La Préfecture de Police de Paris organise, à partir du 7 mars 2016, un exercice de très grande ampleur afin de tester la préparation des différents acteurs face à une crue de grande ampleur de la Seine. Car l'impact d'un événement tel que celui de 1910, serait sans précédent sur l'économie française. Détails.
EU Sequana 2016. Tel est le nom de code d'un exercice sans précédent qui aura lieu, en Île-de-France du 7 au 18 mars prochain. Son scénario ? Simuler une crue majeure et tester la préparation de l'ensemble des acteurs franciliens, tout en renforçant la culture du risque des habitants, "qui demeurent aujourd'hui insuffisamment sensibilisés au risque d'inondation", souligne la Préfecture de Police. L'enjeu sera également d'engager un travail au niveau du bassin sur les mesures d'adaptation à mettre en place afin de s'adapter au changement climatique observé.
Car l'impact d'une crue de très grande ampleur serait dramatique, étant donné la concentration de population, d'infrastructures et d'entreprises menacées. En 2014, l'OCDE évaluait le coût des dégâts directs à 30 milliards d'euros (au minimum) et à cinq millions de personnes touchées. Des enjeux qui obligent la région à développer une stratégie de réponse qui réduira les conséquences humaines, sanitaires, environnementales, patrimoniales et économiques. "Sans ces mesures, les effets d'une crue majeure, compte tenu de l'interdépendance des réseaux de communication, de distribution, d'énergie et de transport, seraient supérieurs à ceux de 1910", anticipe la Préfecture de Police. En clair : des millions de Franciliens souffriraient de coupures de courant, de chauffage et de problèmes de transport ou d'enlèvement des ordures, sans même évoquer les logements directement inondés.
Un scénario très précis
Le scénario adopté est le suivant : du 7 au 13 mars, les acteurs devront faire face à une montée supposée du niveau de la Seine de 5,50 m puis 7,13 m. Le pic de cette crue virtuelle sera atteint le weekend du 12-13 mars, avec plus de 8,13 m de cote, et se manifestera par des exercices de terrain coordonnés par la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris, accompagnés d'actions de communication à destination du grand public. Enfin, du 15 au 18 mars, ce sera la décrue qui sera simulée. "Ces quatre derniers jours permettront de jouer les conditions de l'après-crise par l'introduction d'un saut temporel (journée de pause le lundi 14 mars)". Les opérateurs concernés récréeront ainsi des journées correspondant à des périodes J+5 et J+30. "Le scénario permet de jouer cette phase de la crise, d'habitude écartée et particulièrement pertinente pour certains", précise la Préfecture de Police. En tout, sept sites distincts seront concernés par l'exercice : Paris, Valenton (Val-de-Marne), Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Limay et Beynes (Yvelines), Gennevilliers et son port (Hauts-de-Seine).
La crue centennale (qui a une chance sur 100 de se produire chaque année) est un phénomène par nature imprévisible, dont le dernier exemple a été observé voilà plus d'un siècle, à un moment où les réseaux souterrains étaient encore embryonnaires. Les autorités préviennent : "Il est assuré qu'un jour, la Seine débordera de son lit, comme ce fut le cas en 1910". En 2010 déjà, marquant le centenaire de la catastrophe, la Zone de Défense et de Sécurité de Paris avaient organisé un exercice qui avait permis de finaliser la disposition spécifique inondation. Diverses sessions avaient porté à la fois sur le rétablissement des secteurs d'activité et des fonctions socio-économiques, ainsi que sur le fonctionnement d'un centre de crise dédié. Il faut noter que l'exercice EU Sequana 2016 est soutenu par l'Union européenne au niveau de la préparation et du financement, via le Mécanisme européen de Protection civile. Plusieurs autres niveaux seront mobilisés, dont le "Centre Interministériel de Crise" du ministère de l'Intérieur et les Centres Opérationnels Départementaux. Toute la question sera de savoir : la France sera-t-elle débordée ?
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"L'arrivée d'un front froid stationnaire sur le Nord de la France au début du mois de février 2016 amène une période de températures négatives entraînant un gel progressif des couches supérieures des sols. Cet épisode du froid est immédiatement suivi de la venue d'une perturbation océanique provoquant des précipitations accentuées, notamment sur l'ensemble de l'Île-de-France.
La Seine et ses affluents, la Marne et l'Yonne, reçoivent les fortes quantités d'eaux de ruissellement que les sols gelés ne peuvent absorber. Les débits fluviaux augmentent de façon continue durant la dernière semaine de février 2016 et la première semaine de mars 2016. La Seine et la Marne montent à un rythme de 50 cm par jour, puis de 1 mètre par jour. Les prévisionnistes confirment la tendance à l'aggravation pour la période du 7 au 12 mars 2016. Le phénomène observé est celui d'une crue majeure, dépassant le niveau atteint en 1910…"