Le programme JRBBC se penche ensuite sur les systèmes de ventilation mécanique qui n'équipaient que 11 % des maisons avant travaux. La date de construction de la majorité du parc, avant l'arrêté du 24 mars 1982 et l'obligation de la ventilation générale et permanente, explique cette situation où le renouvellement de l'air n'est assuré que par l'ouverture des fenêtres. Le rapport note l'importance des travaux sur la ventilation : "Les travaux d'isolation modifient la perméabilité à l'air des parois, et la performance du système de ventilation influence par ailleurs les consommations énergétiques des bâtiments. Ces deux phénomènes justifient donc de revoir les installations en place pour éventuellement les remplacer par des modèles plus adaptés".
La mise en place d'un système de ventilation a même été rendu obligatoire dans le cas des 50 chantiers pionniers. Leur cahier de charges imposait a minima l'adoption d'une VMC simple flux hygroréglable type B, associant des bouches et des entrées d'air hygroréglables et permettant un gain thermique plus important que le type A où seules les bouches sont hygroréglables, les entrées d'air étant à débit fixe. D'où la prévalence de ce système dans l'échantillon : après travaux, 61 % des maisons en sont équipées. Les systèmes double flux arrivent en deuxième position avec 35 % des installations. La VMC simple flux de type A, la moins efficace au point de vue thermique, est délaissée, représentant moins de 1 % des chantiers (dans la plupart des cas des dérogations ayant été accordées pour des maisons équipées de poêles à bois). Mais le programme JRBBC ne s'est pas limité à des recommandations d'installation. Il s'est également intéressé à la qualité de leur mise en œuvre au moyen de campagnes de contrôles et de mesures réalisées par Promotelec. Et les résultats sont décevants.
Professionnels formés et habitants informés, le duo gagnant
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Sur un panel de 60 logements, plus de la moitié présente des installations non conformes ! Dans la très grande majorité des cas (27 cas sur 31), les relevés de débit ou de pression effectués sur les bouches étaient insuffisants. Mais pour 4 cas, le défaut était plus grave, le contrôle révélant une absence de bouche d'extraction ou une incohérence entre les types d'entrée et d'extraction d'air (non hygroréglables). "Ces résultats statistiques montrent toute l'importance du contrôle de la mise en œuvre des installations de ventilation au cours du chantier et la nécessité d'effectuer des mesures de vérification des pressions/débits à la réception des travaux", concluent les experts du Cerema et d'EDF. Il apparaît que la VMC double flux, procédé encore récent, n'est pas maîtrisée. Parmi les divers dysfonctionnements, le rapport énumère des bouches mal placées, des remplacements de filtres trop espacés, des débits inversés entre extraction et insufflation (erreur lourde de conséquences en termes de CO2) ou encore l'installation d'une minuterie pour actionner la VMC, contraire au principe d'aération générale et permanente. Concernant les réseaux aérauliques, ils "restent souvent négligés ou mal mis en œuvre", qu'il s'agisse d'étanchéité des raccordements, d'étranglements des gaines ou de mauvais calorifugeages avec le risque d'apparition de moisissures. Les usagers sont également en cause, avec un entretien défaillant (filtre encrassé) voire l'obstruction de bouches d'aération par des meubles ou des radiateurs. L'aération manuelle par l'ouverture des fenêtres par certaines personnes aurait également pour conséquence de déséquilibrer les VMC double flux.
Les acteurs du programme JRBBC préconisent tout d'abord de faire appel à un artisan bien formé, qualifié RGE, pour une mise en place correcte de tous les éléments du système de ventilation. Ensuite, ils recommandent également de respecter tous les avis techniques des systèmes posés et de se rapprocher d'un assureur. "Avant la livraison d'un bâtiment, les réseaux aérauliques doivent être réglés et équilibrés (avec des mesures de débits ou de pressions) même si la réglementation ne l'impose pas", soutiennent-ils, avant de rappeler que l'entretien du système est, elle aussi, nécessaire, "en particulier par le nettoyage régulier du bloc moto-ventilateur, des conduits et des bouches de ventilation, le maintien des sorties d'air" afin d'éviter tout encrassement. Dans le cas des VMC double flux, le remplacement des filtres devra également être prévu. Les habitants doivent donc être informés du système équipant leur logement afin qu'ils puissent prendre leurs dispositions et éviter des comportements problématiques.