A mi-chemin de l'échéance du 1er janvier 2015, qui imposera que tous les bâtiments recevant du public (ERP) soient aux normes pour accueillir les personnes en situation de handicap, une étude indique que l'investissement à la charge de l'Etat et des collectivités locales s'élèverait à 20 Md€ au total. A ce jour, seuls 5 à 15% des travaux ont été réalisés. Explications.
Deux ans après leur première étude, la Fédération des APAJH (association pour adultes et jeunes handicapés), Accèsmétrie, Dexia et la Fédération du Bâtiment (FFB) ont présenté mercredi leur second opus sur l'évaluation des enjeux économiques des travaux de mise en accessibilité des bâtiments publics. Il en ressort un montant estimé à 20 milliards d'euros, dont 3.7 Md€ pour l'Etat et près de 17 Md€ pour les collectivités locales.
Cinq ans après la promulgation de la loi du 11 février 2005, qui impose aux plus des 330.000 ERP gérés par les collectivités locales et l'Etat de répondre aux exigences et aux normes d'accessibilité en 2015, le bilan sur l'avancement du chantier est plus que mitigé. En effet, selon Accèsmétrie, seulement 5 à 15% des travaux ont été réalisés, suite à l'obligation d'un diagnostic à réaliser avant le 1er janvier 2011. « Ce n'est pas à la mesure de ce que l'on espérait », a estimé Jean-Louis Garcia, Président de la Fédération des APAJH. « Quel intérêt d'avoir mis en place un Observatoire de l'accessibilité en février 2009 sans outil de contrainte pour les pouvoirs publics », a-t-il ajouté.
Délais trop courts ?
En effet, l'échéance de 2015 suscite bien des interrogations sur la faisabilité de ce chantier et notamment sur le respect des délais impartis. « Depuis 2005, nous sommes conscients que c'est un marché à capter. Vingt milliards d'euros, c'est une manne intéressante pour nos métiers, mais c'est un marché difficile, car il s'agit d'une somme de petits marchés à 15.000 € [estimation moyenne du coût de la mise en accessibilité par bâtiment dans les communes de moins de 3.000 habitants, ndlr]. A ce jour, on réfléchit plutôt à ce que le marché de l'accessibilité soit pris en offre globale », a indiqué Didier Duchêne, Délégué Accessibilité de la FFB. « L'échéance, c'est 2015, mais il nous faudra 3 ou 4 ans de plus pour concrétiser », a-t-il renchéri. Un avis partagé par les protagonistes de l'étude. Et le Délégué d'évoquer également « l'inertie » qui pèse depuis longtemps et la lenteur d'intégration et de compréhension de la notion de handicap et d'accessibilité par les acteurs du bâtiment, et notamment par les architectes. Une notion qui vient à peine de s'insérer dans le domaine de la formation au sein de la Fédération. « L'accessibilité est un mot qui nous a permis de revoir complètement la façon de construire », a-t-il avoué.
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