Alors que la région Île-de-France importe aujourd'hui 90 % de l'énergie qu'elle consomme (électricité et carburants fossiles), se pose la question de la soutenabilité du Grand Paris. La direction régionale et interdépartementale de l'environnement et de l'énergie s'est penchée sur la problématique afin d'anticiper les besoins liés au développement urbain de la capitale.
L'évolution logique de Paris vers le "Grand Paris", cette métropole mondiale à forte dynamique économique et démographique, s'accompagne de nombreuses questions liées aux infrastructures. Si la problématique des transports est souvent évoquée, celle de l'approvisionnement énergétique est moins souvent abordée. Pourtant, l'Île-de-France est extrêmement dépendante : elle ne produit que 10 % de l'énergie qu'elle consomme et doit donc importer les 90 % restant sous forme d'électricité ou de gaz et produits pétroliers. Et, d'ici à 2030, la population francilienne s'accroîtra de 1,8 million d'habitants pour atteindre les 13,6 millions d'âmes (+15 %).
Adapter les infrastructures énergétiques
La direction régionale et interdépartementale de l'environnement et de l'énergie de la préfecture d'Île-de-France a donc lancé un séminaire portant sur la sécurité d'approvisionnement du Grand Paris afin d'anticiper les adaptations des infrastructures énergétiques. Les structures actuelles ne seraient en effet pas suffisantes pour faire face aux besoins supplémentaires, estimés à 2.200 MW à l'horizon de 2030. Selon les premières conclusions, il conviendrait "d'étendre et renforcer le réseau de distribution de l'électricité dans certaines zones de développement". La consommation en gaz devrait rester stable, "avec cependant l'apparition de nouveaux usages à intégrer". Enfin, "des stocks de produits pétroliers doivent demeurer en proximité du cœur dense de l'agglomération, afin de ne pas fragiliser la logistique pétrolière et l'approvisionnement en situation de crise", estiment les experts.
Selon ces derniers, les infrastructures énergétiques "doivent être pleinement intégrées dans les logiques d'aménagement du Grand Paris afin de permettre la conciliation des besoin urbains et énergétiques". Ils appellent donc à une réflexion sur leur insertion dans les zones urbaines denses, tout en rappelant les objectifs de réduction de la consommation, grâce au programme de rénovation des logements (à raison de 125.000 logements/an) et de la réduction du trafic routier par l'adoption de solutions de mobilité décarbonées. Les experts prônent également le développement massif des réseaux de chaleur urbain, avec une augmentation de 40 % du nombre de bâtiments raccordés d'ici à la fin de la décennie.
L'IdF représente près de 20 % de la population française, mais seulement 2 % du territoire. La consommation énergétique représentait 13 % de la consommation nationale. Sur ces 239 Twh consommés par les franciliens, 34 % provenaient des produits pétroliers, 31 % du gaz, 28 % de l'électricité, 5 % des réseaux de chaleur/froid et 2 % des EnR.