Alors que le nouveau refuge du Goûter, perché à 3.835 mètres, ultime halte dans l'ascension du Mont-Blanc par la voie royale, devait ouvrir le 30 août dernier, un incident technique est survenu quelques jours avant. Depuis, le bâtiment demeure fermé au grand public. En attendant l'avis de la commission de sécurité, le maire de Saint-Gervais-les-Bains, commune propriétaire du terrain de l'ancien et du nouveau bâtiment émet, par ailleurs, des doutes sur sa sécurité. Explications.

Alpinistes et passionnés de la haute-montagne souhaitent apprécier très vite le confort du tout nouveau refuge du Goûter (3.835 m), l'ultime halte dans l'ascension du Mont-Blanc, par la voie royale. Toutefois, il n'est pas certain que le bâtiment moderne aux allures d'une navette futuriste achevé l'été dernier ouvre ses portes au mois de juin, à l'issue de trois ans de travaux extrêmes. Le nouveau bâtiment qui représente un investissement de près 6,5 millions d'euros, est, en effet, toujours fermé.

 

Les relations se tendent entre la mairie de Saint-Gervais-les-Bains et la Fédération Française des Clubs Alpins de Montagne (FFCAM), gestionnaire du refuge qu'elle a financé sous forme d'emprunt à hauteur de 52 %. Jean-Marc Peillex, maire UMP de Saint-Gervais, commune propriétaire du terrain de l'ancien et du nouveau refuge, rappelle que le massif du Mont-Blanc est un site classé au titre du code de l'urbanisme par décision de l'Etat français du 14 juin 1951. Le maire savoyard reconnaît ensuite qu'il s'agit d'un "modèle unique de construction en haute-montagne. Tout a été inventé sur ce refuge construit en soufflerie : par exemple, la station d'épuration a été calquée sur les stations d'épuration des sous-marins. Toutefois, nous ne savons toujours pas comment ce bâtiment doté de 120 places va réagir concrètement lorsqu'il affichera complet ! On n'en sait rien."

 

La sécurité du bâtiment mise en doute ?
Et au maire toutefois d'émettre des doutes sur la sécurité de ce bâtiment : "L'ouverture au public, initialement prévue le 30 août 2012, avait dû être reportée en raison d'un incident technique dans le circuit de refroidissement du système solaire thermique survenu le 19 août dernier. J'ai donc pris la précision de fermer le lendemain de l'accident et nous avons rouvert de manière temporaire pour tester vingt places du refuge sur une dizaine de jours…" De plus, d'après le maire, le volume recueil de cet immeuble de 4 étapes est situé à 200 mètres du refuge : il faut traverser une arrête située à 2.000 mètres d'altitude. Depuis le dernier test, l'autorisation pour l'ouverture d'un ERP n'a pas été accordée par le magistrat de la commune.

 

C'est pourquoi le maire insiste sur le fait qu'il ne donnera l'autorisation d'ouvrir que si "l'exploitant apporte la preuve que toutes les obligations réglementaires sont remplies. J'ai, en effet, obtenu que la FFCAM s'engage à ouvrir l'ancien bâtiment doté de 80 places pour ne pas mettre en péril la vie de tous les alpinistes qui tenteront dès ce mois-ci l'ascension."

 

Dans un communiqué daté du 12 mars, la FFCAM exploitant du bâtiment précise de son côté qu'"elle met tout en œuvre pour recevoir les alpinistes au nouveau refuge dans les meilleures conditions d'accueil et de sécurité, dans l'attente d'un arrêté d'ouverture à pleine capacité (120 places)". Cet arrêté d'ouverture est conditionné par un avis favorable des services de l'état, à l'issue d'une visite de contrôle d'une commission de sécurité prévue pour la fin du mois de mai ou le début du mois de juin de cette année, intégrant la Direction départementale des territoires, la Gendarmerie nationale, pompiers, protection civile préfecture et la mairie.

 

Refuge du gouter
Refuge du gouter © Pascal Tournaire
La commission de sécurité rendra son avis en juin prochain
"La commission donnera un avis ou non au cours de la dizaine du mois de juin prochain, ajoute l'élu. Soit, il est défavorable, car il ne répond pas à sécurité ou soit il est favorable", estime le maire. Et de confier : "Si cela doit ouvrir, on l'ouvrira, là on ne parle pas du business de la FFCAM. Face à cette pression liée à la sécurité pour ouvrir un ERP à 120 places, je veux être garanti que les conditions de sécurité sont optimales : je suis la seule personne à signer l'avis final et je ne souhaite pas aller en prison en cas de grave accident dans le bâtiment !"

 

Dès lors, la FFCAM aura pour obligation de procéder à la déconstruction de l'ancien refuge du Goûter, dans un délai d'un an, qui court à partir de la date de mise en fonctionnement du nouveau refuge du Goûter, et ce conformément à l'autorisation ministérielle du 27 août 2008 qui en faisait une condition à l'octroi du permis de construire du nouveau refuge.

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