FINANCES LOCALES. La Banque Postale et France Urbaine ont publié la 6e édition de l'étude Territoires Urbains - Portrait financier, se penchant sur l'année 2020. Marquée par la crise sanitaire et des élections locales, les budgets montrent une "chute très prononcée" des investissements.
Luc-Alain Vervisch, directeur des études de La Banque Postale Collectivités Locales, cherche encore le bon qualificatif pour décrire l'année 2020. Elle a été au moins « compliquée pour ne pas dire autre chose » pour les finances des territoires, et notamment des grands pôles urbains. C'est ce que confirme la 6e édition de l'étude Territoires Urbains - Portrait financier, réalisée avec France urbaine, et présentée le 15 septembre 2021.
Les dépenses totales des 80 territoires étudiés ont ainsi diminué assez sensiblement : -3,1% en 2020, pour atteindre 77,7 milliards d'euros. "Malgré un contexte difficile, ave des charges inédites de soutien aux entreprises ou d'interventions sanitaires, la croissance des dépenses de fonctionnement reste modérée", à 1,1%, observe Luc Alain Vervisch.
Un repli plus prononcé que d'habitude
En revanche, l'investissement a fortement baissé, confirme l'étude des quelque 5.500 budgets principaux et annexes analysés. Une contraction était attendue puisque 2020 était une année électorale. Mais elle est plus forte qu'habituellement, la crise sanitaire accentuant le phénomène : -15,9% contre un repli d'environ 10% en cycle plus classique. Les dépenses d'investissement ont ainsi représenté 17 milliards d'euros dans les territoires urbains.
Cette "chute très prononcée" est à mettre sur le compte d'un « recul massif » des dépenses d'équipements (85% de l'investissement). Celles-ci se sont ainsi repliées de 16,3% en moyenne dans les communes, de 19,8% dans les groupements. Les disparités restent, comme souvent, assez fortes entre les territoires. Un quart des groupements, principalement dans l'ouest de la France, ont vu leurs dépenses d'équipements progressé de plus de 2%. A l'inverse, un quart les voit diminuer de plus de 27%, comme dans des agglomérations du Nord, de la Somme, ou des Bouches-du-Rhône par exemple.
Des répercussions potentiellement plus tardives
"Parallèlement, l'autofinancement, clé de la soutenabilité financière à moyen/long terme, s'est réduit", poursuit Luc Alain Vervisch. Il est même en très nette baisse pour 14 territoires (diminution supérieure à 20%). Inversement, 20 territoires échappent à cette logique et connaissent une hausse de leur capacité d'autofinancement. Les grands pôles urbains ont eu "au moins en partie" eu recours à la dette pour compenser. Elle s'élève ainsi à 64,3 milliards d'euros pour l'ensemble des territoires étudiés, soit +3,3%.
Malgré les quelques difficultés évoquées, les territoires ne s'en sortent finalement pas si mal. Aussi veulent-ils "participer à la relance et de faire avancer des projets", assure Arnaud Robinet, co-président de la commission finances de France Urbaine et maire de Reims. Il exprime en revanche une crainte : que les conséquences de la crise soient plus tardives, du fait du décalage de la perception de certains impôts et des changements d'habitudes des usagers qui pourraient impacter plus durablement les recettes issues des services. Les répercussions pourraient ainsi arriver en 2022 et 2023, et avoir encore un impact négatif sur l'investissement