RECONDUCTION. A la tête du groupe Vinci depuis 2010, Xavier Huillard a été réélu pour un mandat de quatre ans, lors de l'assemblée générale du groupe qui a eu lieu le 17 avril 2018.

La gouvernance du groupe de BTP et concessions Vinci a été épinglée lors de son assemblée générale mardi 17 avril 2018, les actionnaires ayant reconduit le PDG Xavier Huillard lors d'un vote sans panache, tandis que le contrat de prestations d'un administrateur était renouvelé de justesse.

 

A la tête de Vinci depuis 2010, Xavier Huillard, 63 ans, a vu ses fonctions prolongées pour quatre ans par 71,35% des votants, obtenant un score moins franc que les trois autres administrateurs dont le mandat arrivait à échéance, a constaté une journaliste de l'AFP. En effet, Yves-Thibault de Silguy, Marie-Christine Lombard et la société Qatar Holding LLC (propriété du fonds souverain du Qatar) en tant que personne morale, ont recueilli respectivement 82,83%, 74,27% et 82,37% des suffrages.

 

Une résolution adoptée de justesse

 

L'ex-directeur financier du groupe minier anglo-sud-africain Anglo American (2005-2017) René Medori, aujourd'hui administrateur du groupe d'ingénierie pétrolière britannique Petrofac a vu, lui, sa nomination comme administrateur indépendant massivement approuvée, à 95,13%. Quant à la rémunération de M. Huillard au titre de l'exercice 2017, composée de 1 million d'euros de fixe et 1,38 million de part variable, elle a été approuvée avec un score encore plus bas, de 56,26%.

 

Mais au final, la résolution sur laquelle les actionnaires de Vinci ont le plus tiqué a été celle portant sur la reconduction d'un contrat de prestations conclu en 2010 avec la société YTSeuropaconsultants, dont Yves-Thibault de Silguy est le seul associé. Cette "convention" octroie une rémunération forfaitaire annuelle de 330.000 euros à M. de Silguy, ancien commissaire européen aux Affaires économiques (1995-99), pour des "prestations de services d'assistance auprès du PDG", à savoir des "missions de représentation du groupe en France et à l'étranger" pendant quatre ans.

 

"Ces missions sont totalement distinctes des activités conduites par Yves-Thibault de Silguy en sa qualité d'administrateur référent", avait plaidé M. Huillard avant le vote, encourageant "vivement" les actionnaires de Vinci à reconduire ces services "particulièrement utiles à votre groupe". Mais avec 50,37% de suffrages, cette résolution n'a été approuvée que de justesse, se transformant en camouflet.

 

"Une gouvernance trop verticalisée"

 

Vice-président administrateur référent du conseil d'administration de Vinci, M. de Silguy préside par ailleurs le comité Stratégie et RSE, ainsi que celui des nominations et de la gouvernance du groupe. Pour Pierre-Henri Leroy, président du cabinet Proxinvest qui conseille les actionnaires, "ce qui a été sanctionné mardi, c'est une gouvernance beaucoup trop +verticalisée+ chez Vinci, quelles que soient les hautes qualités du président Huillard". "Il ne peut pas y avoir un administrateur référent" comme M. de Silguy "qui ne soit pas indépendant", a-t-il déclaré à l'AFP.

 

Proxinvest a conseillé de voter contre 9 des 19 résolutions soumises au vote mardi. "Je puis vous assurer que la gouvernance de Vinci s'est effectuée dans des conditions très satisfaisantes", a affirmé Yves-Thibault de Silguy, devant les actionnaires, "en tant qu'administrateur référent". Selon un spécialiste interrogé par l'AFP, "le groupe est très en retard en termes de transparence des rémunérations: les critères d'attributions d'actions gratuites, par exemple, ne sont pas clairs".

 

Dans le cadre d'un "plan d'incitation à long terme 2017", le PDG de Vinci doit recevoir le 20 avril 2020, 30.000 actions du groupe, "pour autant que le conseil d'administration ait constaté la satisfaction de performances" liées à la "création de valeur" et à la "performance boursière" de l'action.

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