A l'heure où les acteurs du Grand Paris ne cessent de répéter que le projet va renforcer l'attractivité économique de l'Ile-de-France, les entreprises de tous secteurs confondus craignent particulièrement une spéculation foncière. Tel est le constat observé par la Chambre de commerce et d'Industrie de Paris. Explications avec un de ses membres, Michel Clair.
« Au total, les investissements induits dans le cadre du projet du Grand Paris devraient créer entre 800.000 et 1,4 million d'emplois d'ici à 2030 », a prédit il y a encore quelques mois Daniel Canepa, préfet de la région Ile-de-France. La dernière enquête orchestrée par l'Institut Médiamétrie pour la Chambre de commerce et d'industrie de Paris (CCIP) et le CROCI, son centre d'observation - et menée en septembre 2011 auprès de 6.000 chefs d'entreprises - révélait que 90 % d'entre eux sont concernés par le projet du Grand Paris. Mais une grande partie d'entre eux (tous secteurs confondus) craignent particulièrement une spéculation foncière notamment sur les logements intermédiaires.
Toujours d'après la même enquête, 38 % des 6.000 chefs d'entreprises franciliens interrogés considèrent que « leurs salariés rencontrent des difficultés pour se loger à proximité de leur entreprise, soit deux fois plus qu'au niveau national. Les principales difficultés seraient le prix et la disponibilité. Les chefs d'entreprises considèrent que ce sont les employés et les ouvriers, les jeunes de moins de 25 ans et les salariés de 25 à 34 ans qui sont les plus affectés par ces problèmes de logement en Ile-de-France. »
Pas assez de logements intermédiaires
Par ailleurs, le parc de logements intermédiaires remplit deux fonctions principales, rappelle l'enquête de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris : proposer des logements abordables aux « classes moyennes » dans des marchés immobiliers tendus et insuffler de la mixité dans les secteurs déjà fortement dotés en logements sociaux. Le loyer maximum pour les ménages à revenu moyens se situerait entre 8€/m² et 13€/m² à l'échelle francilienne. Or, comme le montre la distribution du nombre de logements à la location et des loyers au m² à Paris et dans les communes limitrophes, il s'agit justement de la fourchette de prix où l'offre est la plus faible, marquant le « creux » du logement intermédiaire. L'Institut d'aménagement et d'urbanisme d'Ile-de-France estime également que les logements intermédiaires disponibles en Ile-de-France ne couvrent que 28% des besoins des 454.000 ménages locataires à revenus moyens.
Découvrez en page 2 l'interview de Michel Clair, membre élu à la Chambre de commerce et d'industrie de Paris, et auteur du rapport en novembre 2011 « Des logements pour les salariés en Île-de-France : un impératif de compétitivité pour la métropole. »
-L'Île-de-France représente 28% du
PIB national avec 22,7% des actifs
métropolitains.
France s'élève à 17,9 euros/m²
(Clameur).
inférieur à 40.000 logements
commencés par an sur les dix
dernières (Sitadel).
à l'horizon 2030 : 1,5 million de
nouveaux logements soit 70.000
logements par an à construire et
28.000 emplois nouveaux par an.