CONJONCTURE. Tous les chiffres sont au beau fixe dans l'artisanat, malgré les crises de Covid-19 et des pénuries de matériaux. Dans sa dernière note de conjoncture, la Capeb montre que l'activité des entreprises a progressé au troisième trimestre 2021.
La hausse est exceptionnelle, après des années de stagnation. L'activité de rénovation énergétique des logements a fortement augmenté ces douze derniers mois, bondissant de 15%, révèle une note de conjoncture de la Capeb, publiée ce jeudi 4 novembre. La Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment se félicite de voir l'activité de l'artisanat, tous segments confondus, enregistrer une hausse significative (+4%) au troisième trimestre 2021, par rapport au même trimestre l'an dernier. C'est +2,2% par rapport au troisième trimestre 2019.
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Cette croissance s'explique par la forte activité de l'entretien-amélioration, qui a doublé, passant de 2,5% à 5% ce troisième trimestre, et s'élevant à +12,2% sur les douze derniers mois. "Cette bonne dynamique de l'activité de l'entretien-amélioration ce trimestre résulte notamment de celle des travaux de performance énergétique des logements qui progressent de 5,5%", explique la Capeb. "L'activité a été détériorée en 2020 par le Covid-19. Si l'on compare l'activité avec le troisième trimestre 2019, on voit qu'il y a eu une hausse de 4,1%", note Jean-Christophe Repon, président de la Confédération, contacté par Batiactu. Les petites entreprises et artisans du Bâtiment ont bénéficié du rayonnement du dispositif gouvernemental MaPrimeRénov', qui a financé près de 300.000 demandes d'aide à la rénovation énergétique en un peu plus d'un an, selon la Cour des comptes.
Des rénovations engagées grâce à MaPrimeRénov'
En effet, de nombreux ménages ont entrepris des travaux de rénovation grâce à cette aide financière mais aussi grâce à l'épargne que les Français ont pu accumuler ces derniers mois, suite aux confinements imposés pour endiguer l'épidémie. "Cette hausse de la rénovation énergétique s'explique par la multiplication des gestes entrepris grâce à MaPrimeRénov' mais nous pensons que nos pourcentages sont un peu en-deçà de la réalité car beaucoup d'entreprises n'identifient pas tous les gestes de rénovation énergétiques en tant que tels. C'est le cas du changement de chaudière, par exemple", explique Jean-Christophe Repon.
Il salue cependant la prise de conscience citoyenne pour permettre la transition énergétique. "La Capeb est sensibilisée à ce marché depuis plus de dix ans avec notre marque éco-artisan. Il semblerait que le marché et les particuliers arrivent à maturité pour s'emparer de cette thématique", analyse-t-il. Pour maintenir cette dynamique, le responsable de la Capeb encourage le gouvernement à simplifier les dossiers de MaPrimeRénov' et à accroître le nombre d'entreprises qualifiées RGE. "Nous comptons interpeller sur ces sujets la ministre chargée du Logement, Emmanuelle Wargon." Si environ 57.000 entreprises sont classées RGE, la Capeb espère voir le chiffre gonfler pour atteindre les 100.000. Ce afin de "pouvoir répondre à la demande des clients", expose le porte-parole.
L'enveloppe allouée à MaPrimeRénov' de deux milliards d'euros en 2022, dans le cadre du projet de loi de finances, est une bonne nouvelle pour la Confédération. "Cette masse budgétaire devrait permettre de maintenir l'engouement pour la rénovation énergétique", espère-t-il.
Des hausses dans le neuf aussi
Dans le neuf, la croissance se table à +2,5% au troisième trimestre 2021 dû à la baisse des mises en chantier à la fin de l'année 2020 dans le segment de la maison individuelle. 453.600 logements ont été autorisés à la construction à la fin du mois d'août 2021, soit +13,5% par rapport aux douze mois précédents. Les habitations mises en chantier ont également augmenté (+7,4%) à la même période. Des chiffres que la Capeb préfère relativiser, rappelant que le premier confinement au printemps 2020 a stoppé les chantiers en cours et que les autorisations ont fortement reculé durant la période des élections municipales.
La note de conjoncture montre que l'ensemble des métiers voient leur activité croître, entre 3,5 et 4,5%. La dynamique la plus forte est à noter du côté de la menuiserie-serrurerie (+4,5%), suivi de la maçonnerie et de la couverture-plomberie-chauffage (+4%). L'activité des entreprises progresse, quelle que soit la taille de celles-ci. Les entreprises de moins de 10 salariés ont la plus forte hausse (+12,3% sur un an et +4% au troisième trimestre 2021) par rapport aux sociétés de 10 à 20 salariés (+11,5% sur l'année et +4,5% au troisième trimestre).
Le secteur bouleversé par la crise des matériaux
Au niveau régional, l'activité est hétérogène selon la Capeb, avec une meilleure activité dans les Hauts-de-France (+5,5%) et en Centre-Val de Loire (+5%) qu'en Ile-de-France (+3%). Quant à l'emploi dans la construction, il progresse également, de 3,8% sur douze mois, avec 54.000 emplois supplémentaires entre les seconds trimestres 2020 et 2021.
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Malgré ces bons résultats, Jean-Christophe Repon ne cache pas son inquiétude face à la crise des pénuries de matières premières, qui perdure. La Capeb avait interpellé le ministre de l'Économie Bruno Le Maire dès février dernier pour signaler une augmentation des prix des matériaux et le début de pénuries. "Si l'activité est prospère depuis un an, nos marges sont rognées", fait remarquer le président de la Confédération. Il appelle les artisans à être vigilants sur les prix de revient. "Pour le moment, nous arrivons à jongler avec les plannings et maintenir les chantiers, même si nous rencontrons des difficultés à les approvisionner. Les chantiers finissent par s'allonger et nous perdons en rentabilité." Il craint également que la hausse des prix des matériaux et les pénuries fassent augmenter la facture des particuliers. "Il ne faudrait pas les éloigner et leur faire baisser leur pouvoir d'achat."
À cette crise conjoncturelle, s'ajoutent les difficultés des entreprises artisanales du bâtiment et des travaux publics à embaucher. La Capeb a signé un accord avec Pôle Emploi pour obtenir des référents sur tout le territoire prêts à trouver des candidats "disponibles et motivés" qui puissent répondre aux besoins des entreprises. La forte hausse des contrats d'apprentissage (+19% en 2020) servira à l'avenir à pallier le manque de candidats. Aux jeunes qui hésitent à se lancer dans le secteur, Jean-Christophe Repon insiste sur le fait que les métiers du bâtiment sont "innovants, attractifs, de moins en moins pénibles et offrent un réel projet de vie".