CONGRES DES MAIRES. En amont du Congrès des maires, la présidente du Conseil de l'Ordre des architectes appelle les élus locaux à faire confiance aux architectes pour "concilier le besoin de calme, de confort et de verdure" exprimé par les citoyens et la nécessité de limiter drastiquement l'étalement urbain. Le Cnoa proposera aux congressistes une série de retours d'expérience pour démontrer les bienfaits d'une coopération maire-architecte, y-compris dans les petites villes.

Une fois de plus, le Conseil national de l'Ordre des architectes (Cnoa) sera présent au Congrès des maires de France, qui se tient, à Paris, du 16 au 18 novembre. Cette fois, plus que jamais, il s'agit de montrer "des exemples de collaborations réussies entre maires et architectes, des partenariats innovants, de nouvelles dynamiques territoriales liées aux modes d'habiter et de construire, ainsi que des méthodologies de projet particulièrement intéressantes".

 

Pour Christine Leconte, élue cette année à la tête du Cnoa, interrogée par Batiactu, les architectes sont à même d'aider les maires à surmonter une contradiction fondamentale dans les politiques d'habitat, qui se vérifie dans la réticence de certains élus d'octroyer des permis de construire : celle qui oppose l'aspiration des Français pour "le calme, le confort et la verdure" avec la nécessité de cesser l'étalement urbain, porteur d'un modèle non soutenable.

 

"Les réponses aux enjeux climatiques ne viendront pas que de l'Etat"

 

"L'architecture est aussi là pour résoudre ces contradictions", estime la présidente de l'Ordre. Les professionnels "sont là pour travailler sur les réhabilitations, la densité urbaine, mais aussi les récits de territoire". Aux maires d'avoir "le reflexe de penser à l'architecte". C'est un appel aussi "parce que les réponses aux enjeux climatiques ne viendront pas que de l'Etat mais surtout des territoires". "Maires, emparez-vous de ces enjeux et faites confiance à l'architecture pour résoudre ces défis", enjoint-elle. Après des décennies d'étalement urbain sur le modèle pavillonnaire, qui procèdent non d'une évidence mais bien "d'un choix collectif", Christine Leconte est consciente de l'inquiétude des élus sur l'accueil de nouveaux habitants.

 

Or, "il existe des typologies urbaines, des manières de réparer la ville, qui s'appuient sur les ressources des territoires, leur patrimoine, l'existant, pour construire l'histoire d'une commune". Et qui permettent de concilier calme, confort, verdure et le nécessaire accès aux services qu'offre la ville. "On nous dit que 85% des Français veulent un pavillon, mais c'est parce que la question est posée en ces termes. Si on leur dit qu'ils peuvent avoir ce qu'ils attendent de la maison individuelle dans la ville, la réponse sera différente. Il ne faut plus opposer les formes urbaines", insiste la présidente du Cnoa.

 

Améliorer la qualité, c'est augmenter l'acceptabilité des projets

 

Elle voudrait "changer le regard pour qu'un bâtiment vieux, moche, soit considéré comme une ressource", et non comme une charge. "D'autant que ce bâtiment est lié à l'histoire de la ville, ce qui peut être valorisé". Les élus doivent "aller au-delà de la simplicité qui ne serait pas la bonne solution" et faire avec l'existant.

 

Comme la ministre Emmanuelle Wargon l'a avancé à l'occasion de son cycle de tables-rondes Habiter la France de demain, "plus on augmente la qualité de ce qui est construit, moins on a d'opposition des habitants". "Travailler à la qualité des espaces est la clé", soutient Christine Leconte.

 

"Plus de liberté" dans les petites villes

 

 

Pour les architectes, les petites et moyennes villes sont une source d'expérimentation et d'innovation, car ces projets se font avec moins d'intermédiaires et architectes et élus et entre architectes et habitants et donc, "plus de liberté". Dans le cas contraire, "l'architecte se retrouve souvent en bout de chaine avec un programme sur une parcelle, qui s'avère, si l'on dézoome, peut-être pas le bon, et la parcelle pas la bonne".

 

De ce point de vue, les programmes d'Etat comme Action cœur de ville ou Petites villes de demain "sont des leviers pour que le projet architectural et urbain devienne moteur de la transformation des territoires[...], même si les solutions viendront des territoires et pas uniquement de l'Etat. C'est ce qu'on essaiera de montrer au salon des maires sur notre stand".

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