
Intelligence collective pour projets innovants
Pour y répondre, des projets novateurs sont déjà lancés dans de nombreux domaines, à l'instar de SmartMagne, une solution de production et d'autoconsommation collective déployée conjointement par Vinci Energies et le département du Cher. Concrètement, la commune de Marmagne (environ 2.000 habitants) devrait ainsi devenir, dès cette année, la première ville autonome en électricité, avec un objectif d'autosuffisance fixé à 69%. Et pour y parvenir, les technologies du solaire et de la géothermie se combineront à des algorithmes qui piloteront et arbitreront toutes les étapes du processus, de la production à l'injection sur le réseau. Un autre exemple de projet, cette fois porté par Eurovia, filiale de Vinci spécialisée dans les travaux routiers, est celui de la route 100% recyclée. Le but étant ici de parvenir à revaloriser la totalité des agrégats d'enrobés issus des travaux routiers. Dans le bâtiment, Vinci Construction travaille pour sa part sur plusieurs projets, dont les façades "actives" des bâtiments, qui pourront produire de l'énergie et ainsi subvenir à leurs propres besoins, ou encore la digitalisation des chantiers, source de gains de productivité. Chez Vinci Immobilier, on veut être réactif et efficace face au phénomène de métropolisation : pour cela, les projets misent entre autres sur le BIM, l'économie circulaire et les usages partagés.
Une mise en réseau des ressources internes et externes de Vinci
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Le rôle de Leonard dans ce processus ? En tant qu'incubateur interne à Vinci, mais ouvert sur l'extérieur, le laboratoire veut accueillir des projets innovants en rapport avec les secteurs d'activité couverts par les différentes entités de Vinci. Philippe Dewost, directeur du site Leonard : "Notre structure permet l'enrichissement des projets portés par les jeunes pousses, et leur réaiguillage sur les axes d'activité de Vinci. Nous proposons une mise en réseau des ressources internes comme externes du groupe, en offrant au bout du compte une combinaison unique de toutes les structures de Vinci pour réfléchir et proposer des solutions aux défis de la ville et des infrastructures de demain". C'est pourquoi Leonard se conçoit avant tout comme un lieu de transversalité, dont la mission est de faciliter et d'accélérer les projets. Avec toutefois une once de contrôle, de manière à ce que les innovations proposées dans le cadre du laboratoire restent toujours en phase avec les intérêts de Vinci, comme le note Xavier Huillard : "Chez Vinci, conformément à l'identité du groupe, tout doit partir du terrain. L'innovation y est à la fois foisonnante et structurée. Il ne faut pas la contrôler totalement, mais un peu quand même".
Aujourd'hui, les objectifs de Leonard sont donc simples : réussir à faire émerger et à développer de nouvelles activités porteuses sur les marchés du groupe Vinci, et ainsi renforcer la transversalité et l'efficacité de tous les métiers du major.