GRAND PARIS. La liaison express entre l'aéroport Charles-de-Gaulle et la gare de l'Est, prévue pour 2024, fait l'unanimité contre elle : la présidente d'Île-de-France Mobilités, la maire de Paris et le président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis demandent à l'Etat la suspension des travaux qui pourraient impacter le RER B et des lignes franciliennes.
Une union sacrée est en train de se créer contre le projet CDG Express, confié au groupement "Hello Paris" (Keolis, RATP). En deux jours, trois acteurs du Grand Paris - Valérie Pécresse présidente d'Île-de-France Mobilités, Anne Hidalgo maire de Paris et Stéphane Troussel président du département de Seine-Saint-Denis - ont demandé à l'Etat une suspension des travaux, "tant que les garanties techniques et financières permettant de poursuivre l'amélioration des conditions de transports des franciliens n'auront pas été données".
Les différents responsables estiment que le calendrier accéléré des travaux prévus pour que cette liaison express entre en service au 1er janvier 2024, à temps pour les Jeux Olympiques, risque d'impacter les autres lignes du nord parisien, comme les RER B, D et E ou les Transiliens H, K et P lors des travaux d'adaptation à gare de l'Est, soit 1,6 million de voyageurs chaque jour. Anne Hidalgo et Stéphane Troussel expliquent : "L'amélioration de la liaison de Paris à ses aéroports est un enjeu pour l'attractivité de la métropole parisienne, mais elle ne peut se faire au détriment des lignes utilisées quotidiennement par les habitants de la région". Valérie Pécresse tient le même discours : "Même si les bénéfices du CDG Express pour l'attractivité de notre région sont réels, les travaux générés par ce projet dans son calendrier actuel pourraient durablement détériorer la vie quotidienne de millions de Français". Les répercussions qui pourraient également se faire sentir après la mise en service : "La ponctualité des lignes K et H pourrait être affectée. Le RER E sera également impacté par la réorientation des trains vers la gare de l'Est. La capacité d'accueil sera alors réduite par le CDG Express".
Amélioration des transports du quotidien contre nouvelles infrastructures
De nombreux travaux sont en effet prévus dans les années qui viennent sur le RER B notamment, pour anticiper l'arrivée de nouveaux trains de plus grande capacité, mais également pour rénover la signalisation, remplacer les caténaires, construire un atelier de maintenance supplémentaire et mettre en accessibilité toutes les gares. Des projets qui représentent un investissement de 3,5 Mrds € sur 10 ans. Valérie Pécresse demande que ces interventions ne soient pas retardées par le CDG Express et que tous les acteurs (Etat, SNCF Réseau, Paris Aéroport) prennent des dispositions afin de garantir une réalisation rapide des travaux indispensables ainsi qu'un maintien de la qualité de service sur les lignes considérées (90 % de régularité minimum sur le RER B).
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Anne Hidalgo et Stéphane Troussel vont plus loin en déclarant : "Rien ne vient démontrer aujourd'hui que le CDG Express contribuerait significativement" à l'attractivité des territoires. "Toutes les alternatives doivent donc être mises aujourd'hui sur la table pour éviter que le CDG Express ne devienne, dès son inauguration, une liaison obsolète et néfaste pour les transports du quotidien". Une phrase qui fait écho à l'une des priorités du président de la République : l'amélioration des transports du quotidien au détriment de nouveaux projets d'infrastructures, reportés à des dates ultérieures. En 2017 déjà, les sénateurs avaient supprimé une aide de 1,7 Mrd € au projet. Arnaud Bazin, sénateur du Val-d'Oise, expliquait alors : "Si la liaison CDG Express est nécessaire pour les JO de 2024, la ligne 17 est, elle aussi, non seulement indispensable à ces JO, mais aussi au développement des territoires de Seine-Saint-Denis, Seine-et-Marne et du Val-d'Oise, vouées à la relégation si elle n'était pas réalisée". La ligne 17 du Grand Paris Express n'est pas prévue avant 2030, au plus tôt.