Des centres de formation professionnels français et européens se sont réunis au sein d'un consortium pour expérimenter la mobilité longue durée des apprentis. L'objectif est de développer les échanges entre les pays de l'Union et définir un nouveau cadre juridique pour la mobilité des apprentis.
Etudier à l'étranger est déjà une réalité pour les étudiants dans le cadre du programme Erasmus. Cependant, pour les apprentis, la mobilité se limitait jusque-là à quelques semaines. Pour développer les échanges européens sur de plus longue durée, un consortium s'est créée avec à sa tête les Compagnons du devoir et du Tour de France. Trente six centres de formation professionnelle français et européens se sont ainsi associés à ce consortium et accueilleront des apprentis dans le cadre de ce projet, soutenu par la Commission européenne. Des partenariats européens entre des entreprises et ces centres de formations d'apprentissage permettront ainsi aux étudiants de continuer leur alternance dans un autre pays que le leur.
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Pour cette première expérimentation, qui démarrera à la rentrée 2016, près de 150 apprentis issus de 14 pays de l'Union européenne vont donc tester la mobilité longue durée, comprise entre 6 mois et un an. Avant de se lancer, le consortium a travaillé pendant un an pour concrétiser l'ambition du député européen Jean Arthuis, de donner aux apprentis des possibilités équivalentes à celles des étudiants, de vivre au cours de leur formation une expérience de longue durée dans un pays étranger. La Commission européenne soutient d'ailleurs ce projet et participe à son financement à hauteur de 786.000 euros. Un budget qui servira notamment à l'ingénierie pédagogique, à la mise à jour linguistique des programmes ainsi qu'à la compensation des couvertures sociales si cela est nécessaire dans certains pays.
Faire évoluer le cadre juridique
Cette expérimentation servira aussi à trouver des solutions à certains manques ou difficultés. "Ce dont nous avons besoin au niveau européen, c'est un cadre juridique propre à l'apprentissage", constate Jean Arthuis. "Il faudra par exemple définir le statut de ces jeunes", ajoute Antoine Godbert, Président de l'Association pour la mobilité longue des apprentis en Europe. En attendant, les 150 premiers volontaires bénéficieront des statuts législatifs des différents pays, avant que soit défini un statut commun au sein de l'Union.
Enfin, il restera à faire évoluer la reconnaissance des diplômes. Dans un premier temps, ils seront reconnus a minima dans le pays d'origine des apprentis mais "l'idée est d'avoir une reconnaissance dans les deux pays partenaires ou même dans plusieurs pays", expliquent les représentants du consortium.
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De la motivation et un projet défini avant tout
"Si les jeunes partant à l'international ont plus de facilités à s'intégrer par la suite", partir longtemps à l'étranger ne s'improvise pas. Les 150 jeunes apprentis qui participeront à cette expérimentation "devront être investis, et nous seront vigilants sur ce point," souligne Jean-Claude Bellanger, Secrétaire général des Compagnons du devoir et du tour de France. "Ils doivent partir parce qu'ils ont un projet précis", renchérit Thierry Dupin, responsable du CFA MFR Vendée, qui conclut en déclarant que "c'est la motivation qui compte avant tout".