ÉTUDE. Le tissu d'entreprises artisanales est-il suffisamment dense pour accompagner le développement du marché de la rénovation énergétique ? La question est posée par les résultats d'une étude réalisée par BigMat et OpinionWay, diffusés ce 19 octobre 2021.
Le manque sur le marché de l'emploi d'artisans qualifiés menacerait-il le développement du secteur de la rénovation énergétique ? C'est la question posée par la société BigMat, qui s'appuie sur les résultats d'une enquête OpinionWay menée en avril-mai 2021 auprès d'un échantillon de 505 entreprises artisanales du BTP. Il en ressort notamment que 63% des sondés ont déjà été contraints de "renoncer à une intervention ou à un chantier faute de main d'œuvre", peut-on lire dans un communiqué de presse diffusé ce 19 octobre 2021.
88% des artisans du bâtiment expriment un sentiment de réussite professionnelle
Pour BigMat, il serait ainsi temps de "redorer l'image" de nombreuses professions du second œuvre, comme les couvreurs, menuisiers, plombiers ou chauffagistes. La preuve par l'exemple pourrait jouer, puisque d'après des chiffres avancés par BigMat 94% des artisans se disent fiers de leur orientation professionnelle, 88% expriment un sentiment de réussite professionnelle et 82% recommanderaient cette carrière à un jeune - loin des clichés. Et il est vrai que les perspectives de croissance sont bien présentes. Début septembre, le président de la Capeb, Jean-Christophe Repon, faisait ainsi état d'une "remontée historique" de l'activité des artisans du bâtiment ces derniers mois. La rénovation énergétique ne s'est jamais mieux portée, en hausse de 3,3% au premier semestre 2021, par rapport à la même période en 2019. Les aides financières sont au rendez-vous avec le succès de MaPrimeRénov' et les certificats d'économie d'énergie (CEE).
La crise sanitaire pourrait également participer à revaloriser les métiers manuels, assure Fabio Rinaldi, président du directoire de BigMat France. Les compétences des artisans deviennent "aussi rares que convoitées avec des carnets de commandes qui ne désemplissent pas et des délais d'intervention qui s'allongent", remarque-t-il. "Si leur manque de disponibilité était pointée du doigt par 53% des Français il y a deux ans, cela risque de s'aggraver si l'on ne prend pas la mesure de l'urgence de la situation." La Capeb tablait récemment sur la création de 26.000 emplois sur l'ensemble de l'année 2021 dans l'artisanat du bâtiment, mais reconnaissait toutefois que trouver de la main-d'œuvre qualifiée n'était pas toujours chose aisée.
A la pénurie de main-d'œuvre, il faut aussi ajouter les difficultés liées aux pénuries en matières premières et en matériaux, également à même d'entraver le dynamisme du marché de la rénovation. Pour preuve, les pouvoirs publics ont récemment décidé de laisser plus de temps aux professionnels pour achever certains travaux financés par les certificats d'économie d'énergie (CEE). Seul espoir sur ce front : une stabilisation possible en 2022. "Le ressenti global de l'ensemble de la filière est d'avoir atteint un plateau, mais un plateau élevé : après avoir fortement grimpé, les prix n'enregistrent plus de hausse aujourd'hui, cependant ils ne diminuent pas non plus", nous expliquait récemment Pierre Pelouzet, médiateur des entreprises. "La seule petite exception où l'on commence à sentir des frémissements de baisse concerne le bois, et encore, il faut rester très prudent car cela ne concerne pas toute la filière."