Alors que le ministre des Transports Frédéric Cuvillier avait émis en mai 2012 de lourdes réserves sur le projet en PPP du Canal Seine-Nord Europe, le député-maire de Maubeuge, Rémi Pauvros, vient de souligner dans un rapport qu'il coûterait 4,4 à 4,7 milliards d'euros hors taxes, contre 7 milliards d'euros prévus initialement. La date de mise en service préconisée serait 2022. Réactions des acteurs du projet.

Ce rapport du député du Nord Rémi Pauvros, remis mercredi 11 décembre, au ministre des Transports confirme que ce projet de grande envergure signé en PPP, reliant la Seine au réseau de canaux du nord de la France, était devenu "irréalisable" dans sa version précédente. Désormais, les pistes avancées par l'élu nordiste doivent être examinées, afin d'arrêter dans les prochains jours les orientations à retenir pour la poursuite du projet.

 

Sept préconisations
Au final, sept préconisations ont été transmises à Frédéric Cuvillier, ministre des Transports. Premièrement, le rapport prévoit d'intégrer le Canal Seine-Nord Europe dans le réseau Seine Escaut, dans une "logique économique et européenne en vue de profiter d'un effet réseau". "Rémi Pauvros a identifié un certain nombre d'économies pour abaisser le coût du projet, nous souligne une source proche du dossier. Elles viendront d'abord de la disparition des frais financiers de 1,5 à 2 milliards d'euros, assurances comprises, que les sociétés Bouygues et Vinci candidates au PPP prévoyaient pour couvrir leurs emprunts."

 

Le document propose également de répondre aux besoins du marché, dans une logique de relance de la croissance et d'intérêt économique. Concrètement, cela passerait par la réalisation du tronçon central prioritairement selon un projet reconfiguré pour un coût de 4,5 milliards euros HT alors qu'il était estimé initialement à 7 milliards d'euros (Ndlr : comprenant un financement européen de 6,22%).

 

"La présentation d'une date d'ouverture du tronçon central en 2022, soit exactement en 2022", pourrait permettre, d'après ce rapport, de profiter d'un effet réseau. Et d'ajouter : "Concernant les travaux sur les axes, ils devraient être menés selon des priorités de qualité de service et en veillant à des travaux dès 2014-2015". Enfin, la réalisation des plateformes multimodales devrait coller aux besoins du marché.

 

Troisième proposition : un aménagement durable privilégiant le partenariat et les réalités locales est fortement conseillé par le parlementaire. Autre piste avancée : le portage par une société de projet, au service du développement économique et du report modal sur le périmètre Nord du réseau Seine Escaut.

 

Par ailleurs, ce document suggère de nommer un coordinateur national. Une gouvernance partenariale au niveau Seine Escaut renouvelée est d'ailleurs préconisée. Dernière proposition, une politique de report modal vers la voie d'eau et le fer pour assurer la complémentarité avec le transport routier devrait être instaurée.

 

En résumé : Rémi Pauvros conseille de ne pas construire les quatre plateformes multimodales prévues dans le projet initial pour un coût de 320 millions d'euros, ce qui pourrait permettre d'après le rapport d'économiser 200 millions d'euros.

 

Une réponse de Frédéric Cuvillier vendredi 13 décembre ?
En attendant, la décision gouvernementale, le ministre des Transports pourrait donner, d'après nos informations, des précisions et orientations à retenir pour la poursuite du projet lors de son déplacement à Valenciennes, vendredi 13 décembre. A suivre.

Les réactions
Côté réactions, Frédéric Cuvillier, ministre des Transports a salué, mercredi 11 décembre la "qualité du travail effectué dans une large concertation avec les acteurs socio-économiques et les collectivités locales concernées". Et d'ajouter : "Le rapport confirme que ce projet de canal à grand gabarit reliant la Seine au réseau de canaux du nord de la France, dont l'intérêt est une nouvelle fois confirmé, était devenu irréalisable dans sa version précédente."

 

 

Toutefois, du côté de la FNTP, le sentiment est partagé. "C'est une bonne nouvelle si cela se traduit dans les actes rapidement, nous confie le porte-parole de la FNTP. Le rapport souligne un démarrage 2015-2016 pour une mise en service 2022." Cela va permettre d'après lui de créer un nouvel "élan à l'activité" car la FNTP avait anticipé un "trou d'air à partir de 2015". L'organisation estime d'ailleurs que 4.500 emplois pourraient être générés par le projet chaque année dans le secteur des travaux publics.

 

Toutefois, la prudence est de mise, met en garde la FNTP en particulier sur le volet du financement. "Nous ne voudrions pas que cela soit un effet d'annonce, conclut le porte-parole. Cela représente 1 milliard d'euros qui provient de l'Etat."

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