Arnaud Montebourg a annoncé la renaissance d'une Compagnie nationale des mines de France qui explorera le sous-sol du pays, de ses territoires outre-mer et même d'autres pays. La volonté du ministre est de protéger les intérêts nationaux en sécurisant l'approvisionnement de certains métaux stratégiques et en valorisant les ressources souterraines du territoire.
A défaut de créer un groupe public pour l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste en France, le ministre du Redressement productif a mis sur les rails un autre projet d'entreprise publique : Arnaud Montebourg a annoncé, ce vendredi 21 février 2014, la création d'une Compagnie nationale des Mines de France (CMF). La nouvelle entité, dotée d'un budget en cours de bouclage entre l'Agence des participations de l'Etat et le Bureau des recherches géologiques minières (BRGM), devrait disposer d'une enveloppe de 200 à 400 M€ répartis sur 5 à 7 ans. Elle sera chargée d'explorer les sous-sols français et étrangers : "Elle accompagnera aussi l'exploitation du sous-sol de nos territoires d'outre-mer, comme en Guyane, où nous disposons de réserves d'or considérables et où sévit un orpaillage sauvage. Là-bas c'est la loi de la jungle dans le secteur minier. Nous explorerons aussi le sous-sol d'autres pays. Les pays d'Afrique francophone, notamment, aimeraient travailler avec nous plutôt que d'avoir affaire à des multinationales étrangères", fait valoir le ministre. Mais la CMF ne se limitera pas aux anciennes colonies, et aura également pour vocation de travailler en Asie centrale et en Amérique du sud. Le but sera de garantir l'indépendance des approvisionnements français en matières premières. Car les prix mondiaux ne cessent de grimper et rendent plus rentables les mines françaises, fermées par manque de compétitivité depuis les années 1950 jusqu'au début des années 2000.
Le retour du colbertisme
"Nous rechercherons du lithium par exemple, un métal fondamental pour les batteries de véhicules électriques", explique Arnaud Montebourg, qui entend protéger les intérêts nationaux grâce à la CMF. L'Etat n'avait pas créé d'entreprise publique depuis 20 ans, lors de l'établissement du Laboratoire français du fractionnement et des biotechnologies voulu par le gouvernement Bérégovoy (1992-1993). Il s'agit donc d'un retour de l'Etat actionnaire, voulu par le ministre du Redressement productif, qui souhaite tendre vers un certain colbertisme.
Techniquement, la Compagnie nationale des mines de France devra réactualiser les données géologiques du sous-sol, profitant des avancées technologiques réalisées depuis 20 ans dans le domaine de la détection. Mais le rétablissement d'un secteur minier d'envergure européenne ne sera ni facile, ni rapide. En fermant la quasi-totalité de ses exploitations afin de s'approvisionner à l'étranger à moindre coût, le pays s'est privé d'un savoir-faire qu'il faudra retrouver. Le gouvernement devra également réformer le code minier par ordonnances, afin de simplifier les démarches et favoriser les investissements. Le ministre du Redressement productif, déjà partisan de l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels, pourrait se heurter à l'opposition d'autres ministres, dont celui de l'Environnement, mais aussi à des populations locales. Arnaud Montebourg assure toutefois que les opérations seront menées "en respectant les aspirations environnementales de nos concitoyens".
La France dispose de nombreuses ressources naturelles dans son sous-sol. Outre le fer, l'argent a également été exploité. Des gisements de métaux non-ferreux sont présents, notamment de plomb et zinc, d'antimoine, de tungstène, d'étain ou d'or. Les dernières mines d'extraction du précieux métal jaune avaient fermé au début des années 2000. La France a été, un temps, le premier producteur mondial d'arsenic et l'un des plus importants producteurs de germanium. Du côté des matières premières minérales, la France dispose d'importantes réserves de fluorine et de barytine.